Associé aux instruments (trompette, percussions et claviers notamment) et au chant volontiers guttural (cf. le martial et flippant One Eyed Man en intro) au Britannique Mark Spybey, ex Zoviet France qui officie depuis un quart de siècle sous l’identité Dead Voices on Air, la tête de pont du label Raumklang Music délaisse son pseudo Tokee (croisé au mastering de plusieurs volets de notre projet IRMxTP et avec un morceau ici) sur cette sortie aux sonorités plus radicales, qui trouve logiquement sa place sur le label électro-indus Ant-Zen.

Le goût du Russe pour une electronica ample et cinématographique donne lieu ici à des atmosphères plus glauques voire funestes qu’à l’accoutumée, à rapprocher davantage de celles de son méconnu side project Massaith. Bénéficiant d’une dimension plus organique que jamais grâce à l’utilisation de field recordings souvent méconnaissables, 123 m évoque tantôt les derniers Coil (l’étrange And What Did You Do Dear Daddy ? avec ses pointes de lyrisme gothique et ses plaintes vocales d’homme-enfant), une ambient rituelle voire tribale finalement proche de certaines ambiances chères à Zoviet France (Timo Clock) ou encore la facette "musique concrète" de Nurse With Wound sur le déstructuré Dub You aux allures de collage fantasmagorique et pulsé... autant dire que les amateurs d’électro expérimentale ne s’ennuieront pas une seconde.

De crescendos dronesques incantatoires et inquiétants (les 13 minutes insidieuses du sommet Thusk, ou le plus rythmique et radiant Flood of Tears) en miniatures dadaïstes et martelés (Body Song), l’album prend ainsi des chemins sans cesse déroutants, terminant sa route sur une intrigante rêverie synthétique hantée par les échos de voix slaves perdues dans les limbes du néant (123 Metres Part Two). Captivant.