Le streaming du jour #1151 : DJ Shadow - ’The Liquid Amber EP’
Grandeur et décadence d’un génie de l’abstract hip-hop et des musiques électroniques qui aura tout donné trop vite mais continue de se démener pour exister : la carrière entière de DJ Shadow serait-elle résumée par son nouvel EP, manifeste du label Liquid Amber lancé ces jours-ci par le Californien ?
Virtuosité et ambition : comme à la belle époque d’Endtroducing, le mythique beatmaker de la Baie de San Francisco parvient encore lors de rares éclats de talent à faire du neuf avec du vieux et transcender les sonorités les plus éculées, c’est le cas ici de Ghost Town pour lequel Joshua Davis admet s’être inspiré de la nébuleuse future bass mais qui, paradoxalement, finit plutôt par évoquer ce que le genre doit à l’abtract hip-hop des 90s. Roulements équilibristes aux arythmies tourneboulantes, nappes cinématographiques résolument crépusculaires et piano spleenétique aux accords downtempo, la signature caractéristique des grandes heures de l’Américain se pare de distos futuristes et de beats presque trap sur ce qui constitue assurément son meilleur titre depuis 12 ans.
Autocaricature et sirènes du mainstream : déjà en 2002, avec un Private Press aux allures de kaléidoscope post-moderne, Shadow commençait à s’autoparodier sans avoir l’air d’y toucher. Quatre ans plus tard, il cédait à l’appel du bling-bling west-coast sur le décevant The Outsider, troisième opus parfois superbe mais bien souvent anecdotique et par moments carrément racoleur à force de lorgner sur le gros son hyphy des clubs californiens. Sur The Liquid Amber, il remet ça avec Mob et ses motifs de synthés lourdement soulignés, dont le minimalisme émaillé de samples de voix pitchées serait parfait en bande-son d’une sitcom caricaturale sur le ghetto. Un coup dans l’eau.
Retour vers le futur : quand on a tout donné avec deux singles séminaux (In/Flux et Lost and Found), un EP flamboyant (High Noon) et finalement deux chefs-d’œuvre toujours en avance sur leur temps (le second au côté d’UNKLE) avant de dérouler dans la facilité, on a forcément une oreille braquée sur le passé. C’était le cas de l’inégal The Less You Know, The Better en 2011, sincère et généreux à défaut d’être enthousiasmant, et ici cette même nostalgie est symbolisée par la place laissée au remix de Six Days, l’un des derniers singles passés à la postérité du producteur ricain auquel l’excellent Machinedrum, vétéran IDM du label Merck Records lui-même vestige d’une ère de créativité électronique quasiment révolue, offre un lifting très deep et syncopé dont le break planant restera le plus beau moment de cet EP :
- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Squarepusher - Dostrotime
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- 2 Tones - No answer from Retrograd
- Spice Programmers - U.S.S.R.
- Lynn Avery & Cole Pulice - Phantasy & Reality
- CID - Central Organ for the Interests of All Dissidents - Opium EP
- Darko the Super & steel tipped dove - Darko Cheats Death
- Leaf Dog - When Sleeping Giants Wake
- Stefano Guzzetti - Marching people EP
- Leaf Dog - Anything is Possible
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
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