Nils Frahm + Ansatz der Maschine - Stuk (Leuven)
le 18/02/2012
Nils Frahm + Ansatz der Maschine - Stuk (Leuven)
Il est des concerts pour lesquels on sait exactement à quoi s’attendre, et ce, dans le bon sens du terme. Lorsqu’un artiste vous a étonné positivement la première fois que vous l’avez vu en concert et puis a confirmé lors de la 2e fois, vous vous dites qu’il sera difficile d’être déçu pour la 3e. C’était le cas ce soir-là pour Ansatz Der Maschine et Nils Frahm.
Petite parenthèse sur un contre-exemple : Ghinzu. Ils m’avaient cloué le bec la toute première fois, amusé la 2e pour que finalement je m’ennuie aux 3e et 4e essais… La grosse différence avec les deux artistes dont je vais parler est que Ghinzu avait un show millimétré au poil quand les deux autres sont beaucoup plus spontanés.
Revenons à nos moutons c’est-à-dire à cette petite escapade à Leuven pour retrouver un des meilleurs groupes belges du moment Ansatz Der Maschine ainsi que le pianiste allemand Nils Frahm qu’il ne faut plus présenter, au sein d’un Stuk en configuration assise, avec des coussins au sol devant des petits gradins.
En attendant les Belges, le public tout angélique et respectueux s’installe dans le calme. Ansatz ne se fait pas attendre et alors qu’une musique d’introduction s’élève, on va voir les 8 membres du groupe arriver un par un sur scène et prendre possession de leur instrument. La formule est classique mais rafraichie depuis leur tournée sur leur 3e album Painting Bad Weather on Her Body : les musiciens occupent toute la scène, avec en arrière-plan le cerveau du groupe Mathijs Bertel (composition, violon, mandoline, électronique) qui se trouve juste devant un écran diffusant des images particulièrement bien adaptées à chaque chanson. On est pas très loin de ce que GY !BE propose en concert, avec le côté sombre/industriel en moins. Nouveauté notoire : le groupe est à présent affublé d’une chanteuse à voix lisse comme Lisa Gerrard (quelques passages faisant d’ailleurs vaguement penser à Dead Can Dance), d’un guitariste ainsi que d’une lapsteel qui donne des sonorités à la Isbells. De manière générale, ce nouveau line-up marque le groupe d’une empreinte plus « pop » (et c’est sans doute le cas de leur dernier album Heat ). Belle entrée en matière, même si une légère déception - toute relative - a point en moi.
Après avoir vidé la scène des tonnes de matos et placé deux pianos au centre, c’est au tour de Nils Frahm de faire son entrée, tout timide comme à son habitude. Il s’excuse de commencer toujours par la même chanson (Said And Done) mais explique que ça lui permet de faire retomber le stress qui l’envahit au moment de monter sur scène. Quelques notes et nous voilà happés dans son univers. De douces mélodies envahissent nos oreilles, quelques belles prouesses techniques nous font ouvrir grand les yeux, Nils Frahm est fidèle à lui-même. Nuance toutefois : les deux pianos vont nous ouvrir respectivement à l’univers de The Bells et à celui de Felt. En effet, pour ce dernier, tout a été enregistré de manière étouffée. Enregistrant la nuit et ne voulant pas déranger ses voisins (à qui il dédie ce dernier album), Nils a affublé son piano de bouts de tissu sur chaque frappe. On retrouvera donc cette ambiance magique qui vous scotche dans votre voiture à 3h du mat, quand seuls les papiers virevoltant sur la rue et les trottoirs, dans une danse orchestrée par le vent sous la lumière faiblarde des lampadaires, semblent animer la nuit. Ainsi, lorsqu’il s’attaque aux titres de son dernier LP, Nils Frahm passe sur son 2e piano afin de marquer une rupture dans les ambiances. Du coup, on se surprend à entendre crisser la moindre bottine en cuir dans la salle, à entendre la respiration de son voisin : toute la salle est littéralement suspendue aux notes qu’il déroule sur son piano. Coup de chapeau pour avoir pu retranscrire en live l’ambiance dont est empreint Felt.
Troisième facette de l’artiste : l’électronique. De manière plus anecdotique mais à signaler tout de même, Nils Frahm fera un long pont électronique à l’aide de quelques instruments posés sur l’un des pianos. En effet l’artiste a déjà pu démontrer tout son talent dans ce domaine, notamment lors de 7Fingers en collaboration avec la violoncelliste Anne Müller.
Pour notre plus grand plaisir, on aura donc eu de (très) longues plages musicales, interrompues par quelques mots toujours bien placés de la part de Nils. Et parmi ceux-ci, l’anecdote plutôt intéressante de sa première rencontre avec Peter Broderick l’une des fois où il s’est produit au même Stuk. On sait ce que cette rencontre donnera par la suite…
Décidément je ne me lasse pas de cet artiste et j’attends déjà impatiemment de le retrouver avec A Winged Victory For The Sullen le 31 mai à l’AB !
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