Thom Yorke & Robert Del Naja - The UK Gold OST
Avec Thom Yorke, nous avons désormais l’habitude de nous réveiller un beau matin - ou de rentrer d’une journée de travail, c’est selon - en découvrant, sans indice préliminaire, la sortie d’un nouveau disque.
1. Tap24 + Hiha24
2. Mosquito Beat Slow
3. Embers
4. Pin Loon Break Up
5. Mono Jam One V2
6. Mission Creep
7. Battle Box
8. Passive Fist
9. Bull Market
10. As Pulse V7 Beat Edit
11. Extra Slacker Keys
12. Dead Editors
Depuis le précédent In Rainbows, annoncé le 1er octobre 2007 pour sortir neuf jours plus tard, le leader de Radiohead n’a jamais cessé - à l’exception de The King Of Limbs - de réduire ce délai. L’an passé, avec Tomorrow’s Modern Boxes, son deuxième opus solo, Thom Yorke diffusait gratuitement et immédiatement sa musique sur la toile.
Mais cessons de parler de l’artiste pour la façon dont il partage sa musique. Cette mauvaise habitude n’est sans doute pas pour rien dans le fait que bon nombre d’anciens fans du quintet d’Oxford prennent désormais un malin plaisir à descendre les compositions du Britannique.
La décennie dernière, découvrir que Thom Yorke et Robert Del Naja publiaient conjointement un album aurait probablement été la bombe de l’année. Aujourd’hui, voir les leaders de Radiohead et Massive Attack réunis ne constitue plus qu’une curiosité polie. Les raisons sont variées. Si nombreux sont ceux qui ont déjà enterré Radiohead, nous sommes peu à partager ce point de vue dans notre rédaction - The King Of Limbs est probablement l’un de leurs disques les plus sous-estimés. En revanche, le dernier album de Massive Attack, malgré quelques fulgurances, constituait la première déception d’une discographie jusqu’alors impeccable.
Pourquoi si peu d’engouement à l’idée de voir deux artistes aussi prestigieux réunis ? Il faut déjà savoir qu’il s’agit ici de la BO d’un film engagé sur l’évasion fiscale des grosses entreprises et la complaisance du gouvernement britannique. Connaissant les deux compères, on imagine déjà un ton minimaliste et acéré. Or, Thom Yorke est effectivement moins habile, ces derniers temps, lorsqu’il radicalise son propos et épure au maximum toute incursion mélodique. Par ailleurs, Radiohead et Massive Attack seraient actuellement en studio - avec Run The Jewels pour les seconds nommés - et l’on imagine mal que leurs deux leaders aient conservé les titres les plus accomplis pour ce side project.
L’attente n’est pas à son paroxysme, on l’a compris, mais que vaut cette BO ? Une première déception sera perceptible au moment de découvrir que, finalement, les cerveaux de Thom Yorke et Robert Del Naja ne sont jamais en interaction. Entendez par là que chacun des artistes est à l’initiative de six des douze pistes de The UK Gold OST. Euan Dickinson, déjà auteur des arrangements de Heligoland ou du Vantage Point de dEUS, est à chaque fois crédité au côté de 3D tandis que Jonny Greenwood accompagne Thom Yorke sur deux titres.
Thom Yorke ne fait rien pour s’épargner les critiques de ceux qui le dépeignent comme un égocentrique ayant perdu son inspiration d’antan. En effet, le Britannique s’auto-sample sur un Mono Jam One V2 qui reprend la base de A Brain In A Bottle, titre d’ouverture de Tomorrow’s Modern Boxes, en en ralentissant le tempo et supprimant la partie vocale. Dommage. De toute cette BO, on n’entendra d’ailleurs jamais distinctement la voix de Thom Yorke, pas plus d’ailleurs que celle de 3D. L’aspect entièrement instrumental de l’ensemble constitue la deuxième déception inhérente à ce disque.
Pour autant, ces pistes minimalistes électroniques connaissent de vraies fulgurances. Rien qui ne saurait vous faire trémousser les corps sur les dancefloors, assurément, mais une mise en abîme tout à fait adaptée pour sublimer un propos critique comme celui de ce documentaire. A ce petit jeu, il faut bien avouer que les quatre pistes signées 3D constituant le cœur de l’album, de Mission Creep à Bull Market, forment une ossature très solide.
S’agissant de Thom Yorke, son Extra Slacker Keys, sans vraiment ressembler à un titre quelconque du Radiohead d’Amnesiac (le cas échéant, ce serait du côté d’un Like Spinning Plates court et instrumental qu’il faudrait se tourner) évoque néanmoins cette période. Sur Pin Loon Break Up, le leader du quintet, au côté de Jonny Greenwood, fait apparaître quelques borborygmes distordus en arrière-plan sur une instru sombre, tranchante et efficace laissant ici la place à une ligne mélodique épurée. Autre réussite de Thom Yorke, Mosquito Beat Slow contient quelque chose des Dust Brothers - c’est-à-dire de la BO de Fight Club - avec son rythme dépouillé et ces indéterminables apparitions de nappes synthétiques.
Pour le reste, force est d’avouer que l’absence de voix est dommageable. Cela est regrettable chez les deux artistes, mais plus particulièrement chez Yorke dont le Tomorrow’s Modern Boxes de l’an passé s’en sortait avec les honneurs - même s’il générait des débats au sein de la rédaction - en prenant appui sur cet enchevêtrement de voix déformées et un propos électronique minimaliste. La partie vocale fonctionnait alors, peut-être plus que jamais dans sa discographie, comme un instrument à part entière. S’en priver est regrettable et une paire de titres tombe ainsi à plat.
En découvrant un album signé Thom Yorke & Robert Del Naja, on s’attendait forcément à une collaboration des deux artistes. Il n’en est rien et, en ce sens, un sentiment de déception est nécessairement prédominant. Pour autant, il n’y a rien à jeter du côté des titres de 3D (Passive Fist et son piano surclasse à lui seul quelques discographies) tandis que Thom Yorke fait le boulot en se présentant inspiré sur deux tiers des titres tandis qu’une autre paire s’avère ronronnante. Chacun des artistes évite en revanche le hors sujet : le propos est parfaitement adapté pour illustrer un documentaire au propos radical dénonçant le monde opaque de la finance. Ce n’est peut-être pas pour rien que l’on pense ici et là aux Dust Brothers...
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