Depuis deux ans déjà leur nom est sur les lèvres de tous les décideurs de la Bay Area et régulièrement à l’affiche des magazines branchés de la Cité des Anges, qu’il s’agisse de musique ou de sportswear : U-N-I, le duo hip-hop non signé le plus hype de Los Angeles, découvert en 2007 avec l’excellent Fried Chicken & Watermelon, prépare son grand retour label ou pas dans le courant de l’année.
Premier coup de semonce des deux MCs Thurz (pour Thurzday) et Y-O, un très bon mixtape de près de 80 minutes intitulé Before There Was Love, concocté avec l’aide de l’omniprésent Mick Boogie et virtuellement offert ici (ou pourquoi pas ici et là si vous préférez) : 22 chansons et de nombreux intervenants au micro (Talib Kweli, Aloe Blacc, El Prez...) comme derrière les manettes, mais on retiendra surtout une majorité de productions par Ro Blvd vraisemblablement destinées pour la plupart au nouvel album, ou signées Dibia$e qui s’était chargé de trois des morceaux les plus réussis de l’opus précédent et dont on retrouve avec un plaisir intact les excitants Castle Vee (alias Castlevania) et Beautiful Day en versions remixées.
Suivra l’album A Love Supreme, produit par Ro Blvd donc, et qui pourrait à l’image du mixtape se voir distribué gratuitement sur internet. Encore un point supplémentaire pour ce duo résolument indépendant - au point même d’en perdre son job de statisticien pour Thurz à force de temps passé sur le net au bureau l’an dernier pour promouvoir sa musique via okplayer.com et myspace - qui même courtisé de toutes parts ne perd pas de vue l’essentiel. Biberonnés à De La Soul, A Tribe Called Quest, Souls Of Mischief, Nas ou le Wu-Tang dont ils reprenaient en 2007 le séminal C.R.E.A.M. transformé pour l’occasion en un K.R.E.A.M. (Kicks Rule Everything Around Me) délicieusement ironique et groovy, Thurz et Y-O ont en effet su ramener le meilleur des Côtes Est et Ouest dans leur fief d’Inglewood pour les plier à l’inventivité presque naïve de leur approche pop et à leurs thèmes de prédilection, des plus existentiels au plus triviaux mais toujours traités avec le même humour et la même générosité : en vrac, l’amour, les relations sociales, les jeux vidéos, le charme des demoiselles un peu enveloppées, la violence de plus en plus absurde des jeunes élevés au gangsta rap, les lap-dances ou encore sur le nouvel album, les actrices noires ou la récession économique qui fait rage.
Et autant dire tout de suite qu’entre l’hommage classieux du titre à John Coltrane et une maturité d’écriture annoncée, on l’attend de pied ferme cet Amour Suprême, même si les deux extraits hors-mixtape en écoute sur myspace, Hollywood Hiatus et Calendar Girls, ne sont pas encore prêts de nous faire oublier l’emballant The Show ’07 ou encore le kaléidoscopique Soul Hop, en clip ci-dessous :