A lire tous ces titres en latin on pourrait se croire à la messe, mais les field recordings ne trompent pas plus que l’artwork désolé d’Ilya Smeh, cet office là se déroule à ciel ouvert à l’approche du jugement dernier et n’a rien de bien dogmatique.

En plein rattrapage d’avant bilan, impossible de laisser passer ces deux nouveaux sommets du Russe Ivan Gomzikov, "un parmi la foule" des soundscapers ambient adeptes de la béatitude et de l’enivrement pour faire référence au titre du premier des deux albums qui nous occupent ici, disque-fleuve déroulant ses drones liturgiques et autres voiles vaporeux aux confins du rêve et de l’abandon sur plus d’1h45 de communion avec le saint esprit, celui qui réside paraît-il dans chaque atome de chaque cellule de la nature qui nous entoure. Amen ?

Mais l’auteur de Fragment Of God et Subtile Corpus a ce petit quelque chose qui élève les grands musicien au-dessus du tout-venant, en l’occurrence un souffle en clair-obscur, une dimension inquiétante à la frontière du dark ambient qui s’exprime sous couvert de volupté au gré des marées insondables de l’imposant Speculum ci-dessus ou encore sur le plus élégiaque et crépusculaire Anima Et Spuma, "l’âme et la mousse" glorifiant la fin de toute chose dans un même élan mystique vers l’apaisement et le salut sur fond de beats étouffés et d’idiophones ballottés par le vent :