Autolux - Transit Transit
Il aura fallu six ans à Autolux pour enfin offrir une suite à leur premier essai, le très recommandable Future Perfect. Ce fût chose faite l’été dernier, avec la sortie de Transit Transit, précédée par plusieurs collaborations avec le collectif UNKLE...
1. Transit Transit
2. Census
3. Highchair
4. Supertoys
5. Spots
6. The Bouncing Wall
7. Audience No. 2
8. Kissproof
9. Headless Sky
10. The Science of Imaginary Solutions
Qu’est-ce qui fait qu’en 2010, autant de personnes soient passées à côté d’Autolux ? Sorti en plein milieu de l’été, ce deuxième album du trio américain avait sérieusement de quoi concurrencer les mammouths indie qui occupent les mêmes têtes d’affiches depuis quelques années déjà. Pourtant, à l’heure où les tops de fin d’année pleuvent de partout, leur nom n’apparait quasiment pas, ou très peu. Qu’est-ce qui a pu rebuter chez ce groupe ? Est-ce leur appellation digne d’un appareil électroménager ou leur pochette un peu trop sombre et arty ?
Pourtant, leur deuxième disque, Transit Transit, est une pure petite merveille, légère mais remplie de bonnes choses, délicieusement mélodique et savoureusement rythmée. A une époque où des dizaines de nouveaux groupes appuient à fond sur les pédales de distorsion et nous écœurent d’une pop un peu trop noisy et trop sucrée, Autolux nous délivre une production tout en subtilité, à l’atmosphère froide et spatiale menée tambour battant par les rythmiques entêtantes de la batteuse Carla Azar et la basse ronde de Eugene Goreshter, autour desquelles viennent s’assembler notes de guitares ou de piano mêlées à de discrets arrangements, omniprésents mais jamais envahissants.
Les envoûtantes voix du guitariste Greg Edwards et de la géniale Carla s’alternent, se complètent à merveille et contribuent à créer ces ambiances très réussies qui oscillent parfaitement entre ombre et lumière, oppression et grâce sans jamais tomber dans la lourdeur (en témoignent la belle montée en intensité de Supertoys et son refrain libérateur à en coller des frissons). Les mélodies ne sont pas sans rappeler les premiers Blonde Redhead ou Sparklehorse, pour ce côté mélancolique mais pas larmoyant, et cette puissance aérienne, presque onirique.
Malgré tout, les chansons d’Autolux restent ancrées dans une tradition typiquement indie rock, et si elles ne réinventent rien, le groupe parvient à apporter au genre un bon vent de fraîcheur, simple et décontracté, dans lequel se côtoient ballades intersidérales aux accents pop et morceaux rock névrosés à la tension implicite et à la rythmique vrombissante.
On rêve, on se laisse aller doucement à l’écoute de cet ensemble inspiré et superbement cohérent, fait de sonorités envoûtantes et de morceaux classe, efficaces et faussement simples qui font de Transit Transit un album riche et intriguant, vers lequel on n’aura pas fini de revenir si l’on tombe dans le filet de nos trois compères, décidément bien trop oubliés en cette fin d’année et qui finalement auront peut-être obtenu plus de reconnaissance de la part d’autres artistes que d’un public peu curieux (Thom Yorke qui les a invités à faire sa première partie, ou Nigel Godrich qui les a conviés à participer à ses fameux Live From the Basement ...).
Cet album est globalement moins dynamique que Future Perfect, il n’a pas la même hargne ; ici la musique du groupe est beaucoup plus atmosphérique, plus subtile que sur le précédent opus, et par conséquent requiert un peu plus de patience afin de pouvoir se dévoiler entièrement.
Mais ça reste un voyage dont on a peu de chances de revenir déçus, tant qu’on fait l’effort de s’y plonger ; comme c’est si bien dit dans l’excellente Kissproof, "our saturated atmosphere belongs to you"...
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