Marnitude - II
Quelle suite Jean-Rémy Papleux pouvait-il donner à l’EP éponyme sorti en 2011 ? Ce genre de post-rock aux confins de la folk a la capacité de transporter rapidement l’auditeur, certes. Pour autant, les limites du genre ne sont un secret pour personne et un sentiment de lassitude a tôt fait d’envahir l’esprit du fan le plus attentif.
1. The Muse In New York City
2. Mazarin
3. Eraser
4. The Fly
5. The Pose
6. Universe
7. Summer Red Syrup
8. Four Six Nine
9. We Play At Past
10. A Sense
11. Drama
En ce sens, opter pour un long format – onze ans après le premier et jusqu’alors seul du groupe – n’est pas une entreprise sans risque. L’accouchement de celui-ci se déroula d’ailleurs dans la douleur. Enregistré courant 2012, sa publication fut repoussée à plusieurs reprises.
Pas de contre-pied. La tracklist prévue depuis cette époque est restée inchangée jusqu’à la sortie officielle du disque, début février 2015. Le contenu se veut également être le prolongement de l’esprit de l’EP précédent. Une continuité évidente mêlée à de la sobriété. Cet enchevêtrement de sensations est prégnant jusqu’au titre de l’album. II. Marnitude ne fait pas sa mue, il donne seulement un successeur à un EP qui finissait de poser les bases du son du groupe.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, alors que l’on pouvait parfois penser à des artistes tels que Smog ou Talk Talk en écoutant l’EP de 2011, les influences extérieures semblent ici moindres. II évoque Marnitude et c’est bien assez.
Pour qu’un artiste parvienne à s’évoquer lui-même, il est nécessaire qu’il ne se singe pas. Le cas échéant, il se pastiche, et l’agacement point rapidement. Rien de cela ici. Le fait que, en seulement quatre ans, et sans rien publier pendant ce laps de temps, Marnitude soit parvenu à se positionner comme une référence pour lui-même parle sans doute davantage de la qualité de cet opus précédent.
Pour autant, produire un long format abouti ne constituait pas une étape de transition. On l’a déjà dit, le risque soporifique n’était pas des moindres avec ces compositions qui s’étirent sur une base rythmique downtempo, des accords disséminés ici et là avec subtilité, et la voix, hantée mais jamais forcée, d’un Jean-Rémy Papleux désormais habitué à nous susurrer ses aphorismes.
Marnitude a trouvé la parade pour rompre l’ennui dont on craignait l’apparition. C’est en faisant du Marnitude pur jus, étant entendu que cela signifie ne jamais se répéter tout en procédant d’une manière similaire, que le groupe parvient à éviter l’écueil que l’on redoutait le plus. Inutile de procéder au track-by-track avec II. Le disque fonctionne comme un ensemble homogène et, pendant plus d’une heure, nous agrippe dans ses filets pour nous faire gagner de la hauteur. Un album dont l’écoute s’accommodera parfaitement aux matinées hésitant entre grisaille et luminosité naissante.
L’allusion dans le titre à l’un de mes titres préférés de Radiohead est certes alambiquée, mais la démarche ne correspond-elle pas, finalement, au contenu de cette année jalonnée par l’horreur, l’incertitude et la puérilité des crêpages de chignon de ceux qui nous gouvernent ? Et sur le plan musical, alors ? Un bon cru, décliné en trois parties, avec au (...)
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