Gorillaz - The Now Now
Now is too late. Si vous avez vécu sur une autre planète depuis 18 ans et que vous vous apprêtez à découvrir Gorillaz via ce 6e opus enregistré à la va-vite et publié fin juin après un petit mois de teasing sur les réseaux branchés des gens cool qui n’ont rien à dire (comprendre, Instagram), filez donc écouter Demon Days et remonter à rebours la disco du projet cartooné de Damon Albarn et Jamie Hewlett, ça aura le mérite d’être vite terminé et de ne pas générer d’énorme déception.
1. Humility (feat. George Benson)
2. Tranz
3. Hollywood (feat. Snoop Dogg & Jamie Principle)
4. Kansas
5. Sorcererz
6. Idaho
7. Lake Zurich
8. Magic City
9. Fire Flies
10. One Percent
11. Souk Eye
On va pas être malhonnête, après l’horreur sans nom que constituait Humanz l’an passé avec ses deux morceaux et demi à sauver d’une bouillie électro-disco-r’n’b inconsistante et mal produite, The Now Now nous fait au moins l’agréable surprise de pouvoir s’écouter du début à la fin sans trop forcer, le mérite en revenant surtout à une mise en son léchée de James Ford, dont il est bon de rappeler qu’il fut un temps, avant de laisser Simian Mobile Disco se vautrer peu à la peu dans la médiocrité d’une dance sans élégance ni piquant, un rénovateur dilettante de la pop d’outre-Manche au sein de feu Simian tout court.
Pas de gros changement néanmoins dans la direction empruntée par la formation depuis une petite dizaine d’années (en gros, l’exutoire à vulgarités en tous genres du leader quinquagénaire de Blur pourtant fabuleusement inspiré en solo), le seul groupe virtuel de l’histoire de la musique a avoir su générer plus d’enthousiasme chez les hipsters depuis qu’ils font de la daube racoleuse que du temps où ils sortaient encore de vraies chansons aux métissages jubilatoires et désarmants (en gros, Plastic Beach avait sonné le début de la fin) continue à bégayer entre hommages dance en toc au pire des années 80 (Humility, avec le guitariste jazz George Benson dans la fonction habituelle de l’invité inutile), new wave exagérément glam qui nous rappelle aux heures les plus dégradantes de Bowie (Tranz), néo-G-funk lascif aux synthés aguicheurs avec Snoop Dogg dans son rôle récurrent du chien en chaleur (Hollywood), ersatz de synth-pop funky-ringardos à la George Clinton sans le sou (Kansas, et son vrai-faux remix caché Sorcererz dans la foulée) ou mix informe d’un peu tout ça (Lake Zurich).
Pas de vraie bouse cette fois au moins, pas non plus d’Ascension ou d’Hallelujah Money pour relever le niveau mais un vrai bijou de deux minutes et demie qui n’avait rien à foutre là, ce One Percent aux faux-airs de chute d’Everyday Robots. Mais alors à part ça, peau de zob. Même pas quand l’acoustique qui seyait si bien au projet du temps des chefs-d’œuvre à tiroirs Feel Good Inc. ou All Alone reprend les devants sur un lit de synthés cosmiques qui ont le mérite de bien sonner, le temps d’un Idaho malheureusement assez ennuyeux. Et non, même pas quand les mélodies et la mélancolie reviennent vaguement d’entre les morts en fin d’album - de la guimauve futuro-slow-jam Fire Flies au fourre-tout Souk Eye avec ses allures d’Abba déglingué, en passant par l’honnête Magic City... sauf que la magie ça n’a pas plus trop d’effet quand on connaît le truc.
Et pour ceux qui pensaient que l’aspect visuel de l’affaire était encore capable de rattraper le reste, la preuve en images. Mais quelle mocheté franchement, il déconne pas un peu, là, le Jamie De Caunes ? Il est passé où le graphiste et vidéaste du classieux Clint Eastwood ? Enterré sans doute avec son leader dans la tombe d’une gorille zombie à attendre en vain le retour de la fonk...
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