Sorti chez Dynamophone, que l’on connaissait surtout pour l’électronica poétique de Geskia !, le drone stellaire de Konntinent ou l’ambient vaporeuse de The Beautiful Schizophonic, ce nouvel album du Polonais Grzegorz Bojanek avait déjà dévoilé l’une de ses pièces maîtresses sur la récente compilation Epitome du label expérimental de San Francisco, ce Broken Heroes Never Drink Cola dont l’ambient-jazz glitché flirtait avec l’élégance impressionniste de Dictaphone ou de Supersilent, rien de moins.

Pour autant, ce titre au spleen feutré n’est que l’une des nombreuses facettes de ce Remaining Sounds qui donne au fondateur du très intéressant EtaLabel et curateur du Festival Électronique de Varsovie, plus connu à ses débuts sous le pseudonyme d’Eta Carinae, l’occasion de déployer toute l’étendue de son talent de soundscaper électro-acoustique, entre dark ambient organique, musique concrète, jazz abstrait et rêveries éthérées.

Des tonalités spectrales du diptyque Remaining Sounds aux cliquetis sans âge d’un Looking Into The Future aux arpèges arides et mélancolique en passant par le basson (?) maltraité sur fond de souffle court du bien-nommé Can’t Take My Breath, les nappes synthétique d’un Hidden Places Remain Hidden perpétuant les majestueuses méditations rétro-futuristes de Vangelis ou Tangerine Dream, la claustrophobie crépitante de Period Of Consequences ou encore les cordes hiératiques de l’atonal Rewind puis du cristallin Remaining Motionless, l’album nous fascine autant qu’il nous perd, faisant de sa versatilité sa plus grande force à mesure que ses artefacts commencent à se répondre, installant une cohérence traître qui nous immerge sans que l’on n’ait rien vu venir. Impressionnant.