Eels - End Times
Il a fallu quatre ans à Eels pour accoucher d’un Hombre Lobo décevant et peu imaginatif. Et à peine six mois plus tard, voici que la bande de Mark Oliver Everett nous propose un nouvel opus. Si ce dernier ne révolutionne rien, il propose néanmoins un contenu bien plus passionnant que son prédécesseur.
1. The Beginning
2. Gone Man
3. In My Younger Days
4. Mansions Of Los Feliz
5. A Line In The Dirt
6. End Times
7. Apple Trees
8. Paradise Blues
9. Nowadays
10. Unhinged
11. High And Lonesome
12. I Need A Mother
13. Little Bird
14. On My Feet
Un nouvel album de Eels, quoi que l’on en dise, cela reste toujours un événement dans une année musicale. Refaire un tour d’horizon de la discographie de la formation californienne serait probablement vain et pourrait même être considéré comme un affront par une majorité de lecteurs sans doute déjà bien au fait du génie de la bande de Mark Oliver Everett. Néanmoins, il sera bien difficile de parler de ce huitième opus de Eels sans le replacer dans la discographie du groupe, qui avait déçu il y a six mois à peine avec un Hombre Lobo sans saveur, à peine sauvé par quelques morceaux efficaces (Fresh Blood, In My Dreams ou Prizefighter).
Un manque d’imagination d’autant plus criant que Eels avait jusque là pris l’habitude de varier les plaisirs sur chacun de ses albums, s’orientant volontiers vers les expérimentations trip-hop ( Electro-Shock Blues ), un retour à du rock progressif ( Souljacker ) ou une folk assagie ( Shootenanny ! ) en maintenant une qualité permanente. Hombre Lobo apparaissait pour sa part comme une compilation de titres reprenant ces diverses influences... en moins bien. Quatre ans pour ce résultat, même les fans les plus compréhensifs ne pouvaient s’en contenter...
Il ne s’agit évidemment pas là de chroniquer Hombre Lobo, mais le grand frère d’ End Times ne le précédant que de quelques mois, il était difficile de ne pas se laisser aller à quelques rapprochements. Et, là où Mark Oliver Everett tentait - en vain - de nous faire croire à un album concept pour Hombre Lobo (se présentant encore plus hirsute qu’à la période de Souljacker dans le but d’un vague rapprochement entre son look et le loup-garou de l’album...), il s’est attaché à réaliser un travail narratif plus cohérent sur End Times, autour de la fin. La fin d’une relation, thème déjà abordé sur plusieurs morceaux par le passé (notamment l’admirable I’m Going To Stop Pretending That I Didn’t Break Your Heart sur Blinking Lights And Other Revelations ), et la fin de vie, thème moins redondant dans la discographie du groupe (celui de la mort y étant en revanche récurrent, mais il convient de nuancer ces deux thèmes). C’est d’ailleurs un Mark Oliver Everett vieillissant et en fin de vie qui est représenté sur la pochette de l’album.
Mais parlons à présent du contenu de ce disque. Il s’agit sans doute là de l’album le plus intimiste de la discographie de Eels. Les ballades sont nombreuses, la mélancolie est omniprésente, mais E prend soin de ne pas tomber dans le larmoyant. Mark Oliver Everett n’est pas du genre joyeux, il ne cherche pas à faire illusion à ce sujet, pas plus qu’il ne souhaite qu’on s’apitoie sur son sort. Difficile de ne pas résister au charme des compositions simples (et pas simplistes) de l’américain. Mais si cet album a son identité propre (grâce à sa réelle cohérence), on mentirait en prétendant qu’il permet à Eels d’explorer une nouvelle fois de nouveaux horizons. On se situe souvent entre les pépites sucrées de Daisies Of The Galaxy et le blues épuré de Blinking Lights And Other Revelations (Apple Trees reprenant sensiblement le thème éponyme de cet album justement).
Et si parfois la machine s’emballe (Gone Man, Paradise Blues, Unhinged), ce n’est qu’une façade afin d’éviter toute redondance. Ces morceaux plus dynamiques, à l’exception peut-être du dernier cité, ne sont pas les plus grandes réussites de l’album (on préfèrera la douceur de Little Bird en clip ci-dessous, A Line In The Dirt ou Mansions Of Loz Feliz), mais s’avèrent précieux pour sa cohérence. Sur ce disque centré autour de la fin de vie, et les bilans qui vont avec, est-ce un simple hasard ou un clin d’œil malicieux que de voir apparaître quelques références à son premier opus et plus grand succès populaire ? Toujours est-il qu’A Line In The Dirt sent bon le Beautiful Freak (le morceau éponyme de l’album), et qu’on retrouve certains instruments plus en retrait depuis ce premier succès, comme l’harmonica faisant alors fureur sur Guest List, et utilisé avec brio sur Nowadays. En ajoutant à cela un agréable morceau d’ambiance déroutant (High And Lonesome), Eels, sans s’orienter vers de nouvelles inspirations, a su nous rassurer après Hombre Lobo.
Cet album ne nous fera donc pas mentir, un album de Eels est, et restera toujours, un événement spécial dans une année musicale...
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