Haxo - Freitags Variété EP
Ce premier EP d’Haxo télescope deux types de sonorités qui ne sont pas forcément d’évidents compagnons : les beats électroniques syncopés d’Aurélien, flirtant tantôt avec le dubstep, tantôt avec le breakbeat voire avec les musiques tribales, et la contrebasse de Jeanne. Cette association avait bien fonctionné chez Two Left Ears avec leur glitch-hop baroque et déconstruit, mais ce qui la rend unique ici, c’est la velléité du duo de s’aventurer sur le terrain accidenté d’un dark ambient dronesque et dissonant aux fumerolles industrielles digne de cette pochette où les débris s’empilent dans le paysage inquiétant d’un hangar désaffecté.
1. Forty
2. Krakow Chocolate
3. Redhand
4. C-O
5. Freitags Variété
Freitags Variété, c’est ainsi la rencontre entre le petit monde besogneux du beatmaking, tout de même très DIY ici puisqu’il y est question de boîtes à rythmes et de synthés en lieu et place de logiciels et de laptops, et celui, ouvert aux quatre vents, de l’improvisation ambient et post-classique, une alchimie qui tire son essence de sessions d’impro affinées ensuite en post-production. La grande réussite de l’EP, c’est que tout y est au service de l’atmosphère, une atmosphère anxiogène, insidieuse de par les discordances lancinantes des cordes frottées mais aussi pétrie de mystère, presque mystique dès le minimaliste Forty en intro dont l’assise rythmique convoque une tension désossée, à l’hypnotisme malaisant.
Du futurisme chamanique de Krakow Chocolate, dont les synthés saturés et les polyrythmies tribales ménagent de jolis interstices aux interventions ponctuelles des crins et autres percussions, au final Freitags Variété qui évolue crescendo d’une sorte de darkjazz feutré pour barrissements de cordes et claviers oniriques à un véritable déluge bruitiste et bouillonnant digne de nos chouchous slovènes d’Ontervjabbit, les compositions du duo impressionnent par leur mélange de liberté et de lucidité, toujours conscientes de là où elles souhaitent nous emmener sans pour autant choisir le chemin le plus évident pour s’exécuter.
A ce titre, C/O est exemplaire, linéaire de prime abord mais d’une précision redoutable dans sa construction, laquelle d’une sorte de proto-drum’n’bass patchouli aux cordes pincées se fait de plus en plus magnétique et radiante sous l’impulsion des drones de contrebasse dont la densité envahit peu à peu l’espace sur une ossature rythmique à la Thom Yorke, dont l’effet est démultiplié par cette focale enténébrée. Quant à Redhand, s’il est le morceau le plus ouvertement électronique de cette prometteuse collection malgré des drums très organiques plus proches du clappement de main que du beat IDM typique, il n’en recèle pas moins sa part de noirceur et d’ambiguïté, entre distorsions synthétiques façon Aphex Twin du côté obscur, cordes tapies dans la pénombre et basses fréquences aux vents mauvais.
Fortement conseillé si vous aimez Cut Hands, Nebulo, Sturqen, ce genre de diamants noirs dans une gangue abrasive... d’autant que vous pouvez découvrir cette sortie en intégralité via Soundcloud ci-dessous :
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