Le streaming du jour #1363 : Elysian Fields - ’Ghosts of No’
Où les Enfers Élyséens de la tentation mainstream nous rendent enfin nos héros, et dieu sait qu’après deux ratés les amoureux transis de la suave Jennifer Charles sauront savourer le petit miracle d’une réhabilitation que l’on imaginait déjà autrement compliquée.
Ça fait toujours plaisir de voir un groupe se tirer aussitôt du faux-pas dans lequel il s’était fourré. D’autant plus quand le groupe en question s’appelle s’appelle Elysian Fields et incarnait jusqu’au génial The Afterlife la classe absolue d’un rock atmosphérique sensuel et lynchien teinté de jazz ambivalent et de cabaret noir. Le faux-pas en question ? Ce Last Night On Earth americana qui entre deux blues plus mélancoliques ou déhanchés s’avérait bien trop light et franc du collier pour ne pas lorgner sur le radio friendly, qu’allait carrément embrasser dans la foulée un For House Cats And Sea Fans mièvre et peu inspiré jusque dans ses trop rares incursions piano bar... plus de quoi qualifier les auteurs de Bleed Your Cellar de "noir rock" malheureusement, loin s’en fallait.
Et pourtant la chanson Madeleine, au lyrisme plus nuancé dans la droite lignée de la pop jazzy délicatement décadente et déglinguée du sus-nommé The Afterlife, jouait il y a deux ans les réflexes de Lazare d’une formation bien trop élégante et singulière pour être à l’abri d’une résurrection. C’est chose faite donc, timidement certes mais quand même, avec Ghosts of No dont les incursions folk se font de nouveau plus sombres et capiteuses, d’un Bird In Your House paré de chœurs fantomatiques au crépuscule western de l’intime Crossrail Drive, tandis que le single Rosy Path parvient finalement à parer d’une tonalité plus pop et lyrique l’art rock de bastringue lascif et hanté du groupe sans le dénaturer.
Pour le reste, ce huitième opus en tout juste 20 ans lorgne plus ouvertement que jamais sur la dream-pop, du ouaté The Animals Know au plus électronique et dynamique Mess Of Mistakes armé de beats presque chillwave (mais qui n’en fait pas moins la part belle au piano le temps d’un break neurasthénique à souhait), sans pour autant rompre avec son passé comme en temoignent le jazz doucement baroque de Cost Of Your Soul (The Afterlife n’est pas loin, de même qu’avec la mélodie de l’excellent Higher Power) ou les riffs plus proéminents de The Magician convoquant Bum Raps & Love Taps.
Autant dire que le chant de Jennifer Charles, culminant dans la séduction cotonneuse et bluesy d’une profession de foi tardive nommée... Elysian Fields où la guitare d’Oren Bloedow ose s’accoquiner avec les sinuosités mélodiques de Tortoise sans avoir l’air d’y toucher, est la seule constante tout à fait égale à elle-même dans l’excellence et c’est tant mieux, de la part du duo new-yorkais (accompagné tout de même ici d’une bonne quinzaine de musiciens additionnels) qui ne semble s’être relevé que pour mieux continuer d’avancer.
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