Interview sur un nuage - 9/ Minor Sailor
Deux des trois parties de notre compilation Clouds/Ashes, entièrement composée de morceaux inédits offerts par une cinquantaine de musiciens habitués des colonnes d’IRM, ont déjà vu le jour via Bandcamp, mais notre série d’interviews continue. En semant ces petits cailloux en forme d’entretiens, inspirés tout comme les compositions de nos contributeurs de tous horizons géographiques et musicaux par les thèmes "Sur un nuage" ou "Sous les cendres" et agrémentés de surprises à intervalles réguliers, nous vous invitons à vous familiariser avec leurs univers, en espérant que ceux-ci vous surprennent et vous enthousiasment autant que nous.
Minor Sailor est un projet musico-visuel où la folk teintée d’ambient électronica de Jérémy Joseph répond aux illustrations de Maia Flore. Vous l’aurez compris, on ne peut pas se contenter de télécharger la musique sur l’iPod pour découvrir pleinement l’univers de ce duo de Français globe-trotters, déjà auteurs de deux albums tout aussi réussis l’un que l’autre. Ainsi, nous trouvons au travers de l’artwork mais aussi des projections lors des concerts, des chemins à emprunter puis à suivre au gré d’une imagination portée par la musique, pour finalement nous retrouver sur un nuage comme avec notre compilation Clouds pour laquelle Minor Sailor a signé le morceau Letting Go :
L’interview
IRM : Y a-t-il deux ou trois choses que nos lecteurs devraient savoir de Minor Sailor avant d’écouter la compil’ ?
Jérémy Joseph : Minor Sailor est un projet qui raconte notre quotidien. En ce sens, il prend la forme de musique, de photos, d’illustrations... et de toutes les tentatives que l’on fait. Il nous suit partout où l’on va.
Qu’est-ce qui vous a décidés à prendre part à ce projet ?
Il s’agit d’un beau projet. Fait par des amoureux de musique et pour des amoureux de musique. C’est agréable de sentir une telle envie de découvrir et de défendre des projets indépendants.
Good Bye July, premier album aérien et pictural :
Si tu devais décrire votre contribution en une phrase ?
On a très hâte d’écouter la compilation dans son ensemble. On est fier d’avoir pu participer à ce beau projet. Il y aura sûrement de belles surprises inattendues.
La musique "gratuite" ça t’inspire quoi ?
La musique n’est pas gratuite. Elle a un coût. Que ce soit pour la produire ou pour l’écouter.
On oublie ces deux aspects quand on parle de musique gratuite. Après tout, lorsque vous écoutez un morceau c’est grâce à un service que l’on vous fait facturer, pour prendre uniquement l’exemple de l’abonnement aux FAI. Vous payez un abonnement, mais dans cet abonnement, rien n’est inclus pour les droits des auteurs, ce qui laisse croire que la musique est gratuite.
Les utilisateurs l’ont compris aussi, et nombre d’initiatives vont dans le sens de responsabiliser l’auditeur, que la musique n’est pas gratuite.
Les "écouteurs" ne sont pas dupes, ils savent que cela coûte et ne rapporte pas.
L’avantage d’internet, sans vouloir tomber dans un discours trop utopiste, c’est que l’on peut mettre en relation plus facilement des personnes géographiquement isolées.
Mais il semble que de plus en plus, on cherche à faire payer l’utilisateur pour un pack ou en amont même de la création. Il y a toujours des gens qui se font de l’argent avec la musique mais hormis une très faible minorité très visible, la musique ne rémunère pas. Elle est à l’image de ce qu’elle est par essence, éphémère.
Le côté visuel fait partie intégrante de Minor Sailor (avec notamment des projections lors des concerts). A quel moment cet aspect rejoint-il la musique ? Est-ce que cela va guider la composition ou inversement ?
Je dirai que le projet de Minor Sailor est un projet visuel avant tout. Il s’est fixé au fil du temps autour de la musique et des images. Mais tout vient de ces petites images que l’on a dans la tête. Tout est image avant tout puis se fixe par divers médiums, que ce soit la photo, la musique, l’illustration, la vidéo ou l’écriture. Après tout, qui sait ? Cela prendra peut être une autre forme dans quelque temps ?
Jérémy, tu as confié être attiré par le drone. Est-ce une direction que vous pourriez prendre pour le prochain album ?
J’ai beaucoup de respect pour la drone music. Si je pouvais trouver le moyen de l’intégrer dans des productions ce serait génial. Cependant, je n’ai pas la patience de travailler sur des sons et des évolutions avec l’assiduité que requiert la drone music. Il y a des gens qui le font très bien et écouter la puissance de leurs compositions me rend toujours faible.
How Things Happened , dont IRM se faisait l’écho l’an dernier :
Vous voyagez beaucoup, essentiellement dans les pays scandinaves, puisque, outre la Finlande, vous avez séjourné en Islande et côtoyé de près cette scène très active. En quoi l’approche de la musique diffère-elle avec la France, selon vous ?
La musique là-bas est vécue comme des projets.
L’Islande a connu des joies bien particulières en étant en dehors d’un système qui aurait cherché à la base à rationaliser les projets. Du coup, ils ont eu le temps de développer des projets artistiques et mûrir. C’est par la suite que d’autres acteurs y ont vu une possibilité, un intérêt particuliers, ils ont donc diffusé les projets largement.
Ce que l’on remarque dans ces pays c’est l’esprit d’entrepreneur chez ces artistes. Ils ont des projets et font tout pour les faire développer. Il n’y a pas de structures ou d’aides au développement à la base, ce qui peut être handicapant et franchement dur. Ils fonctionnent par projet et travaillent beaucoup. J’ai vu des gens n’exister que par la musique. Cependant, ils bénéficient de structures de valorisation après coup et ça c’est très positif pour eux. Une fois la création faite, ils peuvent laisser leur « bébé » aller à des gens plus intéressés par ces choses. C’est une manière différente de faire les choses, ni mieux ni moins bien.
Pour rebondir sur l’autre question, là non plus ce ne sont pas les artistes qui font de l’argent.
Un disque à écouter sur un nuage ?
Pink Floyd ? Tim Hecker ? Nils Frahm ?
Quel artiste attendez-vous au tournant sur la compilation ?
Oh il y aura surement des jolies découvertes !
Quelques liens
A écouter et télécharger librement :
Clouds et Clashes, les deux premières parties de notre compilation - qui en comptera trois.
A lire également dans notre série :
Interview sous les cendres - 1/ Tapage
Interview sur un nuage - 1/ Arno Mori
Interview sous les cendres - 2/ lufdbf
Interview sur un nuage - 2/ Fuji Kureta
Interview sous les cendres - 3/ Cyrod Iceberg
Interview sur un nuage - 3/ Richard Kapp
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