A Memphis aussi on fait du drone et Nonconnah, anciennement Lost Trail (cf. ici et là) en est l’un des secrets les mieux gardés. Associé ici à Scott Cortez, moitié des Chicagoans Lovesliescrushing - l’une de ces formations dont la longévité et la constante exploration ont permis de faire le trait d’union entre shoegaze et ambient, à l’image d’un Wendy & Carl -, Zachary Corsa délaisse donc épouse (Denny Wilkerson Corsa, qui l’accompagne au sein des projets sus-nommés) et pseudo mais pas son goût pour les fantasmagories lo-fi aux mélodies enfouies sous des couches de distos oniriques et de bourdonnements oppressants.

Un album drone que l’on ne déconseillera pas, pour le coup, aux amateurs de guitares car si les textures d’outre-rêve, brumeuses ou orageuses voire carrément tempétueuses (Bistre), ont la part belle chez Glowing Swords, sous les nappes de bruit blanc on entend toujours des bribes de noisy-pop (Agerasia, Cairn) et même de dream-pop tristounette (Billow, ou la première partie d’un Circlets fleuve de 11 minutes qui vire rapidement à l’ambient spectrale), tandis que Lasvois opte plutôt pour les claviers avec des faux-airs de musique sacrée noyée sous le hiss et les vents mauvais. Pour autant, à partir Loam, The Autumn Elegy se fait nettement plus hanté et les mélodies plus désincarnées, flirtant sur Traces avec l’hantologie d’un Leyland Kirby ou sur Zemepis avec le dark ambient abrasif et lovecraftien des copains Caulbearer.

Xmara, enfin, orgue ésotérique en avant, montre toute l’étendue du talent des deux hommes pour évoquer le no man’s land émotionnel d’un automne de l’humanité, celui sans nul doute de cette Amérique des élites où l’empathie n’a plus sa place, que fustige l’intro de Circlets par sample interposé.