2024 à la loupe : 24 albums expé/drone/inclassables (+ bonus)
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Ultime classement tardif de ma série de 11 bilans dédiés à l’année 2024 (dont 7 consacrés aux albums, par "genres" plus ou moins aléatoires), cette sélection n’arrive que maintenant pour plusieurs raisons : d’une part, les musiques expérimentales couvrant un large spectre d’un intérêt tout particulier à mes yeux, quelques rattrapages s’imposaient concernant des longs-formats laissés de côté au moment de leur sortie mais dont j’attendais beaucoup, ou encore découverts sur le tard (je n’ai par exemple appris la sortie de l’album de Sabiwa qu’en janvier et m’en serais voulu de ne pas l’inclure ici) ; d’autre part, il n’a pas toujours été facile de rendre justice en quelques phrases concises à ces disques souvent inclassables, et l’enregistrement de pas moins de 4 podcasts en ce début d’année (à retrouver en streaming sur notre page Bandcamp) n’a pas aidé à trouver le temps nécessaire.
En espérant que la curiosité intacte de nos lecteurs pour le franges les plus obscures ou ardues des musiques atmosphériques et singulières que l’on défend ici, à notre époque de temps court dans l’attention accordée aux sorties, pallie ce décalage avec l’actualité : ces albums, cela va sans dire, le méritent grandement.
1. Christophe Bailleau & Julien Ash (feat. Jordane Prestrot) - Ekitai-on-keiho
On l’attendait de pied ferme, cette collaboration inédite entre Christophe Bailleau et Julien Ash (avec en prime Aloïs Lang, compère de ce dernier au sein de Nouvelles Lectures Cosmopolites, et Jordane Prestrot sur trois morceaux dont un Prisoner of the sky dub aux entournures sur lequel son influence mélodique est particulièrement évidente), deux musiciens souvent croisés sur les mêmes compils de remixes comme ici par exemple à l’initiative d’Innocent But Guilty ou plus récemment là chez Grosso Gadgetto (Jordane, et Aloïs aka Poison Bleu, étant également de la partie)... et si la claque fut immédiate, il m’aura fallu quelques mois pour parvenir à poser des mots sur cet Ekitai-on-keiho aussi fascinant qu’inclassable, ni ambient, ni jazz, ni electronica, ni modern classical mais un peu tout ça à la fois et davantage encore tant ces soundscapes à mi-chemin d’un onirisme éthéré et d’un subconscient anxiogène semblent nous faire basculer vers l’inconnu, à la mesure de leur capacité à changer de forme au gré de leurs respirations. À la fois candides et inquiétants (Das See), cristallins et ténébreux (Reflux), organiques et synthétiques (La Propriété), spirituels et primaux (The Road to the Seashore), percussifs et élégiaques (Hippocampe), d’une grande clarté et rongés de l’intérieur par des textures en érosion (Ocean of Sadness), ces instrumentaux sonnent comme autant d’insaisissables organismes vivants libres de muter et de déborder de leur cadre comme bon leur semble, donnant naissance à un véritable écosystème rétro-futuriste sans début ni fin que l’on ne peut se lasser d’explorer.
2. Oliver Barrett - Self towing "Snug"
"Auteur sous le pseudo Yma de l’un de nos albums expé favoris de 2023, le Britannique Oliver Barrett (Petrels etc.) s’inspire ici d’une photo de son grand-père ado dans les années 30 retrouvée dans un scrapbook, dont l’atmosphère associée à l’étrangeté de l’inscription Self towing “Snug” (une petite embarcation de canal qui se remorquerait elle-même) donne lieu sur trois morceaux emboîtés de durées inégales à une poignante élégie, entre réminiscence et rêverie. Décédé alors que le musicien lui-même sortait à peine de l’enfance, l’aïeul en question fut finalement rejoint 3 décennies plus tard par son épouse, deux semaines avant que ce disque, lui leur est dédié à tous deux, soit complété. Comme une évidence du destin, et c’est justement ce genre de force aussi irrésistible qu’intangible qui semble mouvoir ces trois pièces, en particulier On Oulton Broad, véritable symphonie électro-acoustique de plus de 10 minutes dont le lyrisme séraphique emporte tout, et qu’un court morceau-titre choral aux allures de chant traditionnel anglais vient clore dans une puissante vague d’émotion nostalgique. C’est néanmoins Self, pièce maîtresse deux fois plus longue encore ouvrant le disque sur l’inhabituelle austérité d’une sorte de bandonéon méditatif aux nappes dronesques et aux accents folkloriques, qui laisse la plus forte impression, en s’ouvrant à un crescendo d’harmonies terrassant, à la fois lo-fi, spontané voire abrasif à mi-chemin et dans le même temps d’une profonde capacité d’immersion."
3. Gimu - The Loneliness Of Carers
"Construit de manière atypique pour le genre avec des morceaux très courts aux allures d’interludes (An Inkling 1 & 2, sortes de condensés d’interférences radicales) et d’autres plus ou moins longs, jusqu’à 20 minutes pour l’odyssée finale For Your Volcanoes, Love, le successeur du superbe An Outburst, A Yell surprend d’abord par ses abstractions particulièrement épurées et sans concession, se contentant dans un premier temps de crépitements à la limite du bruit blanc pour mieux laisser affleurer tour à tour par la suite la mélancolie hantée des synthés (A New Bottom, The Self Exile Of The Self), le mal-être d’une noise organique aux grouillements anxiogènes (The Harbinger of Disaster), les limbes éthérées d’un bonheur désormais hors de portée (I Remember Fun) ou encore les radiations noires du paradoxalement apocalyptique Quietude, tout en retournant régulièrement à ce dépouillement crépitant et désolé du début (The Inner Chambers Of A Heart), symbole d’une psyché délabrée par la solitude, la culpabilité et autres sentiments venus tout droit du 36e dessous. Comme toujours avec Gilmar Monte, tout est affaire de production et de sonorités en déréliction, cette manière de distiller la substantifique tristesse d’une harmonie ambient gondolée par le temps ou craquelée par les vents d’une tempête sous un crâne, ou de magnifier bruitisme et contemplation en poussières de regrets comme sur cet interminable et néanmoins merveilleux tunnel final. On ne va pas s’en cacher, sa musique nous avait manqué et le fait qu’elle se mérite plus que jamais sur cet album plutôt ardu même pour lui ne nous la rend que plus précieuse."
4. Ssaphia - Buried in Sphaxx
"Après l’enthousiasme immédiat que suscita The End and Beginning of... dans nos colonnes il y a 5 mois, il nous était tout bonnement impossible de faire l’impasse sur Buried in Sphaxx, confirmation et même davantage encore de tout le bien que l’on pensait de ce mystérieux projet, qui semble avoir pris pour habitude de baser ses albums sur des samples de vieux films français. Plus étoffé que son prédécesseur, l’album privilégie à nouveau les instrumentaux emboîtés à la manière d’une véritable construction narrative. Cultivant une fois de plus un dark ambient élégiaque et fantomatique aux sonorités lo-fi assumées, à la fois très immersif et profondément évocateur par un savant mélange de boucles hypnotiques et de crescendos insidieux (A Heart Bleeds in the Sand en étant probablement la plus belle illustration), d’austérité du son et d’ambition du récit, ce deuxième opus inspiré cette fois d’un long-métrage dont l’histoire se déroule en Tunisie s’avère plus riche en détails et en arrangements mais aussi plus mystique, plus nostalgique dans cette fatalité chère à Ssaphia, les souvenirs de jours meilleurs semblant ainsi remonter à la surface sous les nappes sépulcrales d’un morceau tel que Once There Was Life, au titre explicite, sous la forme de motifs loopés de chant, flûte et percussions laissant imaginer quelque scène de danse de rue noyée dans la mémoire d’un mystérieux protagoniste."
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5. Phantom Orchard - Hit Parade Of Tears
"Après 10 ans d’absence et leur précédent opus Through The Looking-Glass enregistré avec un petit ensemble de musiciens, c’est enfin le grand retour du tandem Ikue Mori/Zeena Parkins, en petit comité cette fois mais non moins foisonnant, la harpiste américaine jouant sur le disque de toute une variété d’instruments (harmonium, ondes Martenot, synthés ou encore accordéon) tandis que que sa comparse japonaise, New-Yorkaise d’adoption depuis pas loin de 50 ans, se concentre sur l’électronique, la production et autres menues percussions. Inspirés d’un recueil d’histoires courtes de science-fiction d’Izumi Suzuki, auteure connue pour avoir inspiré le mouvement cyberpunk, les instrumentaux de Hit Parade Of Tears n’en tirent pas moins davantage sur le conte de fées noir que sur l’anticipation (ou alors, la scène des poupées dans "Blade Runner", ce genre), le jeu de harpe si particulier de Zeena Parkins, évoquant par moments son travail séminal sur l’immense Vespertine de Björk, servant de fil conducteur aux télescopages toujours aussi détraqués des machines, grouillements et percussions, entre schizophrénie enfantine (Forgotten) et rêves malsains (Desperate Wishes, When my Skin was Still Humming), mélodies opalescentes (You May Dream, Night Picnic), gothique névrosé à la Danny Elfman (Trial Witch, After Everything) et pure atonalité cauchemardée (Women and Women, Extraterrestrial Love)."
6. EUS - Vergel
"Avec Vergel, plus minimaliste et feutré que son excellent Devenir de 2019 aux élans lyriques rehaussés d’électronique et de pulsations synthétiques, on retrouve d’emblée le Costaricain en terrain connu mais plutôt celui des débuts, avec ces atmosphères embrumées mêlant lyrisme ascensionnel et nostalgie fantomatique (Vergel, Umbral), basses fréquences sourdes et oppressantes et nappes de lumière noire aux harmonies magnétiques (Terrenal, Veneno). Le musicien a su conserver ses qualités organiques voire lo-fi et rayonne toujours dans un brouillard hypnotique d’une aura presque sacrée (Antas, Núcleo), habitée de field recordings aux textures hantologiques (Veta Madre, Subsuelo). Un album d’autant plus captivant par la dimension narrative qu’induisent comme à l’accoutumée ses mouvements emboîtés, une constante chez EUS dont les morceaux se fondent une fois de plus les uns dans les autres comme une véritable symphonie de vapeurs saturées."
7. Wahn - Drifted Vol. 2
"Le Rennais Erwan Charier débarque chez Mahorka, label décidément de plus en plus francophile, avec un second volet de Drifted, suite d’un album paru plus tôt dans l’année sur le label local After Affects Rec. Cette fois l’approche, bien que souvent dynamique sous l’effet conjugué des glitchs et des motifs en boucle, est moins ouvertement rythmique, sans beat à proprement parler (Maybe Tomorrow et l’urgent Lost Factory en étant deux parfaits exemples), l’importance du piano moins saillante (hormis sur les très modern classical Part Time Life et Walking Alone), les sonorités moins électroniques : Drifted Vol. 2 s’inscrit plutôt dans la continuité des morceaux les plus dronesques et organiques de l’opus précédent, avec des textures très denses et contrastées, parfois presque orageuses (Southern Cross) ou post-industrielles (No More Poison), et une tension non moins présente (Blacksun) entre deux passages introspectifs et oniriques (Bucolica et ses arpeggiators kosmische, ou le scintillant Bad Apple). Une véritable progression en l’espace de quelques mois, pour en arriver à l’un des albums les plus magnétiques du genre en 2024."
8. PureH - Tetragram
Alors que l’on attendait le traditionnel Cadlag de fin d’année, Tensor, finalement annoncé pour début 2025 donc très bientôt, le Slovène Simon Šerc membre du quatuor et patron de l’écurie Pharmafabrik nous emmène ailleurs avec cette sortie solo de toute fin décembre 2024, décrite comme une "exploration multi-dimensionnelle de la perception, de la nature et du passage du temps". Rompu tant au harsh noise qu’aux field recordings, jusqu’à parfois abuser de ces derniers avec des projets lorgnant sur le pur "sound recording" à la manière de l’ex Cabaret Voltaire, Chris Watson, l’auteur de l’anxiogène CMBR concilie assez génialement ici tout le spectre qui sépare ces deux extrêmes, passant d’une ambient forestière où le moindre pépiement d’oiseau se fait inquiétant à des saillies de fréquences électroniques abrasives (Paracusia, Tetragram), d’un drone éthéré dynamisé par des basses rondes à du spoken word en Japonais sur fond de techno old school (Tasukete), d’un post-rock jazzy et percussif à la Tortoise (Slumber) à des maelstroms de textures magnétiques et de samples aquatiques (Metatron), d’une electronica cinématographique dont le groove liquéfié évoque le grand Funki Porcini (Keif) à un dark ambient caverneux aux pulsations tendues (Polynya). Polymorphe et passionnant, l’un des très beaux "objets musicaux non identifiés" de ce cru 2024.
9. Sidsel Endresen, Jan Bang & Erik Honoré - Punkt Live Remixes Vol. 2
C’est en live que la reine norvégienne du jazz expérimental, rare sur album depuis ses superbes collaborations avec Stian Westerhus dans la première moitié des années 2010 (cf. ici en #4 l’impressionnant Didymoi Dreams aux atmosphères névrotiques et hantées), s’éloigne le plus radicalement de ses premières amours. C’est encore une fois le cas ici en compagnie des deux fidèles collaborateurs Jan Bang et Erik Honoré, une petite quarantaine de minutes de semi-improvisations scéniques enregistrées à l’occasion d’une prestation du trio au Punkt Festival (rejeton de Punkt Editions, sous-label de Jazzland justement chapeauté par les deux musiciens en question). La vocaliste y déroule sur des écrins fantomatiques souvent proches du dark ambient (Kristiansand I, Frankfurt II) ou d’étranges échafaudages de percussions organiques (Kristiansand II) ses incantations confuses, onomatopées de démence sénile et autres exhalaisons inquiétantes, ou malmène sa voix telle une véritable matière sonore, glitchée par exemple sur London ou empilée en nappes harmoniques d’échos psychotropes sur Kristiansand IV. Si l’ensemble s’avère plutôt minimaliste sur le plan strictement musical, incursions de flûte et de pano atonals (Frankfurt III) ou de crins dissonants (Kristiansand III) ne sont jamais très loin, entre deux complaintes électro-acoustiques plus "classiques" osera-t-on dire, même si des affleurements rythmiques déstructurés d’Oslo aux nappes instables de Paris I, l’idiosyncrasie de la trajectoire "récente" de Sidsel Endresen demeure prégnante, à faire passer le fantasmagorique Undertow pour un album de pop fleurie.
10. Sabiwa, Queimada & Nathan L. - Sons of _
Quatre ans après l’EP Tomorrow you said yesterday, on retrouve la passionnante Sabiwa associée au beatmaker Queimada pour un Sons of _ tout aussi abstrait et déstructuré mais beaucoup plus abrasif et texturé, les rythmiques glitchées voire ici lorgnant sur la trap (What is true is not true -無明大夢) s’effaçant régulièrement devant les déluges harsh et les chuchotements névrotiques et malaisants de la Taïwanaise (There is no end and no beginning - 無始無終, There is nothing and there is no name - 無有), d’intrigantes incursions maximalistes d’orchestre synthétique aux vocalises autotunées (Nothing blue - 無憂無慮) ou même une sorte de drone caverneux aux contrepieds contrastés (The Root of Unwilled Existence - 無自性), tandis qu’en fin d’album, l’acoustique des cordes traditionnelles renoue avec cette étrange vision du folklore asiatique que cultive la musicienne depuis le superbe 輪迴 de 2018 (sons of WU - 無之子). Unique en son genre !
11. Aidan Baker - Everything Is Like Always Until It Is Not
"Pour sa 3e sortie sur le label britannique Cruel Nature, le guitariste touche-à-tout prend à contrepied le psyché-rock magnétique et abrasif de Tenebrist (2023) pour renouer avec cette ambient à guitare évanescente qu’on lui connaît. Exit le fuzz et cette batterie presque dynamique et place au retour des nappes de guitare liquéfiées qui semblent distiller avec modération leurs réminiscences shoegaze dans un océan de reverb et de percussions jazzy en liberté (Everything, Not). On pense à l’onirisme feutré d’Angelo Badalamenti dans "Twin Peaks" (ce qui forcément nous rappelle sa magnifique contribution à notre gargantuesque compil-hommage en 16 volets toujours téléchargeable à prix libre sur notre page Bandcamp) avec le premier des deux Is et ses effets reverse, tandis que Like flirte comme souvent chez lui avec le space-rock. Plus loin, Until se fait plus dense et bourdonnant, et It presque abrasif et déstructuré sans pour autant se départir de cette qualité vaporeuse voire impalpable qui caractérise la plupart des sorties du Canadien depuis quelques années, y compris même celles de Nadja au passif pourtant nettement plus massif."
12. Tapage & Guro Kverndokk - The Elephant Started Crying While Listening To Herself Sing
Le beatmaker néerlandais Tijs Ham, que l’on suit depuis les grandes heures du défunt label IDM de Chicago Tympanik Audio, a progressivement évolué de l’electronica à l’expérimentation ténébreuse et texturée (STATES en 2019 avec le clarinettiste Gareth Davis en étant un bon exemple) y compris au côté de son vieux complice Espoir (cf. Descended Hope), tout en revenant à intervalles réguliers à ses premières amours tout en beats et blips glitchy et savamment déstructurés, comme ce fut le cas notamment en 2021 avec Recover. Associé à la très singulière vocaliste norvégienne Guro Kverndokk, c’est la facette la plus abstraite, dronesque et dissonante de son univers que cultive ici le musicien, faisant de la voix humaine son principal matériau sonore, tantôt contrepoint éthéré à des soundscapes crépitants et caverneux (Dehumanising The Cannibal), crescendo mystique sur lit de cordes anxiogènes ou de nappes abrasives (Witches Colony, I’m Feeling Awfully Cozy), pur élément de sound design (Eating The Apple) ou source de manipulations qui en utilisent les étonnantes particularités, comme sur l’introductif Turn of the Bilge où les grincements et borborygmes mêlés à des field recordings percussifs et autres cordes (?) discordantes n’ont rien à envier aux plus extrêmes bizarreries gutturales d’un Mike Patton, ou ce Åh ! Han Må Jeg Unne Meg aux foisonnements hantés sur lequel les babillages schizophréniques de la chanteuse évoquent rien de moins que sa compatriote scandinave Sidsel Endresen (cf. quelques places plus haut).
13. NLC - Layers of Indecision
Pas moins d’une vingtaine de sorties en 2024 pour Julien Ash, sous son nom ou signées du pseudo Nouvelles Lectures Cosmopolites (NLC), parmi lesquelles Ekitai-on-keiho avec Christophe Bailleau mentionné tout en haut de ce classement, et les excellents Turbulences (avec Batard Tronique) et Hopeful Mutants (avec Innocent But Guilty) en bonnes places de mon bilan "musiques électroniques". On aurait très bien pu s’arrêter là, mais la règle implicite d’un album par projet pour chaque top m’autorise à en remettre une couche et difficile de m’en priver tant ce Layers of Indecision, bénéficiant des arrangements de violon d’Aloïs Lang (désormais second membre à part entière de NLC disait-on), s’avère passionnant de bout en bout. Une construction atypique (trois morceaux de durées inégales allant de 5 à 32 minutes), des sources sonores improbables (grincements de brouette, outils de jardinage) entre autres field recordings organiques ou percussifs, quelques drums synthétiques et des cordes frottées ou pincées, sur le papier on ne saurait guère à quoi s’attendre et au final on a droit à trois crescendo mystiques et immersifs mi-caverneux mi éthérés, intrigants mais surtout dotés d’un vrai souffle de bande originale imaginaire, un pêché mignon me concernant.
14. Dirk Serries - At Future Dawn
Le Belge Dirk Serries (Vidna Obmana, Continuum) donne ici à son dark ambient fait de nappes denses et opaques aux lourdes vibrations basses et au hiss proéminent "une dimension presque orchestrale aux poignantes harmonies élégiaques tantôt saturées (Blank Resurgence, ou le monumental Semblance), abîmées au cut-off (A Bitter Grace) ou gondolées par les années (Stretching Zero, At Future Dawn), ainsi que de véritables abîmes fantomatiques à l’image des limbes magnétiques du superbe The Sole Comportment. Un disque enregistré en direct à la guitare électrique à effets et pourtant d’une richesse assez impressionnante dans ses motifs et ses textures, qui n’est pas sans évoquer par son instabilité et ses contrastes agités la fragilité de nos espoirs pour l’avenir face à la menace constante du chaos... autant dire que l’on tient là un vrai coup de coeur, et l’un des sommets de 2024 pour les amateurs d’ambient."
15. scav - The Second
"À l’image d’un artwork en spirale de Fibonacci évoquant avec la sobriété d’une variation de couleur sombre un vortex géométrique dans lequel l’oeil se perd à l’infini jusqu’à cette infime lumière au bout du tunnel, la musique de scav, adepte des synthés modulaires basé à Sofia, joue sur le minimalisme hypnotique d’une ambient aux motifs magnétiques. De claquements grouillants (The Second I) en drones évanescents (The Second II), d’harmonies transcendentales (The Second IV) en radiations lunaires (The Second VI) ou autres vapeurs organiques (The Second VII), les morceaux de ce second long-format (après Morphing Clouds publié en 2019 par le label espagnol Faint), souvent longs de 8 à 10 minutes, s’enchaînent avec fluidité et un certain confort pourtant absolument pas recherché par le musicien, marque d’un univers qui se révèle rapidement enivrant par-delà ses textures claires-obscures tantôt rêveuses (The Second VIII) ou presque anxiogènes (The Second IV)."
16. Koichi Shimizu - Imprint
Le compositeur et sound designer originaire de Yamanashi, dont on peut entendre les travaux dans les films d’Apichatpong Weerasethakul, "gagne ici en consistance et en puissance contrastée. Qu’il y mêle acoustique baroque à la lisière du classical ambient et percus à la tension sourde (Evenfall, Faded Sign), déstructurations bruitistes au foisonnement organique et drones magnétiques (Moth, évoquant pourquoi pas le grâce chaotique d’un papillon s’extrayant de son cocon, Cogwheels, Nocturnal Gravity), ou pulsations sismiques et stridences électroniques (Imprint, Distance of Decades), le Japonais s’y fait le vecteur du genre de vibrations mutantes en perpétuelle érosion qu’ont pu nous faire ressentir des sculpteurs de matière sonore du calibre de Valgeir Sigurðsson, Matthew Collings, Terminal Sound System, Roly Porter, Abul Mogard ou Dag Rosenqvist, voire plus récemment Aho Ssan chez nous - autant de pourvoyeurs de soundscapes à la fois massifs et fragiles, cinématographiques et abstraits, majestueux et tourmentés face auxquels Koichi Shimizu n’a absolument pas à rougir, c’est dire à quel point cet album, entre déluges texturés et hynotisme halluciné (The Path), s’impose d’emblée en l’espace de quelques écoutes comme un indispensable du genre."
17. A Journey of Giraffes - Retro Porter
Si l’Américain A Journey of Giraffes, découvert au hasard de mes tâtonnements sur Bluesky, n’en est pas à son coup d’essai à en juger par une page Bandcamp déjà bien achalandée depuis 2019 en sorties d’une durée démesurée, jamais sa musique n’était encore parvenue jusqu’à nous. Adepte de la distension du temps capable d’emmener l’auditeur consentant - et disposant de près de 2h et demie devant lui, ce qui n’est certes pas donné à tout le monde, même du côté des amateurs d’ambient les plus curieux - dans une dimension sur laquelle la réalité n’a plus de prise, il flirte la plupart du temps avec les 20 minutes sur les 8 titres constituant Retro Porter, album qui aurait très bien pu faire l’objet d’une mention dans mon classement ambient/électro-acoustique tant ses incessantes circonvolutions s’aventurent souvent du côté d’un onirisme mi synthétique mi-organique (field recordings, idiophones et cascades de cordes séraphiques sont ainsi de la partie dès l’introductif Happy Every Holiday). Toutefois, le musicien se fait ici et là plus ardu, des pulsations abstraites aux deux tiers de Glass Moon jusqu’aux vibrations hantées du final de Serpent Bench en passant par les soundscapes souterrains de Tourmaline, et s’avère finalement, d’une manière générale, plus fantasmagorique que contemplatif avec un pouvoir d’évocation des plus impressionnants - citons en particulier l’ascensionnel Eusebi Walks qui semble nous faire visiter une civilisation perchée dans les nuages, ou la superbe conclusion Statues Inside riche en distorsions d’outre-rêve et autres sonorités cristallines.
18. thisquietarmy - Les estampes
"Dans la foulée de l’excellent dernier opus de Houses Of Worship aux longs crescendos hallucinés encore magnifiés par le piano impressionniste et le Soma pipe irradié de Brueder Selke, le Canadien Eric Quach aka thisquietarmy nous revient sans ses compères d’Hellenica, avec un nouvel album solo basé sur des impros enregistrées durant la pandémie. Les estampes est l’une de ces sorties drone qui nous fascinent tout particulièrement chez le Montréalais, à l’instar par exemple du sommet Métamorphose en 2017, le genre d’album à la fois radical et puissamment évocateur dont l’apparente austérité monolithique nous happe peu à peu par son magnétisme, de cascades de pulsations abstraites (Funiculaire) en imposantes saturations arpégées (Corne de brume) ou autres loops narcotiques (Triste monde tragique), pour nous entraîner dans une étrange dystopie mentale aux textures de plus en plus résonnantes dans leur impact purement physique (on imagine déjà les vibrations de l’air lors des futurs concerts... ça promet). Monumental, à l’image de sa pochette."
19. Thamel - Tomorrow the sunshine
En termes de magnétisme, "la dernière sortie de Jérôme Mardaga aka Thamel n’est pas en reste. Toujours adepte des improvisations maîtrisées sur synthés modulaires, le musicien belge dont on avait notamment chroniqué en 2023 l’album Benaco déroule ici en une quarantaine de minutes deux longs crescendos d’abord élégiaque et brumeux pour le premier, d’où paraissent s’extirper les impressions diffuses d’un lointain passé, tandis que le second morceau, laissant entrer davantage de clarté, semble s’élever vers une forme de sérénité et même un certain élan vital retrouvé avec la frénésie lyrique de cette coda aux arpeggiators acoustiques du plus bel effet."
20. Madeleine Cocolas - Bodies
"Madeleine Cocolas, musicienne active depuis une petite dizaine d’années dans le champ des musiques expérimentales versant ambient avec des sorties chez Futuresequence et Someone Good, avait sorti un premier opus chez Room40, Spectral, il y a deux ans de cela. Avec l’Australienne, spécialiste du sound design, on est dans un drone où chaque morceau s’étend peu à peu et prend de l’ampleur, se nourrissant d’arrangements synthétiques et de motifs vocaux (cf. Drift ou Bodies I) lorsqu’il ne privilégie pas un minimalisme saturé néanmoins riche en harmonies subtiles à la manière du patron Lawrence English (A Current Runs Through, Exhale), qui comme souvent mastérise. Un album d’une beauté irréelle, influencé par les rapports entre le corps et l’élément aquatique."
21. Pinkcourtesyphone - Arise in Sinking Feelings
"Pinkcourtesyphone, projet du Californien Richard Chartier, c’est une quinzaine de longs formats ambient en 12 ans, dont une demi-douzaine sur le label expérimental australien Room40 de Lawrence English. Cette fois encore, les rêveries minimalistes de l’auteur d’Indelicate Slices n’hésitent pas à lorgner à intervalles réguliers sur une lofi caverneuse aux field recordings suintants, d’emblée d’ailleurs sur within moments / when static alludes to apprehension aux 17 minutes subtilement évolutives, qui se fait ouvertement inquiétant lorsque apparaissent, plus ou moins noyées dans le background, d’étranges voix spectrales puis des nappes de synthés aux radiations presque dystopiques. Pour ce qui est de la suite, entre marées dronesques (foregone inconclusion) et monolithes hantologiques aux crescendos quasi imperceptibles (a stunning blandness), l’album semble d’abord persister dans son humeur de brouillard crépusculaire avant que les motifs mélodiques de notes on vacuuming, bien que malmenés de façon sous-jacente par des basses fréquences et samples hantés, ne laissent entrer un soupçon de lumière, pas forcément rassurante pour autant dans cette atmosphère Twin-Peaksienne à la Badalamenti."
22. Christophe Petchanatz - Le thème sombre
Si l’excellent Pisser dans le labyrinthe chroniqué dans nos pages n’est pas passé loin, c’est finalement le tout aussi gargantuesque Le thème sombre lâché l’avant-dernier jour de l’année par Musique Moléculaire qui a eu mes faveurs pour ce bilan du côté des sorties 2024 de de Christophe Petchanatz, à la frontière de l’album et de la compilation comme pouvait également l’être quelques mois plus tôt le charmant Cirque Klimperei édité par Time Released Sound dans cette veine de bricolages électro-acoustiques plus "légers" qu’explore régulièrement le musicien lyonnais. Ici toutefois, les morceaux réunis par l’écurie montréalaise s’avèrent non seulement plus "obscurs", tirés pour l’essentiel de ses "Journaux" musicaux sur Bandcamp compilant pour certains plus de 150 titres "orphelins" (entre autres les fameuses "Monotonies"), mais l’on y retrouve surtout une facette plus sombre, expérimentale et atmosphérique de l’auteur de 30 PORNSTARS qui me parle tout particulièrement, entre downtempo hanté, néo-classique atonal, collages fantasmagoriques, electronica lo-fi aux textures malmenées, drone désagrégé, dystopies à synthés et dark ambient énigmatique pour tenter de circonscrire au mieux cet univers protéiforme dont les incursions acoustiques se font cette fois plus minimalistes et tourmentées, le tout en 25 titres d’une cohérence idéale en dépit de leur apparence disparate. Chapeau bas au label autant qu’à l’artiste, donc !
23. Bruno Bernard - lisières
Après Ssaphia, un autre coup de coeur sur le prolifique label montréalais Musique Moléculaire, "que l’on doit cette fois à un artiste de Chalon-sur-Saône adepte de la musique acousmatique (comme beaucoup de musiciens ambient sans pour autant qu’ils s’en réfèrent au terme, daté des expérimentations de Pierre Schaeffer dans le champ de la musique concrète), comprendre : une musique électro-acoustique portée sur les field recordings et autres sons trouvés. Volontiers glitch et déstructuré, lisières baigne ainsi dans un background de sonorités tantôt aquatiques ou industrielles, de grouillements ou de tapis de percussions et idiophones en tous genres, sur lequel se développent d’étranges méditations à base de fréquences anxiogènes, d’harmonies cristallines aux reverbs scintillantes et autres pulsations ou distos synthétiques, une brillante entreprise de sculpture sonore évoquant le caractère composite de notre environnement phonique."
24. Mike Cooper - Slow Motion Lightning
"Plus que jamais fasciné par les atmosphères tropicales qu’il retranscrit avec force field recordings aquatiques et animaliers en l’occurrence captés en Martinique (cf. Like Stars Of Gold Painted On The Blue Skeleton Of Crumpled Heaven), apportant une texture particulièrement immersive à ses disques de la veine "exotica", le globe-trotter octogénaire rompu aux expérimentations guitaristiques depuis les années 60 mêle joliment sur Slow Motion Lightning cette inspiration insulaire à d’étranges méditations acoustiques, tantôt dépaysantes par cette utilisation d’un ukulélé ou du bottleneck façon slide guitar hawaïenne en plus ambient et noyée d’effets qu’on lui connaît (Their Voice Struck The Black Sunlit River Like Subterranean Lightning, A Sacred Infusion Of Slow Motion Lightening), tantôt déglinguées comme sur The Dark Notes Were Everywhere, So Dark, So Sombre, They Broke Into A Fountain (ouf !), évoquant davantage des albums tels que Distant Songs Of Madmen ou New Guitar Old Hat Knew Blues et leur blues primitiviste mâtiné de cut-up et d’impros hallucinées. Le disque véhicule une sensation de moiteur propre aux errements de la conscience, et se double cette fois d’une dimension presque inquiétante. Les percussions insidieuses de Heartland ou celles, plus dynamiques voire tribales de My Bones And My Flute contribuent ainsi, de la même manière que les grouillements drogués de The Groan That Sometimes Splashed Out Of A Bucket Of Sound ou The Spider Of Dawn Had Appended And The Moon Had Far Descended, à instaurer une intrigante mystique aux confins du rêve éveillé et du trip sous psychotropes."
Bonus - 26 albums de plus :
Ben Chatwin - Verdigris
Their Divine Nerve - Ars Moriendi
ЧЕРНИХОВ | CERNICHOV - We are all deaf
Tradecraft - The Body Needs Purpose
Leslee Smucker - Breathing Landscape
Alva Noto - Xerrox Vol.5
The Oscillation - The End Of The End
Colin Stetson - Uzumaki
Architrav - welk
Steven Nguyen - 1971
Shall Remain Nameless - A Bleeping Mess
Sun Thief - form’s silent asking
We Are Winter’s Blue and Radiant Children - "No More Apocalypse Father"
thisquietarmy & Tom Malmendier - Cîme
Abul Mogard & Rafael Anton Irisarri - Impossibly distant, impossibly close
loscil - Umbel
Patrick Shiroishi - Glass House
Houses Of Worship & Brueder Selke - Spiegelpunkte
Kreysing, Castrup & Neau - Before and after silence
David Grubbs & Liam Keenan - Your Music Encountered in a Dream
Tomas Järmyr - Entrails
Neuromorph - Below The Surface
Julien Palomo + Fabien Robbe - Miniatures
Karen Willems, Romke Kleefstra & Jan Kleefstra - IT DEEL III
Melos Kalpa - Melos Kalpa
Holy Tongue meets Shackleton - The Tumbling Psychic Joy of Now
Bonus - mon gros top général de 2024 en 50 albums (un album par artiste ou projet) :
1. Ari Balouzian - Ren Faire (OST)
2. Prefuse 73 - New Strategies for Modern Crime Vol.1
3. Christophe Bailleau & Julien Ash (feat. Jordane Prestrot) - Ekitai-on-keiho
4. Laura Marling - Patterns in Repeat
5. David Shea - The Ship
6. Luke Howard - Interlinked
7. Knoll - As Spoken
8. Frank Riggio - DRI
9. kareem - Trax for the year 3G$$$
10. Oliver Barrett - Self towing "Snug"
11. Particules - Escape Path
12. The Body - The Crying Out of Things
13. Empusae - Pilgrimage to Ganriki
14. Gimu - The Loneliness Of Carers
15. Beans - ZWAARD
16. Dizraeli - Joy Machine
17. KHΛOMΛИ - FUИESTE
18. Kingbastard - Beg Your Pardon...
19. Ssaphia - Buried in Sphaxx
20. Beth Gibbons - Lives Outgrown
21. E L U C I D - REVELATOR
22. Lynn Avery & Cole Pulice - Phantasy & Reality
23. Batard Tonique & NLC - Turbulences
24. Colin Stetson - The love it took to leave you
25. Cloudwarmer - Nostalgia For A Future That Never Happened
26. Innocent But Guilty & NLC - Hopeful Mutants
27. The Smile - Wall of Eyes
28. Armand Hammer - BLK LBL LP
29. Phantom Orchard - Hit Parade Of Tears
30. Endon - Fall of Spring
31. ØKSE - ØKSE
32. Terminal 11 - Suffocating Repetition
33. Nonstop - Alien au pays des aliénés
34. The Innocence Mission - Midwinter Swimmers
35. The Necks - Bleed
36. Ellen Reid - Big Majestic
37. Andrea Belfi & Jules Reidy - dessus oben alto up
38. 9T Antiope - Horror Vacui
39. Ryuichi Sakamoto - Opus (live)
40. EUS - Vergel
41. Mind Over Mirrors - Particles, Peds & Pores
42. Igor Ballereau - Ptyx
43. Bill Baird - Soundtrack
44. EABS - Reflections of Purple Sun
45. Chef Mike - Happiness
46. Chuck Johnson - Sun Glories
47. NightjaR - Mala Leche
48. Laetitia Sadier - Rooting For Love
49. Painkiller - Samsara
50. Oranssi Pazuzu - Muuntautuja
Christophe Bailleau sur IRM
Julien Ash / NLC (Nouvelles Lectures Cosmopolites) sur IRM
Jordane Prestrot sur IRM
Petrels / Oliver Barrett sur IRM - Bandcamp - Site Officiel
Ssaphia sur IRM
Phantom Orchard sur IRM
EUS sur IRM
Wahn sur IRM
PureH sur IRM - Site Officiel
Sidsel Endresen sur IRM - Myspace - Site Officiel
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Erik Honoré sur IRM
Sabiwa sur IRM
Queimada sur IRM
Aidan Baker sur IRM - Myspace - Bandcamp - Site Officiel - Bandcamp
Dirk Serries sur IRM - Site Officiel - Bandcamp
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Koichi Shimizu sur IRM
Journey of Giraffes (A) sur IRM
thisquietarmy sur IRM - Bandcamp - Site Officiel
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Gimu sur IRM - Bandcamp
![indie rock mag - IRM des musiques actuelles](https://www.indierockmag.com/interface/logo_newver_200.png)
![lundi 10 février 2025](local/cache-texte/daa8ca39e7a056a46f76727f8c062d56.png?1739144812)
- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
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