Interview sur un nuage #10 - T.Saul (Earthling)
Désormais les trois parties de notre compilation Clouds/Ashes, entièrement composée de morceaux inédits offerts par une cinquantaine de musiciens habitués des colonnes d’IRM, sont disponibles en écoute et libre téléchargement via Bandcamp, mais notre série d’interviews continue. En semant ces petits cailloux en forme d’entretiens, inspirés tout comme les compositions de nos contributeurs de tous horizons géographiques et musicaux par les thèmes "Sur un nuage" ou "Sous les cendres" et agrémentés de surprises à intervalles réguliers, nous vous invitons à vous familiariser avec leurs univers, en espérant que ceux-ci vous surprennent et vous enthousiasment autant que nous.
Alors qu’Ear Movies Vol. 1, bien que sorti au mois de décembre dernier, constitue déjà l’une des valeurs sûres du cru 2012, Tim Saul, moitié d’Earthling, déjà interviewé dans nos colonnes il y a deux ans, passe de nouveau à la casserole. Il faut dire qu’avec un remix de l’émouvant Fly Away paru sur le dernier opus du duo, sa participation à notre compilation n’est pas passée inaperçue. L’occasion de faire un bilan sur les projets à venir du producteur anglais...
L’interview
IRM : Y a-t-il deux ou trois choses que nos lecteurs devraient savoir de toi avant d’écouter la compil’ ?
T.Saul : Je suis le producteur d’Earthling ( Radar, Humandust, Insomniacs’ Ball) et je compose de la musique pour des films et émissions de télé. Je travaille aussi comme ingénieur du son, remixeur et occasionnellement comme DJ.
Qu’est-ce qui t’a décidé à prendre part à ce projet ?
J’ai aimé l’intention globale de la compilation, et IRM a eu une approche bienveillante...
Si tu devais décrire ta contribution en une phrase ?
Planer au-dessus des cieux avec la merveilleuse Julee Cruise tout en dispersant les cendres au vent !
Tu as une relation particulière à la littérature (L’Homme Dé de Luke Rhinehart a par exemple inspiré l’écriture d’I Could Just Die, premier morceau composé par Earthling). Cela représente-t-il une influence pour tes compositions ?
En tant qu’artiste, tu absorbes des influences provenant de nombreuses sources : livres, films, autres musiques, des bribes de conversation ou des environnements particuliers. Je dirais que les films ont probablement la plus grande influence sur moi quand je compose. Mais parfois, une référence ou un personnage issu du monde littéraire peut être un tremplin pour développer une idée.
Peux-tu nous parler d’Ear Movies Vol.1, ton nouvel album ? Quels en sont les principaux thèmes ?
Ear Movies Vol.1 est une bande originale de musique électronique, de la musique pour films imaginaires si tu préfères. Elle est née de mon amour pour les bandes originales et la nature très évocatrice des textures atmosphériques mixées avec des thèmes mélodiques. J’aime expérimenter sur des orchestrations combinées avec des formes électroniques. Je suppose aussi que c’est un reflet du monde artistique au sein duquel j’ai travaillé ces dernières années.
Le fait de travailler seul nécessite-t-il la même organisation ? As-tu besoin d’un regard extérieur sur tes compositions ? Avec qui as-tu partagé ton travail lorsqu’il était encore inachevé ?
Je joue mes idées à des amis, collègues musiciens, producteurs et aussi à mon manager. Et parfois même au chat ! J’essaie toujours de simuler un environnement dans lequel je peux avoir une écoute objective sur les compositions sur lesquelles je travaille, par exemple en les écoutant depuis une autre pièce ou encore avec un casque hors du studio.
Ces dix dernières années, tu as beaucoup composé pour la télévision et le cinéma (la bande originale de Hounds par exemple). Peux-tu nous parler de tes principaux projets et expériences durant cette période où nous t’avions perdu de vue ?
J’ai composé de la musique pour des courts métrages, des documentaires, de la publicité, la télévision et la radio (y compris France Inter et France Culture). Avec ce genre de projets, on a tendance à être beaucoup plus « dans les coulisses ».
J’aimerais composer pour un long métrage prochainement. Je suis un grand admirateur du cinéma français, alors si un metteur en scène français - avec un projet original et créatif - souhaitait que l’on collabore sur un projet de film...
Nous connaissons surtout Julee Cruise, qui chante sur Fly Away, pour son rôle dans Twin Peaks où elle chante quelques morceaux de son album Floating Into The Night. Comment l’as-tu rencontrée et peux-tu nous parler de votre coopération ?
Un échange créatif. J’ai remixé sa chanson Everybody Knows. De son côté, elle a écrit les paroles et chanté sur Fly Away. Elle a un talent unique et je me sens extrêmement chanceux d’avoir pu collaborer avec elle. J’aime son côté théâtral. Nous discutons d’une collaboration prochaine sur un spectacle à thème dont la première représentation pourrait avoir lieu au Club Silencio, à Paris.
Il y a deux ans, la sortie d’Insmoniacs’ Ball constituait une grosse surprise. Peut-on s’attendre à un nouvel album d’Earthling ?
À l’heure actuelle nous sommes tous les deux très occupés avec nos différents projets, mais on ne sait jamais. Ce serait génial qu’Earthling donne à nouveau quelques concerts dans le futur.
Nous avons récemment entendu Lab Baby, issu du dernier album d’Earthling, dans une publicité pour Daniel Hechter. Quel est le principal intérêt (financier, promotionnel) pour un groupe d’accepter cela ?
Quand une offre est faite pour utiliser ta musique dans une publicité, il y a à la fois la tentation financière et promotionnelle. En tant qu’artistes, nous devons vivre de notre travail. Et si la plateforme publicitaire incite les gens à s’intéresser à ta musique, alors c’est une bonne chose.
La musique "gratuite" ça t’inspire quoi ?
C’est un sujet complexe qui a des conséquences diverses en ce moment pour les gens qui font de la musique. Mais c’est surtout devenu une composante incontournable du climat culturel dans lequel nous vivons. Ma tendance est d’embrasser cette évolution et de la voir comme un moyen d’aider les gens à découvrir ma musique.
Un disque à écouter sur un nuage ?
Cliff Martinez – Solaris OST.
La surprise
Comme de nombreux artistes interviewés en marge de cette compilation, T.Saul ne s’est pas contenté du remix inédit de Fly Away disponible sur Clouds. Le producteur anglais nous offre également une démo réalisée il y a quelques années en collaboration avec M.E Raabenstein, artiste signé chez Nonine Recordings. Ambient et cinématique, Heurtebises n’était déjà pas si éloigné, dans l’esprit, des compositions présentes sur Ear Movies Vol. 1.
T.Saul nous fait d’ailleurs partager depuis trois jours collaborations, productions, remixes et raretés en tous genres sortis tout droit des archives personnelles de ses 20 ans de carrière, ça se passe sur le facebook d’Earthling et ça durera pendant un mois entier.
Quelques liens utiles
English version
IRM : Are there a few things that our readers should know about you before listening to the compilation ?
T.Saul : I am the producer of Earthling (Radar, Human Dust, Insomniacs’ Ball). I compose music for film & TV. I also work as a sound designer, remixer & occasional DJ.
What made you decide to take part in this compilation project ?
I liked the overall intention of the project and IRM made a very sympathetic approach...
If you had to describe your contribution in one sentence ?
Hovering above the skies with the wonderful Julee Cruise whilst scattering ashes to the wind !
You have a particular relationship to literature (Luke Rhinehart’s The Dice Man inspired the writing of I Could Just Die). Does it influence your compositions ?
As an artist you soak up influences from many sources : books, films, other music, snippets of conversation, particular environments. I would say that films are probably a bigger influence on me personally when I am writing music, although sometimes a literary character or reference can be a springboard to an idea developing.
Can you talk about Ear Movies, your new album ? What are its main subjects ?
Ear Movies Vol. 1 is a collection of electronic score music – music for imaginary films if you like... It was born from my love of film soundtracks and the very evocative nature of atmospheric textures mixed with melodic themes. I love experimenting with orchestration in combination with electronic soundshaping. I guess it is also a reflection of the artistic world I have been working in for these past few years.
Is working alone necessitating the same working mode that working in a band ? Do you need an outside view on your compositions ? Who did you share your work with when it was still in progress ?
I play ideas to friends, fellow musicians and music producers, and also to management. And sometimes to the cat ! I always look to simulate an environment where I can gain an objective ear on compositions I’m working on, e.g. listening from the other room or on headphones away from the studio etc.
Over the past decade, you composed a lot for television and cinema (cf. Hounds music soundtrack). We had a little bit lost track of you during this period. Can you talk about your main projects and experiences during this time ?
I’ve composed the music for short films, documentaries, advertising, TV & Radio (including France Inter/France Culture) and with these kind of projects you tend to be much more “behind the scenes”.
I would love to do a feature length film score next and am a big fan of French cinema, so maybe there is a French director – with a distinctive creative voice - out there who would like to collaborate on a film project together.
Julee Cruise is singing on Fly Away. We mainly know her for her role in Twin Peaks, in which she sang some tracks from her album Floating Into The Night. How did you meet her and can you talk about your collaboration ?
A creative exchange. I did a remix of her track Everybody Knows. She wrote and sung the vocal for Fly Away. She is a very unique talent and someone I feel very lucky to have collaborated with. I love her theatricality. We have suggested a further collaboration together on a themed show that could be premiered at Club Silencio in Paris.
Two years ago, the release of Insomniacs’ Ball has been a big surprise. Can we expect a new album from Earthling ?
At the moment we are both busy with our various projects, but you never know. It would be great to do some more Earthling live shows in the future.
We recently heard Earthling’s Lab Baby in a commercial for Daniel Hechter. What was the major interest (financial, promotional) in it for a band like yours ?
There are both financial and promotional incentives for artists when an offer is made to use your music in advertising. As artists we have to earn a living from our work. If the platform of an advert draws peoples attention to your music, then that is great as well.
What are your thoughts about "free" music ?
That is a complex topic and one that has different consequences for music-makers at this point in time. Most importantly it has became an unavoidable ingredient of the cultural climate we know find ourselves in at this point in time and so my tendency is to embrace it and see it as a way of helping people to discover my music.
A record to listen to, while floating on a cloud ?
Solaris OST – Cliff Martinez.
A écouter et télécharger librement :
Clouds :
Clashes :
Ashes :
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