Toronto, ville de colère, de peur et de violence où s’entrechoquent criminels en puissance, travailleurs sans avenir et autres âmes perdues ? C’est en tout cas le postulat de Fortunato Bonanno et Ill Da Shystee qui multiplient les albums et mixtapes en libre téléchargement depuis 2008 sur leur page Bandcamp mais viennent de passer à la puissance supérieure en déclarant la guerre ( Warfare dans la langue de Shakespeare) à la médiocrité du hip-hop mainstream, dans un mélange d’ironie testostéronée et de noirceur extrême à la façon des dernières productions d’un DJ Muggs.

Vous l’aurez compris, il ne sera pas question ici d’Angerville en Essonne mais bien de l’hyper-moderne métropole canadienne, fief également du label Hand’Solo Records qui nous régalait encore tout récemment du groove épique de Toolshed et surtout l’an dernier des odyssées abstraites et menaçantes d’Hidden Fortress.

Moins avenants que les premiers mais tout de même nettement moins glaçants que les seconds, nos deux Canadiens white trash jouent des muscles sur le clip du tubesque Ain’t No Thang mais on sent bien que derrière les tatouages se cache un cœur gros comme ça. Une sensibilité qui s’exprimait certes plus ouvertement sur le récent Winter Mingler au fil des productions plus mélancoliques de Legitimate, Beaatz, Sinthetic ou Make Music Project mais que l’on retrouve intacte ici entre les lignes du storytelling désespéré de Change The World, End Of Days ou du bien-nommé Pain, un regain d’espoir venant même nous prendre à contrepied sur le désarmant Turn Down au moment où l’on s’y attendait le moins :