Entretiens à Twin Peaks : #36 - James Murray
Retrouvez chaque semaine dans nos pages les interviews de quelques-uns des contributeurs à la future compil’ Twin Peaks d’IRM. Particulièrement bien connecté dans notre line-up avec d’un côté sa compagne Anne Garner qui prend part au projet en tant que Fallows (cf. notre 28e interview) et de l’autre Home Normal, label qui sortira le 28 février son nouvel opus, le fragile et mélancolique Killing Ghosts - et particulièrement bien représenté sur notre compilation avec pas moins d’une dizaine de pensionnaires communs -, James Murray est un habitué de nos colonnes.
De The Land Bridge à The Sea in the Sky en passant par Mount View, rares sont ses sorties à avoir échappé à nos avis et l’Anglais avait même partagé avec nous ses coups de cœur de l’année 2013. Pour autant, cette collaboration twinpeaksienne a bien failli ne jamais aboutir comme il nous l’explique plus bas, et au regard du magnifique morceau qui en résulte et que vous découvrirez bientôt dans un volet de la compil’ particulièrement onirique et éthéré, on ne peut que se féliciter de ce retournement de situation.
L’interview
IRM : Comment résumerais-tu ton rapport à Twin Peaks ? A l’univers de Lynch en général ?
James Murray : J’étais trop jeune pour regarder la série à sa sortie donc je suis passé à côté du battage initial et j’y suis venu beaucoup plus tard. Je me souviens être tombé sur Fire Walk With Me à la télé tard dans la nuit au début des années 90 et avoir été autant fasciné que troublé. Ce décalage a toujours pesé dans l’œuvre de Lynch, c’est à la fois dérangeant et séduisant, une combinaison irrésistible.
Ton personnage préféré dans la série ?
Je ne saurais pas dire, il me faudrait regarder la série à nouveau pour te répondre. En fait, la revoir ne serait pas une mauvaise idée, avec la nouvelle saison qui approche.
Une scène qui t’a particulièrement touché... ou fait flipper ?
Ce que Sherilyn Fenn fait avec cette queue de cerise est plutôt difficile à oublier.
Tu as enregistré un morceau pour notre future compilation Twin Peaks, quel aspect de la série t’a inspiré ? Toute anecdote est bienvenue !
Je n’étais pas sûr de vouloir contribuer du tout et j’ai reporté la session d’enregistrement pendant longtemps. Je n’ai jamais composé quoi que ce soit sur un thème imposé ou en tant qu’hommage auparavant, et d’emblée j’étais assez mal à l’aise avec l’idée de travailler dans l’ombre de la vision d’un autre artiste (ce qui dans le cas présent vaut aussi bien pour Lynch que Badalamenti). En fin de compte, j’ai dû me forcer à m’asseoir dans le studio, mais une fois que j’ai commencé à me détendre en me remémorant l’atmosphère de Twin Peaks, le sentiment et la structure de The White Waltz sont venus assez facilement. Et finalement, ce fut une expérience d’écriture vraiment intéressante et je suis très content du résultat. Donc je devrais vous remercier d’avoir involontairement repoussé mes limites.
Tu as eu vent de quelques-uns des musiciens impliqués dans ce projet. Duquel es-tu le plus curieux d’entendre la contribution ?
Il y a tellement de musiciens impliqués, je ne voudrais pas en mettre en avant un en particulier. La seule autre contribution que j’ai déjà écoutée est celle de Fallows, comme j’ai enregistré la flûte et le chant d’Anne - et c’est un morceau puissant.
Un album vers lequel tu reviens quand il te faut ta dose de Garmonbozia ?
Be Life d’Anne Garner.
En 2016, tu es retourné dans le giron d’Ultimae, 8 ans après ton premier album Where Edges Meet aux influences trip-hop, avec un Eyes to the Height plus ancré cette fois dans les sonorités dub ambient chères au label lyonnais. Quelques mots à ce propos ? Et peux-tu nous en dire plus sur ton nouvel opus Killing Ghosts qui sort chez Home Normal dans quelques jours ?
Eyes to the Height était un retour à l’électronica ambient après cinq albums dans une veine plus minimale sur mon propre label Slowcraft et ailleurs. Killing Ghosts est fermement ancré dans cet esprit minimaliste et correspond bien à la ligne du merveilleux label Home Normal. Là où l’album pour Ultimae était chaleureux, dub et automnal, Killing Ghosts est froid, friable et hivernal. Il y a de la techno et du dub profondément enfouis dans les deux disques et l’un comme l’autre sont concernés par les notions de fugacité, de chagrin et d’impermanence, mais elles sont abordées sous des angles très différents et leurs tonalités se contrebalancent, voire même s’opposent. Deux faces d’une même médaille.
James Murray sur Bandcamp / Site Officiel / Facebook / Bandcamp Slowcraft Records
Original english version
IRM : How would you describe your relationship with Twin Peaks ? With the work/world of David Lynch in general ?
James Murray : I was too young to see it when it first aired so I missed the initial hype and came to it much later on. I do remember chancing upon Fire Walk With Me on late night TV in the early nineties and being fascinated and troubled all at once. Lynch always has this off-centre weighting to his work that’s both unsettling and seductive, a compelling combination.
Your favorite character in the series ?
I don’t know, I’d need to watch it again and get back to you. In fact, re-watching it isn’t a bad idea, with the new series coming out soon.
A scene that particularly moved - or scared - you ?
What Sherilyn Fenn does with that cherry stalk is kind of hard to forget.
You recorded a track for our forthcoming Twin Peaks compilation, what aspect of the series inspired you ? Any anecdote about that ?
I wasn’t sure I wanted to contribute at all and put the session off for a long time. I’ve never composed anything to a pre-defined theme nor as a tribute before, and to begin with I was pretty uncomfortable with the idea of working in the shadow of someone else’s vision (that goes for Lynch and Badalamenti both). In the end I had to force myself to sit down in the studio, but once I began to gradually relax into my memory of the atmosphere of Twin Peaks, the feel and structure of The White Waltz came easily enough. In fact it was ultimately a really interesting writing experience and I’m very happy with the work. So I guess I should thank you for unwittingly pushing my boundaries.
You heard about some of the musicians involved in this project. Which one are you the most curious to hear the contribution from ?
There are so many people involved, I wouldn’t want to single out any one particular artist. The only other contribution I have already heard is the Fallows track as I recorded Anne’s flute and vocals - that’s a powerful piece of music.
An album you often listen to when you need all your Garmonbozia ?
Anne Garner’s Be Life.
In 2016 you returned to Ultimae, 8 years after your first album Where Edges Meet which was more "trip-hop" influenced, with a new full-length Eyes to the Height embracing this time the dub ambient identity of the Lyon-based label. A few words about that ? And can you tell us more about your new album Killing Ghosts, about to be released by Home Normal in a few days ?
Eyes to the Height is a return to ambient electronica after five albums in a more minimal vein on my Slowcraft label and elsewhere. Killing Ghosts belongs firmly on the minimal end of the spectrum and is a happy fit for the wonderful Home Normal label. Where the Ultimae album is warm, dubby and autumnal, Killing Ghosts is cold, brittle and wintry. There’s techno and dub buried deep in both records and both are concerned with transience, sorrow and impermanence, but they’re approached from very different angles and stand almost counter-balanced tonally, opposed even. Two sides of the same coin.
Un grand merci à James Murray. Son morceau intitulé The White Waltz paraîtra sur notre compilation Twin Peaks au printemps.
Interviews - 22.02.2017 par
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