Moonjellies - Inner Anger Feather
Un nom de méduse répugnante pour un groupe qui, de fait, porte bien mal son nom. Car la musique de Moonjellies n’a absolument rien de répugnant, bien au contraire. Accessible et pur, le son de cette bande de tourangeaux dégage une douceur naïve dont on ne se lasse pas.
1. Meeting Place
2. You Don’t Have To
3. Come Across Your Shade
4. No Better Side Of The Road
5. Night Of The Chinese Plastic
6. Man In A Crowd
7. Stars Above You
8. Pauline
9. Sunrise
10. Summer Dress
11. Whispering Stone
12. Black Cloud
Cet index intriguant sur la pochette de l’album, que même Damien Morisseau et Julien Schmidt, les deux leaders-compositeurs de la formation n’arrivent pas à justifier fermement, nous indiquerait la direction du disque ? De ce disque situé à l’intérieur de cette pochette, et que quiconque gagnerait à poser de toute urgence sur sa platine ? Sans doute pas. La modestie et la simplicité de Moonjellies a certainement empêché ce raisonnement de germer dans leurs crânes pourtant productifs. Qu’importe si là n’était pas le but de cet index, le disque est posé depuis bien longtemps sur la platine...
Et si certains albums prennent du temps à se mettre en route, ce n’est certainement pas le cas d’ Inner Anger Feather. En effet, dès la première seconde, on craint le pire avec ce chant inquiétant sur Meeting Place. Fausse alerte. La batterie arrive, la guitare aussi, et on tient là une belle ouverture d’album.
Et la suite ne viendra pas anéantir nos espoirs naissants quand à la qualité du disque, malgré quelques morceaux plus décevants (on pense à Stars Above You). Moonjellies prétend puiser son inspiration des sixties, et s’en trouve souvent réduit à une jolie digestion de l’influence des Beatles et des Kinks. Bien réducteur. La musique des tourangeaux est bien plus moderne qu’elle n’en a l’air. On lui concèdera néanmoins une qualité de simplicité dans les mélodies, d’où un rapprochement envisageable, sans pour autant le juger forcément convenable, avec les Beatles.
Au contraire, c’est plutôt dans les années 90 et 2000 que l’on trouve des comparaisons plus évidentes avec la musique de Moonjellies. On pense à Elliott Smith d’abord, période Either/Or / XO, dont l’influence est évidente sur certains morceaux parfaits sur le plan mélodique et aux rythmes modérés comme Whispering Stone ou Man In A Crowd, véritable sommet de l’album.
Moins en retenue, d’autres morceaux comme Come Across Your Shade ou No Better Side Of The Road font davantage penser à Oasis. Période Definitely Maybe évidemment, afin que l’on ne puisse douter du compliment qui se cache derrière cette comparaison. Sur Summer Dress, on croirait presque reconnaître la patte Liam Finn, voix mise à part naturellement. Mais ces choeurs, ces changements de rythme et ce dynamisme tout au long du morceau n’en sont pas moins frappants de ressemblance. Voix exceptée également, le Black Cloud final ou même à un degré moindre, l’interlude Night Of The Chinese Plastic ne dépareilleraient pas sur le récent End Times de Eels. Guitare acoustique et voix dépouillée pour le premier, piano mélancolique sur le second, dans des tonalités proches de celles affectionnées par Mark Oliver Everett, la recette n’est pas si éloignée.
Mais tout cela n’en reste pas moins réducteur, la musique de Moonjellies ne se résumant pas à une somme d’influences plus charmeuses les unes que les autres - la liste serait de toute façon trop longue, on évoquerait alors Nick Drake, Midlake, voire même les Tindersticks - mais se distinguant par une réelle capacité à créer des chansons capables d’entraîner l’auditeur dans un autre monde. Celui de Moonjellies. Cet index intriguant désignerait-il alors le chemin à suivre pour y accéder ?
Auteurs l’an passé du remarquable Inner Anger Feather, les Tourangeaux de Moonjellies méritaient bien que l’on s’attarde davantage sur eux. A l’heure du web 2.0, c’est par échange de mails que se réalise l’entretien. Un usage paradoxal des nouvelles technologies puisque l’on parle ici d’un groupe qui puise ses diverses influences au plus tard dans les (...)
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