Spain - Carolina

1. Tennessee
2. The Depression
3. Apologies
4. Lorelei
5. One Last Look
6. In My Hour
7. Battle Of Saratoga
8. Starry Night
9. For You
10. Station 2

2016 - Glitterhouse

Sortie le : 3 juin 2016

Cela commence par un peu de chagrin, l’Amérique

Deux ans après un Sargent Place qui marquait les limites de l’inspiration électrique du combo avec une nette baisse de régime côté songwriting (surtout en milieu de disque) en comparaison de l’excellent The Soul Of Spain - album du grand retour qui s’avère quant à lui encore plus endurant qu’on l’espérait -, Josh Haden et sa bande reviennent aux racines de leur musique sur ce Carolina aux allures de classique instantané.

Classique avec un grand C comme l’americana qui infuse la plupart de ces 10 pépites aux textes de toute évidence très personnels comme en atteste le portrait pastel du chanteur et songwriter Josh Haden en cover de ce sixième opus, jusque dans leur background ancré dans les ravages de la Grande Dépression durant laquelle a grandi son grand-père. Un portrait bleuté comme les bleus à l’âme que se traîne le Californien depuis le cultissime The Blue Moods of Spain de 1995, mais cette fois exit le jazz feutré et le gospel neurasthénique, on est dans la folk et l’alt-country pur jus (The Depression, One Last Look) avec pour climax le superbe Station 2 où se révèle avec une bonne dose de regrets et de mélancolie le spectre de la Caroline du titre.

Un amour laissé derrière soi qu’on ne parvient pas à oublier en dépit des années qui passent, ce qui ne sera heureusement pas notre cas avec Spain puisqu’avec des morceaux aussi déchirants que la complainte nashvillienne Tennessee armée d’un vieux bottleneck bluesy (Haden y prend quelques intonations étonnamment proches d’un Michael Stipe), la nostalgique ballade piano/guitare Apologies où les délicates harmonies vocales de la sœurette Petra Haden font merveille, le countrysant In My Hour qu’elle enlumine cette fois de son violon fervent ou encore la marche tragique de Battle of Saratoga où les cordes se font nettement plus désespérées, on n’est pas prêt d’abandonner les auteurs dI Believe sur le bord d’une route poussiéreuse de l’Amérique profonde.

D’ailleurs, même l’électricité trouve un regain d’ardeur sur l’irrésistible Lorelei et l’intense For You, deux autres sommets plus courts et efficaces mais non moins vibrants d’un album qui nous suivra sans doute de très près de cette année.


( RabbitInYourHeadlights )

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