The Psychotic Monks - Silence Slowly And Madly Shines
Déjà auteurs de Faces To et du remarqué IV, les Psychotic Monks s’attaquent enfin à leur premier long format avec Silence Slowly And Madly Shines. Excellente nouvelle, ce dernier est au moins à la hauteur des attentes, alors même que celles-ci étaient considérablement élevées.
1. Part 1 : As a Burning and a Fever
2. It’s Gone
3. Wanna Be Damned (Punk Song)
4. Part 2 : Squeak of Gravels
5. Sink
6. When I Feel
7. Part 3 : Tranforming
8. The Bad and The City Solution
9. Part 4 : Those Twisted Things
10. Walk by the Wild Lands
Arthur Dussaux, l’un des trois membres originels du quatuor, indiquait l’an passé que « On a des pulsions de mort, et des pulsions de vie. C’est très paradoxal parfois, mais c’est ce paradoxe qui nous intéresse ». Que dire de plus, tant il résume ainsi parfaitement la ligne directrice que semble se donner le groupe et qu’il parvient à transmettre avec brio ? Pas grand-chose assurément, mais il convient de rendre hommage à ce disque en apportant quelques détails supplémentaires.
Les dix titres de l’album sont séquencés en quatre parties, lesquelles débutent à chaque fois par un morceau transitionnel plus introductif. Tel est donc le cas d’As A Burning And A Fever qui ouvre le disque sur fond de larsens, mais également de Squeak of Gravels, Transforming et surtout Those Twisted Things, exercice de style à la guitare, pas si loin du Hunting Bears de Radiohead, en solitaire.
Mais ce sont surtout les autres titres qui font tout le sel de ce Silence Slowly And Madly Shines qui évoque les plus grands sans jamais les singer. Pour poursuivre avec Radiohead, c’est le versant pop du groupe – celui de The Bends – qui transparaît ponctuellement, notamment sur un When I Feel plus aseptisé que l’ensemble où les basses lourdes viennent toutefois maintenir une radicalité sous-jacente à un contenu global plus pop.
Pop ? On pourrait se demander ce que ce terme vient faire à propos d’un tel album. En effet, les quatre musiciens prennent un malin plaisir à épuiser les guitares, mais pas les oreilles de l’auditeur, avec des expériences jamais inaccessibles. On appréciera donc aussi bien le rock spleenesque et chaotique d’un Wanna Be Damned évoquant le Brian Jonestown Massacre ou Sonic Youh, que les constructions labyrinthiques d’un Sink alternant phases enlevées et d’autres plus mélodiques voire langoureuses dans le chant. Tellement fascinant, ce titre semble être la retranscription d’un esprit aux personnalités multiples et se voit même affublé d’un pont aux sonorités tribales qui s’intègre et s’évapore avec un naturel assez étourdissant.
Le chant évoqué précédemment est assuré par chacun des membres du quatuor, ce qui leur permet d’évoluer dans des sphères diverses allant du Black Rebel Motorcycle Club, influence revendiquée par le groupe, au Placebo de Without You I’m Nothing (The Bad And The City Solution). N’oublions pas de mentionner le passionnant It’s Gone qui refuse de choisir entre les deux facettes de Slint, que ce soit celle où la tension est suggérée ou l’autre plus bruitiste, toutes guitares dehors. Enfin, pour compléter et achever ce patchwork d’horizons cohérents, Walk By The Wild Lands accentue d’abord la tendance post-rock prégnante sur ce Silence Slowly And Madly Shines où l’on croit dans un premier temps entendre A Silver Mount Zion avant de s’offrir un break et une emballée électro-pop rappelant le Archive de Take My Head.
Les Parisiens brassent large sur ce disque. Leur son abrasif et expérimental s’octroie néanmoins quelques concessions bienvenues et ces incartades vers un univers plus pop n’atténuent jamais le caractère fascinant des digressions proposées. C’est certain, The Psychotic Monks sera durant ces prochaines années l’une des formations à suivre au sein du paysage musical hexagonal.
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