The Decemberists - The Hazards of Love
Connaissez-vous l’histoire d’un amour impossible entre une jeune demoiselle de la ville et une créature fantastique vivant au cœur de la forêt ? Un couple improbable dont la délicate liaison est menacée par un personnage diabolique, au cœur d’une histoire pleine de romantisme et d’émotion. Non, nous n’avons pas décidé de venir vous conter l’histoire de Shrek, mais aussi surprenant que cela puisse paraître c’est bien de ce genre de tableau dont il est question dans le cinquième album de The Decemberists.
1. Prelude
2. Hazards of Love 1
3. A Bower Scene
4. Won’t Want for Love
5. Hazards of Love 2
6. The Queen’s Approach
7. Isn’t It a Lovely Night ?
8. The Wanting Comes in Waves / Repaid
9. An Interlude
10. The Rake’s Song
11. The Abduction of Margaret
12. The Queen’s Rebuke / The Crossing
13. Annan Water
14. Margaret in Captivity
15. Hazards of Love 3 (Revenge !)
16. The Wanting Comes in Waves (Reprise)
17. The Hazards Of Love 4 (The Drowned)
On les connaissait fantasques, mais sûrement pas encore à ce point. Leur précédente réalisation aurait toutefois pu nous mettre la puce à l’oreille si on se rappelle The Island : Come and See ; The Landlord’s Daughter ; You’ll Not Feel the Drowning, titre enregistré à la manière d’un mille-feuille, d’une durée proportionnelle à son intitulé, et qui avait à l’époque participé à diviser les opinions quant à The Crane Wife le successeur du très apprécié Picaresque. Probablement quelque part assez fiers de leur prouesse, c’est sur l’intégralité de ce nouvel album que la bande à Colin Meloy a décidé de renouveler l’expérience. Rassemblant 17 compositions, pour pas moins de 59 minutes d’épopée intense sans la moindre coupure, c’est donc en opéra rock que prend forme ce conte musical permettant à la bande de Portland de concrétiser ses idées les plus folles. Et si la démarche peut en dérouter un certain nombre, notamment ceux qui avaient déjà quelque peu grincé des dents à la sortie du précédent opus, c’est sans contestation aucune que l’on peut constater la formidable homogénéité dont fait preuve The Hazards of Love. Profitant de la répétition de thèmes mélodieux et d’une trame narrative où les personnages imaginés prennent vie par le biais des participations de Becky Stark (Margaret) et de Shara Worden (la reine), ce projet aventureux tient parfaitement la route malgré les risques qu’il comporte et repose sur un solide fil rouge qui unifie l’ensemble.
Les américains ont vu les choses en grand, et pour être à la hauteur de leur ambition ont dû s’armer d’un arsenal d’instruments permettant la meilleure distinction des thèmes abordés. Ne pouvant faire les choses qu’à moitié, les grosses guitares sont de sortie sur A Bower Scene ou The Queen’S Rebuke/The Crossing et offrent un contraste fort avec les moments plus lumineux mis en scène, comme cette ballade délicate et touchée par la grâce qu’est Isn’t it a Lovely Night ?. The Decemberists tentent un grand écart inédit dans leur discographie, et si le côté rock du groupe s’alourdit fortement par moments, la puissance dégagée ne déstabilise pas pour autant Colin Meloy dont le chant ne vacille ni dans la force, ni dans la douceur. L’exercice déployé oblige à la déclinaison de morceaux en divers épisodes comme avec le titre éponyme et même si la chose est poussée assez loin en fin d’album, l’effet de répétition est suffisamment atténué par l’effort de relecture pour y trouver de l’intérêt. Autre thème à subir ce traitement de faveur et dont les accents se font entendre à multiples reprises, notamment dès le prélude nappé d’orgue et de synthés, The Wanting Comes In Waves apparaît comme la véritable pièce maîtresse de l’œuvre et impose toute sa classe sous sa forme la plus allongée en plein cœur du disque. Essayez un instant de vous imaginer ce que pourrait donner une éventuelle association avec les voisins canadiens Arcade Fire s’ils essayaient en commun de donner naissance à une sorte de Paranoid Android hybride et vous parviendrez peut-être à obtenir un avant-goût de ce morceau de bravoure. Au final, l’intensité déployée ne faiblit que rarement, relancée à diverses reprises par d’autres titres robustes comme Won’t Want For Love, The Rake’s Song ou Annan Water.
Les amateurs de simplicité passeront probablement leur chemin face à cette œuvre démesurée, même s’il est bon de préciser que les interventions féminines apportent une véritable bouffée d’oxygène à un ensemble qui aurait pu, sans cela, devenir indigeste. Les autres trouveront peut-être en The Hazards of Love le bénéfice d’une création lyrique singulière, pleine de sens, aux ornements orchestraux particulièrement riches et se savourant un peu à la manière d’un film avec le plaisir de s’attacher progressivement aux éléments récurrents.
A l’heure où l’on commence à s’inquiéter de l’avenir du concept même d’album, The Decemberists nous apportent une raison supplémentaire de croire que celui-ci aura toujours de bonnes raisons d’exister. The Hazards of Love dévoile toute sa magnificence exclusivement à qui l’écoutera d’un seul bloc et dans l’ordre établi, bien aidé par des enchaînements toujours très travaillés. En ce sens cet album réalise une sorte de pied de nez à qui voudrait enterrer nos belles galettes pour nous proposer un autre mode de consommation musicale où désunions et lectures aléatoires seraient rois.
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