Emmy The Great - First Love

Vous l’aviez peut-être croisée en concert en première partie de Martha Wainwright ou Jamie T, ou pourquoi pas, au hasard de nos news, en compagnie de Lightspeed Champion le temps d’une compilation de Noël fin 2006 ou au côté de Jeremy Warmsley l’an dernier pour la chanson The Boat Song de son deuxième album How We Became  ? Eh bien voici enfin Emmy Lee-Moss, ex-Noah And The Whale avant l’arrivée de Laura Marling, sous le feu des projecteurs avec un premier album à la hauteur des espoirs placés en elle ces dernières années par le NME notamment. Alors, Emmy The Geat, "the next big thing" ?

1. Absentee
2. 24
3. We Almost Had A Baby
4. The Easter Parade
5. Dylan
6. On The Museum Island
7. War
8. First Love
9. MIA
10. The Easter Parade 2
11. Bad Things Coming, We Are Safe
12. Everything Reminds Me Of You
13. City Song

date de sortie : 09-02-2009 Label : Close Harbour

Pour commencer sous les auspices favorables qui présideront à l’ensemble de cette chronique, on réalise bien vite en découvrant First Love que le charmant The Boat Song en question, dont on entend même ici les réminiscences des choeurs sur le touchant City Song final, devait bien davantage à sa co-signataire qu’à l’auteur de The Art Of Fiction  : alors même que le londonien peinait à retrouver sur la majeure partie de ce deuxième opus la ferveur de ses tourbillonnants débuts, c’est en effet sa compatriote et duettiste qui reprend ici le flambeau d’un songwriting frais et décomplexé dont les points d’appui plus "classiques" chez elle que chez son fringant collègue - déguisé pour l’occasion en arrangeur de luxe pour cuivres et cordes - ne sauraient rendre compte de la profonde modernité, traduite à la perfection par la dynamique de groupe et l’instrumentation virevoltante dont bénéficient les chansons d’Emmy sous l’impulsion de ses musiciens et amis Euan Hinshelwood (Younghusband) à la guitare et aux backing vocals, Tom Rogerson (Three Trapped Tigers, dont l’excellent EP éponyme de décembre dernier, entre free jazz, électro noise et math-rock, est intégralement en écoute sur myspace) aux claviers, Ric Hollingbery (Pengilly’s) au violon, Pete Baker à la batterie ou plus récemment d’Euan Robinson (Stars Of Sunday League), les deux premiers l’épaulant par ailleurs à la production idéalement limpide qui doit sans doute tout autant au précieux coup de main à l’ingénierie des frères Madden, moitié des inimitables Earlies.

Ainsi, de la country music à la scène anti-folk de Greenwich Village, des Ronettes (We Almost Had A Baby) à John Cale (War) en passant par Harry Nilsson (24), Bob Dylan ouvertement cité en madeleine proustienne sur une chanson qui porte même son nom, ou encore Leonard Cohen dont le fameux Hallelujah si souvent repris par d’autres est ici remodelé au gré des souvenirs personnels de la demoiselle sur le superbe single éponyme First Love dont la vidéo magique de simplicité vous fait les yeux doux ci-dessus, on pourrait croire à l’énumération des influences le plus souvent citées par la presse que ce premier opus tend à célébrer un certain héritage passéiste. Il n’en est pourtant rien, et au contraire à l’image de la version country-folk du Where Is My Mind des Pixies qui se baladait fut un temps sur myspace (en ce moment c’est une reprise assez fidèle dans l’esprit du survitaminé Burn Baby Burn de Ash) ou pour en revenir à l’album, du classique de Cohen librement revisité avec une ironie non dénuée d’amertume, c’est tout un pan de la pop des 60’s à nos jours (les Go-Betweens, Suzanne Vega, Belle & Sebastian et surtout Bright Eyes sont également de la partie, tandis qu’Arab Strap ou encore Grandaddy figurent en première ligne des modèles avoués de la demoiselle) qui trouve ici matière à relecture, jusqu’à MIA dont l’influence sur l’album on vous rassure se limite à évoquer avec mélancolie un autre souvenir musical partagé avec ce premier amour mentionné par le titre du disque, déchu ou décédé allez savoir - MIA, l’une des chansons les plus anciennes de l’album déjà présente sur l’EP My Bad il y a deux ans, semble faire référence à un crash de voiture... à moins qu’il ne s’agisse d’une allégorie à l’image des nombreuses allusions mortuaires et religieuses qui parcourent l’album ? (cf. "Gloria in excelsis deo" dans le clip de The Easter Parade ci-dessous) - mais dont on sait pour le moins et depuis le début qu’il sera pour Emmy de traumatique mémoire.

"They say one man is the accident, the other one is the hand that stops the blood... and I am looking for the other one, for a hand to stop the blood", chante-t-elle ainsi sur le crève-coeur 24. Heureusement, les compositions compensent et font le plus souvent preuve d’une pudeur musicale toute en rythmiques enjouées et mélodies enlevées à défaut d’être véritablement joyeuses ou même seulement sucrées, tandis qu’un quotidien souvent heureux resurgit sous la plume de l’anglaise dont la distance traduite par un chant subtilement détaché ne ménage néanmoins aucune ambiguïté : lorsque le bonheur est perdu, ses réminiscences sont parfois plus douloureuses que bien des malheurs... jusqu’au jour où il renait de ses cendres par la même magie seulement à-demi explicable qui l’avait vu apparaitre. On ne saurait pas davantage expliquer plus avant ce qui rend l’album d’Emmy The Great si gracieux et désarmant, mais on se prend déjà à espérer que cette magie-là ne s’arrête jamais...

Emmy The Great - We Almost Had A Baby

Une fois n’est pas coutume, merci au NME qui nous propose de découvrir First Love dans son intégralité. C’est en streaming et c’est par là.

Par ailleurs, Emmy nous raconte son album morceau par morceau chez Drowned In Sound. C’est charmant, souvent drôle et c’est à lire ici pour les anglophones.

Chroniques - 19.02.2009 par RabbitInYourHeadlights
 


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