On l’attendait depuis bien longtemps ce nouvel opus de David Sylvian, mais plus fébrilement encore depuis l’an dernier avec la nouvelle des participations de Fennesz, du saxophoniste Evan Parker, du pianiste John Tilbury, du guitariste Keith Rowe ou encore du violoncelliste Marcio Mattos sur deux sessions, à Vienne en 2004 et à Londres en 2007, annonciatrices d’improvisations aventureuses et d’impressionnisme labyrinthique dans la continuité de son prédécesseur le passionnant Blemish.
Un casting de rêve pour les amateurs de musiques transverses, encore étendu le temps d’une troisième session à Tokyo en 2006 avec les touche-à-tout japonais Otomo Yoshihide, Sachiko M., Tetuzi Akiyama et Toshimaru Nakamura, connus là encore pour leurs improvisations plus ou moins ardues et des expérimentations musicales obliques traversant les champs du drone ambient, du jazz ou encore du bruitisme.
Et c’est alors même que l’on parlait de sa participation vocale au beau Cartography d’Arve Henriksen que l’anglais mettait la touche finale, dans le même esprit d’immédiateté qui avait animé chacune des sessions d’enregistrement, à cet "album soeur" de Blemish décrit aujourd’hui comme l’expression d’une "forme totalement moderne de musique de chambre, à la fois intime et démocratique, délicate et dynamique."
Manafon paraîtra donc lundi sur le propre label de Sylvian, Samadhisound, avec le tracklisting suivant :
1. Small Metal Gods
2. The Rabbit Skinner
3. Random Acts Of Senseless Violence
4. The Greatest Living Englishman
5. 125 Spheres
6. Snow White In Appalachia
7. Emily Dickinson
8. The Department Of Dead Letters
9. Manafon
Pour des extraits audio de chacun des morceaux, le détail des différentes éditions, le trailer du documentaire Amplified Gesture retraçant sur près d’une heure via le DVD de l’édition limitée la génèse de l’album et les échanges d’idées qui ont présidé aux trois sessions sus-mentionnées, on vous renvoie au site dédié qui permet surtout de visionner l’étonnante vidéo du Small Metal Gods d’ouverture, signée Hiraki Sawa :
Quant à Snow White In Appalachia, il est en écoute sur le site du label : un chef-d’oeuvre d’ambient en clair obscur où la voix d’or de Sylvian, nettement moins éteinte que sur Blemish, semble s’extraire timidement des brumes d’un temps suspendu pour réenchanter un monde devenu atonal. "It’s the farthest place i’ve ever been, it’s a new frontier for me", entame-t-il sur Small Metal Gods, manifeste superbement épuré. Autant dire qu’on aura rarement eu telle hâte de voir un weekend se terminer...
