Elysian Fields - Café de la Danse (Paris)
le 3/05/2006
Elysian Fields - Café de la Danse (Paris)
Il y a des concerts que l’on voudrait garder rien que pour soi, des moments quasiment d’intimité, mais que l’on a envie de partager afin de donner envie à d’autres de le vivre ou le revivre à leur tour. Ce concert d’Elysian Fields en fait partie, il s’agit d’un moment que je ne suis pas prêt d’oublier, d’ailleurs il s’est déroulé il y a quelques semaines, et je m’en souviens comme si c’était la veille. Je peux encore me rappeler cette ambiance si particulière et intimiste du Café de la Danse, cadre parfait pour un tel groupe, une salle qui privilégie la hauteur à la profondeur, permettant aux spectateurs (même assis) d’être au plus près des artistes.
Ainsi, c’est sur une scène décorée de quelques pans de rideaux que le duo New Yorkais se produit, accompagné ce soir-là du pianiste Thomas Bartlett qui a participé à l’enregistrement de leur dernier album, le superbe "Bum Raps & Love Taps". La salle est comble. Et c’est justement ce musicien qui entre le premier et s’installe devant un piano à queue pour une introduction mélancolique sur laquelle Jennifer Charles, arrivée discrètement entre temps, va poser sa voix suave et délicate. Le guitariste et multi-instrumentaliste Oren Bloedow les rejoindra ensuite sur le morceau suivant. Le rêve peut donc commencer.
L’atmosphère est vaporeuse et cotonneuse, la lumière tamisée, une impression de se retrouver dans un piano-bar dans les années 50, sentiment de plonger dans une autre époque sans doute renforcé par les tenues de nos hôtes : une légère robe noire à pois bleus classique avec de hauts talons pour Jennifer, telle une chanteuse de cabaret, Oren ayant choisi costume rétro et casquette irlandaise. La musique du groupe n’y est pas étrangère aussi, elle est teintée de jazz et de blues sur laquelle Oren nous rapproche d’un temps un peu plus proche avec un jeu de guitare plus rugueux et arty, proche du Velvet Underground.
Elysian Fields a préféré faire ce soir, un concert minimaliste et sans superflu, en formation restreinte. La plupart des titres ne sont joués qu’au piano accompagné par la guitare électrique ou la basse d’Oren. Pas de boite à rythme et seulement sur quelques morceaux, de la batterie que joue Oren, tout en continuant à gratter sa 6 cordes. Original et efficace. Il est vrai que le son du groupe s’en ressent forcément, le tempo est lancinant et étiré. Certains pourront dire que cela manquait de rythme, surtout si l’on ne réussissait pas à rentrer dans cet univers sombre et charnel.
Et c’est vrai qu’au début, je fus un peu déconcerté, mais en fait je n’ai pas pû résister longtemps au charme et surtout au chant de Jennifer qui pourrait telle une sirène attirer et faire échouer tous les marins à ses pieds. Je buvais ses paroles, incapable du moindre mouvement, écoutant sa voix sensuelle et mélancolique. Peut-être, ai-je entraperçu cet endroit que sont les Champs Elysées où les héros et les poètes grecs se reposaient après leur mort ? Qui sait ? En tout cas, le groupe a joué la quasi-intégralité de leur dernier opus et conforte mon opinion que celui-ci est bien le meilleur. Ils ont notamment enchainé superbement en guise de rappel ’When’ et ’Lions in the storm’, c’était simplement beau.
Etrangement, le groupe a fait l’impasse sur ses premiers albums (à l’exception de ’Rolling’), choisissant seulement les titres plus récents de ’Dreams that breathe your name’ comme ’Baby get lost’ et ’Shrinking Heads in the sunset’. Le groupe était content de revenir sur Paris, et les sourires, les regards entre eux montraient que la complicité du duo est restée intacte malgré leur séparation en dehors de la scène. Le groupe nous délivra aussi quelques morceaux inconnus, peut-être des nouveautés ou des projets parallèles dont une reprise de T-Rex ’Planet Queen’.
Le moment de grâce touchait à sa fin avec le sublime et dernier morceau ’We’re in Love’ sur lequel l’envoûtante Jennifer est sortie discrètement de la scène alors que Oren continuait seul à la guitare pendant plusieurs minutes et finissait par quitter les planches lui aussi tout en continuant à jouer alors qu’on ne le voyait plus. Ils ne reviendraient plus, et pouvaient apprécier les applaudissements dans leur coin. Il ne restait plus de notre côté qu’à partir, en déambulant dans les rues de Paris, par une douce nuit printanière.
Au fait, j’en ai presque oublié de vous parler de This is the Kit, un duo des plus sympathiques qui nous a proposé une folk bancale et raffraichissante, voire expérimentale. J’avais déjà eu l’occasion de faire connaissance avec eux lors du concert de The National, et j’avais bien apprécié. Si vous ne les connaissez pas, voila une petite présentation, le groupe est composé de Kate Stables et notamment de Jesse D. Vernon chanteur de Morning Star. Ils se sont installés depuis quelques mois sur Paris, et y font donc pas mal de
concerts. Jesse accompagne au banjo, à la guitare et aux percussions la chanteuse guitariste qui a une voix fort agréable (peut-être trop forcée ce soir-là), timide et réservée, qui semble presque s’excuser de sa présence en souriant. Peut-être une sortie d’album prochainement, à suivre...
Liens :
http://www.elysianmusic.com
http://www.myspace.com/elysianfieldsnyc
http://thisisthekit.co.uk
http://www.myspace.com/thisisthekit
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