Kristin Hersh - Learn to Sing Like a Star
1. In Shock
2. Nerve Endings
3. Day Glo
4. Christian Hearse
5. Ice
6. Under the Gun
7. Piano 1
8. Sugarbaby
9. Peggy Lee
10. Piano 2
11. Vertigo
12. Winter
13. Wild Vanilla
14. The Thin Man
Sortie le : 5 février 2007
Voilà 4 ans que Kristin Hersh n’avait pas publié d’album sous son nom. Quatre années qu’elle a consacrées à son groupe punk-rock 50FootWave. "Il y a beaucoup de choses en Amérique en ce moment qui donne envie de crier", explique-t-elle. "Alors j’ai passé quatre ans à crier."
Non pas que Learn To Sing Like a Star , nouvel opus solo au titre ironique, soit un album méditatif et dépouillé comme l’était son prédécesseur The Grotto . Bien au contraire. Chaque titre est habillé pour l’hiver. Le son est plein, riche, parfois majestueux, les arrangements magistraux. On s’étonnera d’autant plus d’apprendre que, comme en 2001 sur Sunny Border Blue , Kristin Hersh a pratiquement tout fait toute seule. Elle joue de tous les instruments à l’exception de la batterie (tenue par le batteur de Throwing Muses, David Narcizo, dont on reconnaîtra les fameuses interventions millimétrées, en particulier sur des titres lents comme Ice ou The Thin Man) et des cordes. Et quelles cordes.
Car ce qui fait largement l’identité sonore de Learn To Sing Like a Star , c’est l’intervention des McCarrick - duo constitué de Martin McCarrick au violoncelle et de sa femme Kimberlee au violon. Tantôt urgente, tantôt poignante, elle ajoute aux chansons une touche de passion supplémentaire. On se souvient des bouleversantes interventions du violon d’Andrew Bird transfigurant Deep Wilson sur The Grotto . Imaginez cet effet multiplié par onze chansons. Certes, nous n’irons pas jusqu’à prétendre que l’on touche au sublime à chaque fois. Mais il y a ici, de la valse mélancolique Ice à Nerve Endings et son violon déchirant, en passant par le final de Peggy Lee où se mêlent les arpèges de guitare, le continuo moelleux du violoncelle et le chant du violon, largement de quoi coller le frisson à une colonie de manchots empereurs blasés.
Ecrit, produit, interprété et presqu’entièrement joué par Kristin Hersh, Learn To Sing Like a Star suinte l’assurance par tous les pores. Il y a quelque chose de souverain, d’imposant dans l’apparente facilité avec laquelle elle domine son sujet. Mais qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas l’album d’une femme apaisée ou même satisfaite. Car l’art naît de la misère, disait le poète. Le propre de l’artiste est justement de transmuter sa douleur en beauté, voire de la retourner complètement pour créer quelque chose qui donne de la joie.
Qu’on en juge avec le hargneux Day Glo qui évoque la période de dèche noire vécue par la famille de Kristin Hersh après l’inondation de sa maison, dans laquelle elle a perdu l’essentiel de ses possessions. Le refrain fait allusion aux vêtements fluo piochés dans les boutiques de charité, qui n’empêchent pas les pauvres d’être invisibles.
Souvent cryptiques, les paroles sont ainsi semées de vignettes saisissantes qui marquent l’esprit sans qu’on soit sûr de tout à fait en comprendre le sens : "The lizard looking up at me is so goddamn Disney" lance-t-elle par exemple dans l’excellent Under the Gun. Des titres comme celui-ci ou comme Peggy Lee nous font irrésistiblement penser que Kristin Hersh pourrait être une reine de la "power pop", si de telles considérations avaient un sens pour elle.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur cet album, sur le fragile Vertigo, ballade folk qui touche au coeur sans effort apparent, sur le grondant Winter, ses cloches presque menaçantes et son refrain autoritaire, peut-être le titre le plus représentatif et le plus imposant de l’album avec le single introductif In Shock, sur le tonique Wild Vanilla" qui tisse un hypnotique tapis de guitare réverbérée comme pour illustrer le vers mystérieux "You messing with my head makes a terrible noise"...
Le final est tout simplement magnifique, avec un The Thin Man contemplatif dans lequel Hersh chante "You rub your hands together, sparks fly"... Et l’on quitte cet album convaincu qu’elle n’a pas fini de faire des étincelles.
Au terme de ce bilan de l’année 2010, j’ai bien failli décider de m’exiler en Islande pour être aux premières loges lorsqu’un artiste émerge. Et, aux vues de mes écoutes de dernière minute, je ne peux m’empêcher de penser que nous passons sans doute à côté de sacrés grands albums.
Quinquagénaire depuis quelques mois, l’ex-chanteuse des Throwing Muses prend le temps de s’arrêter pour faire le point et dévoile Wyatt At The Coyote Palace, oeuvre gargantuesque puisqu’elle prend la forme d’un livre appuyé par un double album.
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