M.I.A. - Maya
Sur ce troisième opus déjà bien ancré dans les charts du monde entier, M.I.A. se cherche une nouvelle inspiration et multiplie les fautes de goût mais finit par faire mouche en relâchant la pression.
1. The Message
2. Steppin Up
3. XXXO
4. Teqkilla
5. Lovalot
6. Story To Be Told
7. It Takes A Muscle
8. It Iz What It Iz
9. Born Free
10. Meds And Feds
11. Tell Me Why
12. Space
13. Internet Connection (Bonus)
14. Illygirl (Bonus)
15. Believer (Bonus)
16. Caps Lock (Bonus)
Si Kala avait déçu en 2007 en cédant à la tentation d’un dancehall altermondialiste malgré une poignée de perles, de l’orageux 20 Dollar (avec son clin d’oeil aux Pixies) au fameux hymne satirique Paper Planes produit par Diplo (déjà à l’oeuvre sur les remixes et autres mashups baile funk/hip-hop de la mixtape Piracy Funds Terrorism en 2004), le très personnel Maya, nommé d’après le surnom d’enfant de son auteur - les deux albums précédents portant les prénoms de ses parents - n’en peine pas moins à remonter la pente d’une discographie partie sur les chapeaux de roue pour M.I.A., devenue l’égérie des sous-commandants Marcos en converse et autres bobos révoltés le dimanche après-midi par l’impérialisme occidental, la pauvreté et les guerres, ce qui entre nous n’est certes pas joli-joli mais attention hein, ne prenons pas le risque d’être politiquement incorrects.
Ainsi, l’album commencera par hésiter poussivement entre bling-bling industriel (Steppin Up, Teqkilla) et refrains new-wave calibrés FM (XXXO), pour mieux s’empêtrer ensuite et non sans une certaine complaisance dans un bourbier de radicalité disgracieuse aux effets éculés (le single Born Free dont la vidéo signée Romain Gavras, allégorie pesante des persécutions raciales, avait fait l’objet fin avril d’une petite controverse bien inoffensive), bien loin de l’alchimie d’ Arular et de son parfait compromis entre virulence synthétique et arabesques vocales (cf. les harmonies d’Hombre, sommet jamais dépassé).
Heureusement, quelques respirations viennent témoigner ici et là de ce qu’aurait pu et pourrait encore devenir la musique de M.I.A. si elle arrêtait de se prendre pour la fille illégitime de Tricky et Missy Elliott (ce qui nous vaudra tout de même un Lovalot plutôt réussi), quand il ne s’agit pas de Saul Williams et Peaches (cf. Story To Be Told). Pour preuve, les sonorités dub aquatiques de la désarmante comptine reggae-pop It Takes A Muscle ("... to fall in love"), reprise des méconnus Spectral Display, le fascinant It Iz What It Iz, seule véritable réussite de l’omniprésent Blaqstarr (avec l’éthéré Caps Lock en bonus track) dont le mélange de trip-hop saturé et de r’n’b martien pose un pied déjà bien assuré dans le pré carré de Martina Topley, ou encore le bien-nommé Space co-signé par le producteur dubstep Rusko, autant de gemmes qui nous feraient rêver d’un album sans mitraillettes ni fièvre aphteuse pour miss Arulpragasam - allez, ajoutons même dans un excès d’indulgence le gospel martial de Tell Me Why avec Diplo toujours, salopé à l’auto-tune mais rattrapé par ses choeurs aériens.
Toutefois il eut été dommage d’être privés du morceau de bravoure de l’album, l’hyper efficace Meds And Feds qui voit l’anglo-srilankaise collaborer avec son poulain Derek Miller de Sleigh Bells, duo auteur cette année sur son label N.E.E.T. d’un premier album énergique mêlant allègrement noise pop, hard rock, électro saturée et beats syncopés pour habiller des mélodies légères à la Go ! Team (cf. le parfait Rill Rill samplant Funkadelic, en lice pour le tube de l’été du côté d’IRM), soit une recette hautement instable dont on retrouve ici la facette la plus hardcore avec notamment un riff puissant piqué au morceau Treats. Un passage de flambeau en attendant le retour d’une M.I.A. plus apaisée ?
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