Le troisième album de The Drift s’ouvre de façon brusque et un peu déconcertante. Loin d’être inintéressants au demeurant, ces deux morceaux courts et rythmés, entrecoupés du joli Bardo I en guise d’interlude, semblent surgir au beau milieu de nulle part et s’arrêter avant même d’avoir trouvé leur destination finale. Il faut peut-être voir dans ce départ tâtonnant les hauts et les bas qu’ont pu connaître les Californiens au moment d’enregistrer ce nouvel opus, dans les conditions que l’on sait, et si l’on peine donc un peu à trouver du liant en ce début de disque, la machine ne tardera heureusement pas à se mettre en marche.

Le premier gros morceau de Blue Hour, The Skull Hand Smiles / May You Fare Well, nous montre le groupe sous le jour qui lui sied le mieux, les musiciens prenant le temps d’installer patiemment le décor, d’imposer avec tact et minutie le tempo lent de leur post-rock tout en légèreté. Le disque devient à partir de là beaucoup plus convaincant et tout s’enchaine maintenant de façon fluide à mesure que s’éloigne le passage sombre introductif, laissant place à la lumière comme sur ce Luminous Friend, hommage à Jeff Jacobs. C’est d’une lumière irréelle et brumeuse qu’il s’agit, à l’image de celle d’où émerge le voilier qui orne la pochette. Comme lui, on se laisse volontiers porter par la douce dérive d’un très bel album qui vient confirmer tout le bien que l’on pense de ce groupe qui a su garder le cap malgré les vents contraires.