Séparés depuis 2004 en deux entités distinctes, les membres du Faust original, groupe essentiel du krautrock allemand dans les années 70 au même titre que Can, Neu !, Amon Düül II ou Cluster, se tirent désormais la bourre par albums interposés. Ainsi de Hans Joachim Irmler, auteur l’an dernier avec son nouveau line-up de l’aventureux Faust Is Last partagé sur 2CD et plus de 90 minutes entre éclairs de génie lorgnant sur le dub, le free jazz ou l’indus et passages plus poussifs (notamment sur le second disque orienté dark ambient), auquel on attend la réponse de Jean-Hervé Peron et Werner "Zappi" Diermaier, entourés (ou plutôt entourant puisque respectivement à gauche et à droite sur la photo) de James Johnston (Gallon Drunk, Nick Cave & the Bad Seeds) et Geraldine Swayne (...Bender) sur Something Dirty, nouvel opus à paraître le 28 janvier. Décrit comme "inspiré, innovant, imprévisible, anarchique et se jouant des frontières - soit en un mot Faustien ! " par le label Bureau B, l’album effectivement promet à en juger par les quatre extraits à l’électricité rêche ou plus feutrée en écoute ici, et pourrait même redonner l’avantage pour un moment à cette seconde mouture du groupe.
L’occasion également avec un art consommé de la digression de vous parler d’iconAclass, nouveau projet de Will Brooks aka... MC Dälek. Mais si Dälek le groupe avait effectivement collaboré en 2004 avec Hans Joachim Irmler et Werner Diermaier pour leur dernier enregistrement commun avant le split sur le flippant Derbe Respect, Alder, cette fois rien à voir puisqu’Oktopus, beatmaker et producteur du duo new-jersien n’est pas de la partie, laissant Brooks seul aux commandes sous le pseudonyme sus-nommé.
Précédant l’album For the Ones prévu courant 2011 sur son label maison Deadverse Recordings, le single I Got It, dans lequel le rappeur caméra au poing se met lui-même en scène devant son écran d’ordinateur, s’éloigne ainsi nettement des productions denses et abrasives de Dälek, préférant à leurs murs de drones de guitares hérités du shoegaze une approche plus éthérée et dans le même temps plus old school :
Quant à Oktopus, on l’avait croisé en mai dernier en metteur en son des instrumentaux atmosphériques sur le surprenant dernier opus des Philadelphiens Starkweather, pionniers du metalcore revenus sur le devant de la scène en 2005 après presque dix ans de hiatus pour s’ouvrir au black metal, au math rock, au drone ou même à l’ambient-techno. Enfin, à noter pour ceux qui l’auraient manqué qu’un Untitled de Dälek, constitué d’une unique piste enregistrée en 2005, avait vu le jour en novembre en édition limitée (mais toujours disponible ici) chez Latitudes après 5 années passées dans les tiroirs du label : soit 44 minutes hypnotiques de spoken word habité sur fond d’errances instrumentales proches du dark ambient, émaillées de déflagrations noisy plus typiques du groupe.