The Aliens - Luna
Après s’être heurtés à l’indifférence générale des terriens lors d’une première tentative d’invasion pacifique en 2007 demeurée infructueuse, les Aliens remettent courageusement le couvert et tentent le tout pour le tout avec Luna : fusionner les contraires, rechercher l’harmonie sans l’antinomie et la beauté dans la singularité, pour tutoyer ne serait-ce que fugitivement les cimes du rock 70’s quitte à voir cette grandeur éphémère sombrer l’instant d’après dans la plus indigeste des bouillies prog. Un pari manifestement manqué tant l’ensemble apparaît décousu, mais dont on ne peut qu’admirer le panache et les éclairs de splendeur mélodique.
1. Bobby’s Song
2. Amen
3. Theremin
4. Everyone
5. Magic Man
6. Billy Jack
7. Luna
8. Dove Returning
9. Sunlamp Show
10. Smoggy Bog
11. Daffodils
12. Boats
13. Blue Mantle
Depuis quelques mois et la découverte sur myspace de l’extravagant morceau d’ouverture Bobby’s Song avec ses 10 minutes passées de tiroirs psyché-rock poussifs lorgnant même vers la fin sur le genre de délires prog boursoufflés qu’on pensait naïvement exclus du spectre musical depuis la fin des années 70, c’est en se rongeant un peu les sangs qu’on attendait malgré tout la sortie de ce deuxième album des Aliens. Enfin par "on" je veux bien sûr parler de la poignée d’entre nous à avoir eu la chance d’entendre l’an dernier l’appel d’ Astronomy For Dogs au delà-du vide de l’espace et du trop-plein de sorties indie-pop de qualité, lesquelles n’étaient pourtant pas si nombreuses à pouvoir se targuer de soutenir la comparaison avec ce fascinant labyrinthe psyché-pop aussi touchant qu’audacieux.
Etrange tout de même, on aurait pu croire le Beta Band, formation d’origine de nos trois trublions écossais, doté d’une réputation suffisamment flatteuse depuis le succès critique et public d’ Hot Shots II en 2001 pour engager les amateurs de psychédélisme débridé à s’intéresser, pour le moins, aux nouveaux exploits des spationautes les plus barrés de l’indie-pop des années 90. Enfin bref.
Bobby’s Song donc, c’était à craindre, donnait le ton d’une ambition forcément risquée, mais on se doutait moins que cette ambition visait non pas à donner suite aux égarements le plus souvent jugés indigestes aujourd’hui de King Crimson ou Yes (on laissera ça aux agaçants Evangelicals) mais tout simplement à faire de chaque chanson de Luna un morceau de bravoure rendu unique par son ampleur et sa singularité propres.
On croisera ainsi en vrac sur ce deuxième opus la grandeur épique des Who errant dans les vapeurs d’acide d’un psychédélisme floydien version Madchester (Billy Jack), des coeurs mystiques doublés d’arrangements de cordes et de claviers solennels (Amen), le folk-rock de Neil Young cadencé par l’hypnotisme downtempo du shoegaze (qui paraît-il n’existe pas... mais notre chroniqueur en chef Lloyd_cf vous racontera cette histoire-là bien mieux que moi) sur Boats, un hommage à Pink Floyd mais en bonne et due forme cette fois avec Dove Returning, un morceau éponyme de pur ambient expérimentale, la ferveur pop des Beach Boys phagocytée par la folie libertaire d’Os Mutantes (Sunlamp Show), un King Crimson (presque) ramené à la raison par une poignée de blips électro à l’allemande ou encore une mélodie d’Oasis remixée par Air (Blue Mantle).
Mais nos trois amis ne sont jamais meilleurs que lorsqu’ils frottent le romantisme nostalgique et brumeux de Brian Wilson à l’ambient vaporeuse de Brian Eno : deux terreaux de prédilection pour les pop songs d’amoureux bafoué du songwriter Lone Pigeon dont l’obsession pour les 70’s apparaît ici comme l’ultime preuve d’inadaptation à une société obscène. En témoigne la beauté majestueuse de Theremin et Daffodils, qui sauvent à eux seuls l’album de la noyade en lui donnant un petit goût de revenez-y suffisant, de fil en aiguille, à le rendre attachant.
L’alunissage est proche pour les Aliens, dont le nouvel album débarquera le 29 septembre prochain sur leur propre label Pet Rock Records. On ne sait pas encore grand chose sur ce Luna si ce n’est qu’il a été enregistré sur une période de six mois dans un petit village écossais (pays d’origine du trio), qu’il sera précédé du single Magic Man deux (...)
Les Aliens aussi peuvent mourir d’amour. Et quand ils ont la vague à l’âme, ils se déguisent en George Clinton et jouent au frisbee dans l’espace avec leurs vynils des Beach Boys.
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