Air - La Route du Rock (Saint-Malo)

le 17/08/2024

Air - La Route du Rock Saint-Malo

Le fort de Saint-Père, près de Saint-Malo, accueillait sa 32ème édition estivale avec une affiche alléchante (sans doute plus que les années précédentes). Si l’on ne s’est pas rué vers les premiers rangs pour assister à la performance d’Etienne Daho, les prestations des indépassables Slowdive, mais également celles de Blonde Redhead, Timber Timbre ou Kae Tempest ont fait l’unanimité. On aurait aimé en dire autant de celle des Kills mais, à l’image de son dernier album, le duo balbutie son rock et a offert un spectacle loin de ses standards.

Et puis, comme une cerise sur le gâteau, en point d’orgue de la dernière soirée, Air rejouait dans l’ordre et en intégralité son chef-d’œuvre initial Moon Safari. Forcément, l’attente est à la hauteur du culte international accordé à ce disque et, bien que le duo n’ait pas accouché d’album majuscule depuis vingt ans et le parfois sous-estimé Talkie Walkie, l’ensemble de la planète a pu s’assurer la semaine dernière, en clôture des Jeux Olympiques d’été, que la charisme du duo était intact.

1998-2024. Depuis la sortie de Moon Safari une année de Coupe du Monde de football organisée en France, de l’eau a coulé sous les ponts, et la Seine a même été "nettoyée" pour offrir un nouvel été de communion sportive nationale avec les Jeux Olympiques. Deux années qui résonnent, et la musique des Versaillais n’a pas pris une ride. Intemporelle.

Lorsque La Femme D’Argent ouvre le show, le duo - devenu trio sur scène avec un batteur additionnel - embrase petit à petit le public. Il faut dire que cette composition à tiroirs explorant plus de directions que certaines discographies complètes est probablement le plus riche du répertoire de Air. On pourra regretter son apparition en début de set, alors que le public n’est pas tout à fait mûr, mais ce dernier s’enflamme immédiatement avec le hit Sexy Boy qui s’ensuit. Pour poursuivre l’analogie sportive du paragraphe précédent, les paroles ("où sont tes héros, aux corps d’athlètes [...] dans leurs yeux des dollars, dans leurs sourires des diamants") sont toujours d’une justesse incroyable en cette sortie de période olympique. Lorsque la basse de Nicolas Godin s’enflamme, on entend, dans le public, de jeunes adultes (étaient-ils seulement nés en 1998 ?) clamer "c’est ma chanson". Intemporel, disions nous.


L’album suit son cours avec les sommets All I Need et Kelly Watch The Stars, puis Talisman, Remember et You Make It Easy. Les voix enregistrées à l’époque par Beth Hirsch sont parfois diffusées, parfois effacées pour laisser plus de place aux instruments ou encore reprises par Nicolas Godin dont la voix est, comme d’habitude, transformée par les effets électroniques.

La fin de l’album (Ce Matin-Là, New Star in the Sky et Le Voyage de Pénélope) est un poil plus automatique. Il faut dire que Nicolas Godin concédait récemment ne pas avoir écouté ce dernier titre depuis 1998 avant de se lancer dans cette tournée anniversaire.

Dans son bel écrin blanc, le trio remercie le public et s’avance, quittant ce cadran lumineux blanc au sein duquel il a pris place pour le concert. Et se remet en selle pour un rappel qui poursuit l’ambiance lounge de la fin de l’album avec deux titres issus de Talkie Walkie (Venus et Run), puis Highschool Lover, thème de Virgin Suicides.

Et puis, la claque. Don’t Be Light, régulièrement joué sur cette tournée, est partagé avec puissance et application par les Versaillais dont le doux charisme irradie une scène possédée par des jeux de lumière affichant les paroles du morceau au gré des incantations de Nicolas Godin et d’un crescendo électrique fascinant. Un nouveau titre de 10.000 Hz Legend plus tard ([Electronic Performers) et Air quitte la scène sous une acclamation générale d’une longueur assez rare à Saint-Malo.

Le plaisir n’était pas feint, des deux côtés de la scène, et s’il fallait forcément être fan (heureusement, le succès du duo est loin d’être confidentiel, et une grande partie des 7.000 spectateurs l’était) pour apprécier le show à sa juste mesure, le public moins averti a néanmoins été subjugué par cet univers atmosphérique, à l’identité musicale sans pareille, capable de durcir le rythme pour mieux bercer à nouveau l’auditoire. Un concert essentiel, et les fans qui auront eu la chance d’assister à cette tournée s’en souviendront assurément.


( Elnorton )

 


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