Le streaming du jour #1612 : Porcelain Raft - ’Microclimate’
En 2011, dans le cadre d’un volet de notre rubrique Tape M’En Cinq, mise en suspens depuis trop longtemps, nous présentions cinq formations italiennes en devenir. Si parmi elles, certaines ont cessé leurs activités (A Classic Education et Banjo Or Freakout) quand Welcome Back Sailors n’a rien sorti depuis plus de trois ans, His Clancyness et Porcelain Raft sont finalement les seuls à avoir confirmé les espoirs placés en eux.
S’agissant de ces derniers, la discographie s’est même sacrément enrichie puisque aux trois EPs initiaux ont succédé autant d’albums et une demi-douzaine de courts formats. Microclimate constitue la dernière sortie en date de Porcelain Raft, projet mené par le Romain Mauro Remiddi.
Défricheur et explorateur de découvertes soniques, l’artiste est également mobile sur le plan géographique. Alors qu’il venait de déménager de Londres à New York lorsque nous avions pris de ses nouvelles pour la dernière fois, le voici désormais établi à Los Angeles.
Son registre musical a également évolué puisque, si l’évidence mélodique est toujours intacte, la production est plus subtile et soignée. L’aspect lo-fi est donc délaissé, à l’image de la voix claire de l’incroyable sommet introductif The Earth Before Us qui, en moins d’une minute trente, parvient à explorer davantage d’horizons que certains groupes durant des décennies entières. Accords de guitare doublés, percussions minimalistes, piano sobre et cordes évanescentes convoquent tantôt le Velvet Underground ou Grizzly Bear. Un véritable moment de grâce.
Mauro Remiddi réinvente ici une coldream-pop dont le spectre d’expression s’étend de la relative simplicité (facilité ?) des synthétiseurs cheap d’un Distant Shore convoquant une ambiance de club glauque aux
élégantes cordes synthétiques de Bring Me To The River. Cette pop froide tire également sur un post-rock aux digressions aériennes mais contondantes (Rolling Over) quand elle ne surprend pas par sa capacité à évoluer discrètement de l’onirisme serein au cauchemar sur un Rising hanté par ses voix élégiaques.
L’Italien dévoile également des tourments proches de ceux de Thom Yorke sur un Kookaburra mélancolico-désespéré et éthéré en apparence mais investi d’une rythmique tirant sur le math-rock en arrière-plan. Le spectre de Radiohead apparaît également avec le piano binaire de The Poets Were Right ou sur les quelques arpèges d’un The Greatest View dont les nappes synthético-lyriques et la ligne vocale évoquent plutôt Mercury Rev.
Le seul défaut de Microclimate réside finalement dans sa tendance à s’éparpiller. Difficile toutefois d’éviter cet écueil lorsque l’on convoque avec autant de brio de si nombreux éléments majeurs de la pop indé de la deuxième moitié du siècle dernier. Et Mauro Remiddi pourra toujours se rassurer en se disant que, contrairement à l’essentiel de ses compatriotes sur lesquels nous avions misé, il est toujours debout. Et se tient très droit.
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