Pour son premier EP, le collectif Port Sulphur parvient, en moins de douze minutes et seulement trois titres - exclusivement des reprises, de surcroît - à stimuler nos écoutilles bien plus que certains artistes du genre ne le feront en une discographie.

Sur le fond, cet EP1 n’est pourtant pas révolutionnaire. Quand démarre le Poptones initial, on pense la bagatelle sortie du label Warp, hésitant ainsi entre Autechre pour les sons syncopés, et Aphex Twin pour la déformation de la voix en arrière-plan façon Come To Daddy et les nappes menaçantes. Entre ces deux pistes, les Britanniques refusent de choisir et empruntent une voie alternative en greffant à leurs circonvolutions électroniques une voix dont les tourments paraissent évidents. Si Poptones, reprise méconnaissable d’un titre de PIL, constitue assurément la grande réussite de cet EP - avait-on seulement entendu un morceau à la fois aussi accessible et névrosé en 2014 ? -, ses deux petits frères parviennent néanmoins à se faire une place au soleil.

Discord, intermède de moins de deux minutes, débute telle une blague avec un thème décalé. L’ironie ne dure qu’un temps puisque ce sont rapidement les névroses, interprétées par des riffs entrecroisés, qui prennent le dessus avant de s’apaiser. Ne restent alors que les percussions presque tribales qui transcendent la version originale de Fire Engines.

Enfin, c’est à Alex Harvey que les membres du collectif électronique britannique empruntent un Faith Healer clairement dynamisé pour l’occasion sans pour autant ôter les menaces sous-jacentes, les changements de rythmes et subtiles variations diverses permettant à ce titre d’être habité.

Après l’exercice de style consistant à sublimer des titres pour certains oubliés en les modulant à la sauce électronique, le collectif Port Sulphur semble fin prêt pour passer à l’étape des compositions personnelles. On n’attend que ça...