Remodeler une Gymnopédie de Satie à la sauce hip-hop sans tomber dans la récupération de mauvais goût, ça n’est pas donné à tous les producteurs et encore moins à ceux qui attirent les regards. Mais Lushlife, véritable magicien future soul (voire post-jazz ?) adepte des cascades d’arpèges à la harpe, des synthés stellaires, des basses rondes et autres arrangements de cordes bucoliques, est assurément de ceux-là.

Deux ans après l’élégant et moelleux Cassette City, le Philadelphien revenait ainsi l’an dernier avec la mixtape No More Golden Days toujours en écoute via Bandcamp, empruntant au hip-hop le plus aérien des 90’s, de DJ Premier à Edan en passant par les Souls Of Mischief, comme à la pop psyché des 60’s ou même à la glitchwave (cf. le magique Progress, reprise d’un remix signé Sun Glitters habité par le timbre ensorcelant de RYAT - qui vient justement de signer chez Brainfeeder pour un nouvel opus prévu début juin) et convoquant une poignée d’amis d’horizons divers, l’ex Titus Andronicus Andrew Cedermark, Heems de Das Racist et Styles P succédant à Greg Saunier de Deerhoof, Ariel Pink ou Elzhi au rang d’invités précieux mais discrets.

Car Lushlife, lui-même MC émérite, en survolait au micro la plupart des morceaux aujourd’hui adaptés pour ce Plateau Vision de son flow à la fois coulant et fervent, reprenant en quelque sorte les choses là où Kanye West les avait lassées avant de troquer la féérie pop de ses deux premiers albums contre une ambition synthétique aussi creuse que clinquante. Pour une fois que la hype débarque avant que le soufflé ne retombe, on ne va surtout pas se priver de rejoindre la fête :