Interview en short : She Demons
Je m’engage ici, le groupe lyonnais She Demons sera la révélation française de 2009. Il faudra danser nu dans la ville pour obtenir une place à l’un de leurs concerts, il faudra coucher avec un(e) fan hystérique pour obtenir le fameux premier album. En attendant ces réjouissances, venez découvrir le pourquoi de mon engouement pour ce duo bourré de talent.
Je vais être honnête avec vous, après avoir écouté en exclusivité le premier album de She Demons à paraitre au printemps 2009 : merveille foutraque, bricolée et géniale semble être la première définition qui me vienne à l’esprit. Car pendant que Of Montreal en fait trop, que Blur n’hésite plus à se reformer, que Bowie accuse le poids des ans et que les Beach Boys vendent des compilations en supermarchés, un duo lyonnais se prépare et attend la pression médiatique pour péter les câbles.
A interview exceptionnelle, conditions spéciales : questions courtes et réponses folles.
indierockmag : Louis FORT en short ou Matthieu GONON en bermuda ?
She Demons : Nous sommes comme une hydre à 2 têtes, l’une avec des foulards hippies dans les cheveux et l’autre avec une iroquoise. Elles passent leur temps à se crêper le chignon, cette fois-ci c’est les hippies qui gagnent, mais la prochaine fois, les punks auront leur revanche.
Ni Louis, ni Matthieu, ne représentent l’un ou l’autre des 2 cotés, c’est l’alliance des deux qui fait le monstre.
Mais à choisir, un boxer pour les deux (parfois un tanga quand on est fou fou).
La salsa du démon ou les démons de minuit ?
She Demons est un film de série Z des années 50. Louis avait une collection d’affiches de films débiles, qui pouvaient prétendre rafler l’oscar du nom le plus rigolo. Celui qui nous a flashouillé nos petites mirettes, c’est She Demons (l’affiche, pas le film, qu’on a pas vu parce qu’on s’en fout au fond). De plus ça pète visuellement et puis il y a le côté féminin, c’est toujours les femmes qu’on accuse de tous les maux de la terre alors en gentlemen convaincus on endosse la part diabolique des femmes, ça les décharge, faut bien ça quand on écrit des chansons destinées aux nanas.
Un tube ? Aucun, un tube c’est creux et vide de sens. Un single ? Wake Up Dreamer ! sans doute, ça raconte une série de rêves dans un rêve décrivant une histoire d’amour cucul dont les épisodes sont chacun de ces rêves. Ce pourrait être un tube au premier abord mais la direction certifie qu’il y a plein de sens dedans donc c’est un single.
Arrangés ou dérangés ?
C’est de l’orfèvrerie pop pour les pauvres, très arrangé comme album (pas très punk comme style), on voulait qu’il y ait sans arrêt un truc à écouter à tous les niveaux pour qu’on ait pas fait le tour du disque en deux écoutes. On a mis le lead vocal en arrière, relégué avec les autres instruments pour ne surtout pas sonner comme un disque français. En France l’obsession c’est de surtout comprendre les textes même s’ils sont chiants au détriment des arrangements souvent pauvres et merdiques (même si les textes sont en anglais). Nous on est fiers de nos textes mais c’est surtout la musique et les mélodies qu’on veut mettre en avant, rien à foutre si personne comprend les textes facilement, si ça demeure un mystère pour quelqu’un, ce quelqu’un ira creuser le sens des chansons et se rendra compte qu’on a aussi bossé sur ce plan mais c’est pas la priorité. En gros que quelqu’un viennent nous dire qu’il comprend Thom Yorke du premier coup...
On a notre son, pas enregistré dans un super studio avec un ingé son casse-couilles, mais dans une cave sombre et humide et une piaule dégueulasse. Comme ça on se sent unique (même si on est pas les seuls à faire ça). C’est du Do It Yourself culotté car on a fait comme si on avait pu se louer Abbey Road pendant un an (en ça on est punk, garage punk sixties pour être précis), sans avoir à se fader tout un tas de compromissions qui rendent de nos jours les productions aseptisées. Si le Velvet a un son dégueulasse pourquoi pas nous ?
Beach Boys à la mer ou Bowie à la ville ?
On est des Beach Boys en ville et des Bowie’s à la plage, Get Out In The Rain parle de ça, d’être né loin de chez soi...
On a trop d’influences pour toutes les citer. En gros dès qu’il y a cinq clampins avec une coupe au bol, des pulls col roulé noirs, des Rickenbakers et des Vox AC 30 bourrés de Fuzz, de phasing foireux et de reverbs à ressorts, on est fan, surtout si c’est cucul avec plein d’harmonies et des choeurs (Easybeats, Music Machine, Standells, Zombies pour ne pas citer les plus connus dans la discipline). T’ajoutes à cela Joe Meek (l’homme qui fait des disques dans sa salle de bain), Silver Apples (les mecs qui font n’importe quoi avant tout le monde), White Noise (idem mais en faisant l’amour dans le studio à plusieurs), l’ensemble des tarés allemands du Krautrock en version rock ou électro, Debussy Satie Ravel Varèse Berlioz Pierre Henry et Stockhausen, Villa Lobos, Francisco Tarrega (si on doit s’acheter une respectabilité). Et puis globalement les production Warp Records de la première heure (parce qu’au fond on est des intellos boutonneux avec des corps de rêve). On est Beatles ET Stones à part strictement égale, on est Clapton ET Hendrix à part strictement égale, on est Sex Pistols ET The Clash à part strictement égale, par contre Louis est plus Blur qu’Oasis alors que Matthieu a un faible pour Liam, et puis on est adorateurs de Satan et du Post Punk Indus et on a vénéré Depeche Mode avant même que Marylin Manson ne soit né et s’en occupe (on en a souffert au collège). Slash et Duff sont nos préférés dans les Gun’s. C’est grâce à Duff que Louis à découvert les Ramones et tout ce qui s’est passé au CBGB’s, ce qui nous a rendu fans de Television, Blondie et tout le toutim. Et puis Trent Reznor a une place particulière dans nos petits cœurs meurtris.
1969, 2009 ou 2049 ?
1969, la time machine a foiré et on se retrouve à Lyon (la ville la moins cool du monde même si c’est assez joli) en 2009 ou on a réussi à rapatrier l’estomac de Jimi Hendrix qui nous sert de buvard à chaque veille de la Saint Jean et nous transforme en hydre bionique à deux têtes, sous cette forme la conquête du monde est prévue pour 2049 au vu de la crise qu’essuie actuellement l’industrie du disque.
Lyon en disque ou Paris à la scène ?
Le plus difficile pour nous c’est de s’entendre dire qu’on fait du super bon boulot sans que ça motive particulièrement les troupes. C’est de recevoir un mail d’un distributeur nous disant que si on n’a pas booké 20 dates, fait un clip à nos frais, lancé tout un tas de contacts média presse, imaginé la campagne de promo de A à Z, fait le design du disque, couru nu sous l’arc de triomphe, inventé la télé-transportation, fait une pipe à Mick Jagger, et cuisiné un bœuf strogonov en moins de temps qu’il n’en faut pour dire ouf, fondu le plomb en or et résolu la quadrature du cercle, alors il seront dans le regret de ne pas pouvoir se fendre d’un petit pressage de rien du tout. En gros si on n’est pas absolument autonome financièrement, ils ne nous financent pas. Vu qu’on a toujours tout fait (sauf le mastering) on va continuer, mais ça va prendre du temps, et on pense qu’on va inaugurer l’ère des rockeurs qui arrivent déjà vieux sur le marché avec cinq disques de prêts avant que le premier ne soit sorti, comme ça on décomplexera des générations de baby-boomers qui ont raté leur jeunesse.
Voilà, le ton est donné. Ce sera assurément la surprise de 2009 dans l’hexagone, enfin pas pour tout le monde puisque vous lecteurs aurez déjà eu un avant-goût de l’affaire via leur site officiel ou myspace. Oui, il semble rester un peu de chemin à parcourir (tournée et clip à s’arracher au plus offrant) mais pour un album aussi efficace, nerveusement inspiré, entièrement conçu de bout en bout à deux et empli de mille choeurs et autres strates psychédéliques, d’un point de vue auditeur on pourrait croire que l’essentiel sera bientôt entre nos mains. Le reste est à venir, encore plus fous et je l’espère en short dans les festivals cet été ?
Merci aux She Demons pour leur patience, leurs talents et pour l’année endiablée qu’ils nous préparent.
Site Officiel : shedemons-theband.com
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