En découvrant l’an dernier leur premier EP éponyme au hasard de nos déambulations sur Bandcamp, on avait comparé un peu vite les New-Yorkais de Point Reyes à leurs cousins texans de Shearwater, sur la foi du falsetto à fleur de peau de leur leader Asa Horvitz et du vibraphone omniprésent de Kyle Farrell, servant une pop finement orchestrée et néanmoins fiévreuse à souhait.

Néanmoins, c’était sans compter sur l’appétit pour les compositions libertaires et volontiers alambiquées du duo qui témoigne sur ce premier LP, avec l’appui du violoncelliste Bryan West et du percussionniste Jack Randall, d’une témérité encore plus affirmée pour les télescopages contrastés : musique de chambre, jazz ou harmonies a capella d’un côté, et pop lo-fi aux saillies stridentes mâtinée de noise ou de gospel de l’autre.

Un paradoxe que cristallisent tout particulièrement les vocalises de Nini Julia Bang, dernière arrivante et pourtant tout sauf la cinquième roue du carrosse tant sa façon de jongler entre soul primale, braillements perçants, onomatopées en roue libre, envolées mystiques et chant lyrique en contrepoint de celui plus atone d’Horvitz offre à ce Golden une dimension supplémentaire dans le surréalisme et la folie douce, la dame signant même à elle seule la musique de deux de ces neuf titres aussi jouissifs que déstabilisants - voire parfois un brin agaçants, mais heureusement jamais longtemps.

Oubliez Shearwater et son inclination grandissante pour la musique de stade, c’est bien dans la ligue nettement plus intimiste et fureteuse d’Angil & The Hiddentracks que joue Point Reyes et c’est tant mieux.