100 artistes, 100 albums : les incontournables (Part. 6)
Été 2008, Indie Rock Mag vous propose un dossier incontournable, inédit et indispensable. Prenez un sujet du Forum Indie Rock intitulé "vos 100 meilleurs disques de tous les temps", ajoutez-y une poignée de formules validées par l’INSEE, mixez le tout avec des choix de la rédaction intercalés en parfaite cohabitation et vous voici face à ce que l’on peut considérer comme 100 artistes, 100 albums incontournables (des temps modernes).
25. Pavement - Wowee Zowee (US - 1995)
C’est en 1992 qu’on s’était pris une grande, mais alors grande, claque dans la gueule avec l’EP Watery Domestic. Un son invraisemblable, comme on n’en avait jamais entendu (d’ailleurs Placebo ne se gêneront pas pour piquer la guitare de Texas Never Whispers quelques années plus tard sur Slave To The Wage...) allié à une sensibilité pop doublée d’un foutoir digne des Sonic Youth. Le groupe ne déviera jamais de cette ligne conductrice, même si sur leur chef-d’oeuvre Wowee Zowee, quelques années plus tard, on sent bien que c’est à un vrai groupe cohérent qu’on a à faire, et non plus à des rencontres hasardeuses de gens qui vivent aux quatre coins des States comme à leurs débuts. Stephen Malkmus casse tous les clichés du phrasé pop ou rock en débitant des textes incompréhensibles de façon décousue mais classe, ça couine, ça grince, ça va du grunge à la country, bref, le parfait melting-pot américain, la lo-fi maîtrisée et présentée sur un plateau d’argent, avec un air de ne pas y toucher. On ne saurait que vous recommander toutes les rééditions en double-CD qui contiennent de véritables merveilles.
Lloyd_cf
Dix ans après sa sortie, on commence à peine à mesurer l’influence considérable que In The Aeroplane Over The Sea semble avoir sur la scène folk-rock actuelle. D’Arcade Fire à Beirut en passant par Wolf Parade, Okkervil River, The Decemberists ou Bright Eyes, c’est tout un pan de la musique nord-américaine qui se revendique de ce disque d’à peine quarante minutes qui passa quasiment inaperçu à sa sortie. A l’époque, un petit label confidentiel Elephant 6 basé à Athens en Géorgie et se réclamant de l’héritage de la pop psychédélique des années 60, est à l’origine d’une multitude de formations plus barrées les unes que les autres. Si certaines connaîtront un certain succès (Of Montreal, Apples In Stereo, Beulah...), d’autres sombreront irrémédiablement dans l’oubli comme les fantastiques Olivia Tremor Control. A l’origine de ce collectif né aux débuts des années 90, on retrouve Bill Doss et Will Cullen Hart (Olivia Tremor Control), Robert Schneider (Apples In Stereo) et un illuminé répondant au nom de Jeff Mangum. Après avoir participé à une première mouture d’Olivia Tremor Control, nommé Synthetic Flying Machine, il ne tarde pas à monter son propre groupe Neutral Milk Hotel, accompagné de différents membres du collectif Elephant 6.
Il publiera un premier album On Avery Island en 1996 avant son chef-d’oeuvre In The Aeroplane Over The Sea deux ans plus tard, album dont il ne se remettra probablement jamais. Les critiques de l’époque visiblement à court d’idée qualifieront le disque de « fuzz-folk » mais les quarante minutes gravées ici dépassent l’entendement. Elles sont réfractaires à tous qualificatifs car rarement une musique n’aura été portée par un tel souffle qui peut fasciner autant qu’irriter. Au centre de cette tornade émotionnelle, il y a la voix de Jeff Mangum totalement désinhibée, criarde, qui ne cherche en aucun cas à plaire mais uniquement à servir de vecteur le plus fidèle possible à un flot de paroles surréalistes et désespérées qui visent à retranscrire un défouloir de sentiments à vif, de réflexions fantasmagoriques sur l’amour, la mort ou la religion. A la manière d’un Franck Black, chez Jeff Mangum, la frontière qui sépare la voix du cri semble de plus en plus floue jusqu’à tendre à devenir invisible et abolir ainsi ce qui sépare la simple notion d’expression de la souffrance. Inspiré par la lecture du journal d’Anne Franck, In The Aeroplane Over The Sea va devenir le prétexte à une sorte de quête mentale purificatrice et expiatoire pour Jeff Mangum. « I know they buried her body with others, her sister and mother and 500 families, and will she remember me 50 years later. I wished I could save her in some sort of time machine. Know all your enemies, we know who our enemies are » chante-t-il sur Oh Comely d’une voix remplie de culpabilité. A part peut être sur Astral Weeks de Van Morrison, rarement une voix n’aura ainsi autant été le centre névralgique d’un disque. Son urgence, sa ferveur en font le mur d’une foi indestructible sur lequel viennent inlassablement s’échouer les instruments : des accords de guitare grattés comme des plaies à vif, des cuivres et un accordéon qui s’évertuent à entreprendre un dialogue de sourd, une batterie brinquebalante qui échoue perpétuellement à imposer un quelconque rythme...
L’acoustique chez Neutral Milk Hotel est quant à elle utilisée à contre-emploi, non pas comme un idiome folk mais pour en faire resurgir une urgence et une tension sous-jacente. Tout dans le jeu viscéral de Jeff Mangum tend à s’approcher d’une énergie « électrique » comme avant lui chez les Violent Femmes ou plus récemment chez un groupe comme The Dodos. Mais chez Neutral Milk Hotel, à aucun moment cette énergie ne prend le pas sur l’aspect mélodique des chansons. La chanson éponyme In The Aeroplane Over The Sea ou King Of Carrot Flowers Pt. One sont ainsi des modèles de songwriting, portés par des lignes de voix incroyables sur lesquelles viennent se superposer des motifs mélodiques d’orgue, cuivres ou scie musicale.
Jeff Mangum ne se remettra jamais d’un tel disque, peut-être tout simplement parce qu’il est inconcevable de donner suite à un chef-d’oeuvre comme In The Aeroplane Over The Sea. Après quelques concerts, il mettra fin à l’aventure Neutral Milk Hotel, refusant au passage la première partie de R.E.M.. Prenant le contre-pied d’un disque monolithique comme In The Aeroplane..., il partira sillonner les Balkans pour enregistrer des fragments de musique et de sons divers pour essayer par la suite de façonner des ensembles cohérents. Une façon de repartir de zéro...
Aurélien
24. Ride - Nowhere (UK - 1990)
Le groupe Ride est né en Angleterre en 1988. Il est composé de deux guitaristes chanteurs : Mark Gardener et Andy Bell, du batteur Laurence Colbert et du bassiste Stephan Queralt. Les quatre jeunes âgés de 19 ans, lycéens au North Oxford Art College (établissement pour jeunes issus des quartiers défavorisés) s’imposent rapidement dans un mouvement aujourd’hui disparu (1989-1993) : les "Shoegazers" (littéralement : ceux qui regardent fixement leur chaussures) en référence à leur allure naïve et timide sur scène et leur fâcheuse manie d’être plus préoccupés par leurs pédales d’effets que par le public.
Repéré par le label Creation, influencé par les Jesus And Mary Chain et contemporain de My Bloody Valentine, Ride se verra propulsé au sommet du rock indépendant des années 90 avec son premier album Nowhere. L’histoire de la noisy pop restera à jamais marquée par ce disque mythique tant les mélodies élégantes aux envolées aériennes répondent à la profondeur des titres. Ce véritable mur du son composé de guitares saturées et dissonantes, derrière lequel se cachent des mélodies vocales plus que planantes qui s’entrecoupent de breaks de toute beauté, font de Nowhere un véritable bijou d’une cohérence et d’une constance déconcertante. Il n’y a aucun titre qui surpasse l’autre et on ne peut que vous conseiller de (re)découvrir cet album, emmené à l’époque par son superbe single Vapour Trail :
Iansich
Comment aurait-on pu passer sous silence The Jesus And Mary Chain ? Surtout qu’ils en ont fait du bruit avec la sortie de Psychocandy, un album essentiel qui allait marquer son époque et influencer nombre de groupes. En effet musicalement, ce premier opus est un véritable déluge sonique de larsens et d’effets bruitistes qui impressionne encore aujourd’hui. Au travers de guitares saturées et de murs de sons, le groupe montre un sens inné de la mélodie (qui se confirmera d’ailleurs avec le sublime Darklands dans une veine plus apaisée et les autres albums qui suivront). Avec un côté nonchalant, rebelle et sauvage, ce premier album développe un son brut et crade entre brouillard et clarté qui sera la marque de fabrique du groupe écossais.
Fortement inspiré du Velvet Underground mais également des Beach Boys et de la pop sixties signée Phil Spector, le groupe emmené par les frères Reid s’est fait rapidement remarquer l’année précédant Psychocandy avec le single Upside Down sur Creation Records et surtout des concerts mouvementés qui se terminaient souvent en bagarre et émeute. Même si pour ce premier album, le groupe a quitté le label d’Alan McGee, on peut dire que son influence s’y est largement faite sentir chez les groupes qui en ont ensuite fait partie, de My Bloody Valentine à Ride. En fait, cet album sera le précurseur du mouvement noisy pop qui va suivre. Entre provocation et arrogance, le groupe multiplie les coups de génie avec Just Like Honey, Never Understand ou You Trip Me Up parmi cette quinzaine de titres, qui ne sont pas sans rappeler les ambiances psychédéliques et hallucinogènes sous l’emprise de drogues dont le groupe est amateur.
Et de bruit, il en sera également question en dehors de leur musique, la bande des frangins Reid se faisant souvent remarquer pour ses nombreuses frasques qui feront la joie des tabloïds anglais (les frères Gallagher ou Pete Doherty n’ont rien inventé). A partir du départ de leur batteur Bobby Gillespie qui se consacrera dès lors à Primal Scream, le groupe se calmera quelque peu avec la sortie de son second album qui confirmera tout le talent de The Jesus And Mary Chain. Officiellement séparé en 1998, le groupe est récemment remonté sur scène (avec Scarlett Johansson) et un nouvel album est toujours espéré. Toutefois en attendant, leur esprit est toujours bien présent avec des héritiers tels que The Raveonettes ou Black Rebel Motorcycle Club entre autres.
Darko
23. The Kinks - Are The Village Green Preservation Society (UK - 1968)
En 1968, le tube You Really Got Me pionnier de la disto est déjà loin. Car Face To Face puis Something Else (By The Kinks) ont révélé depuis une toute autre facette du talent de songwriter de Ray Davies avec des pépites du calibre de Sunny Afternoon ou Waterloo Sunset. C’est dans cette veine que s’inscrit tout entier ce Village Vert, album-concept en forme de chronique nostalgique imaginaire de la campagne anglaise où le leader des Kinks, élevé avec son frère et guitariste Dave dans un quartier insalubre de Londres qui donnerait plus tard son nom à un album du groupe ( Muswell Hillbillies ), aurait sans doute préféré passer sa jeunesse loin de la laideur et de la folie du monde moderne.
Davies y laisse une nouvelle fois libre court à ses talents d’observateur social et à son art consommé de la satire de moeurs dont l’humour et l’ironie atteindront des sommets sur la réussite suivante du groupe, le bien nommé Arthur (Or The Decline And Fall Of The British Empire), mais ce sont surtout l’éclat de la chanson d’ouverture éponyme, la ferveur lyrique d’Animal Farm ou la mélancolie douloureuse d’un Village Green très chamber pop ("And Daisy’s married Tom the grocer boy"... la boule dans la gorge assurée à chaque écoute) qui imposent leur marque d’emblée sur ce chef-d’oeuvre intemporel incompris en son temps dont la grande variété d’influences (du blues américain de Last Of The Steam-Powered Trains aux comptines pour enfants sur Phenomenal Cat en passant par la musique latine avec le renversant Monica qui met le même baume au coeur à tous les coups) n’a d’égale que le génie de construction.
Trois pop songs "parfaites" (et quelques autres pas loin de l’être) mais tout sauf lisses dont la formule magique ne trouve guère d’équivalent que dans les plus belles chansons de Love, Bacharach ou Nilsson, tandis que les Zombies et les Beach Boys demeurent sans doute les seuls à être parvenus avec Odessey & Oracle et Pet Sounds à allier avec une telle évidence mélodique richesse d’inspiration et cohérence d’écriture sur la durée d’un album et dans un cadre pop toujours parfaitement accessible.
RabbitInYourHeadlights
A la fin des années 90, Stephin Merritt, personnage fantasque de l’indie rock américain confiné dans l’anonymat malgré une poignée d’albums indispensables ( Holiday ou The Charm Of The Highway Strip ), entreprend un projet quelque peu mégalomaniaque. C’est en assistant à un concert dans un piano-bar gay de Manhattan que lui vient l’idée d’écrire une gigantesque comédie musicale basée sur le thème de l’amour. Désireux de prouver au monde entier son talent de songwriter, il se prend alors d’écrire 100 chansons d’amours. Devant l’ampleur de la tâche il s’arrêtera au chiffre symbolique de 69 morceaux rassemblés en un triple album. Ce qui n’aurait pu être que le regroupement disparate et incohérent de pastiches foutraques va s’avérer pourtant un formidable vivier de la musique anglo-américaine piochant dans tous les styles : country, jazz, folk, électro, new wave, pop de chambre... Certes on n’échappe pas ici ou là à quelques morceaux de remplissage à l’intérêt limité (Experimental Love Music, Punk Love...) mais 69 Love Songs renferme surtout pléthore de chansons épatantes touchées par un songwriting en état de grâce. The Luckiest Guy On The Lower East Side est sans aucun doute l’une des plus belles chansons jamais écrites sur les prémices de l’adolescence tandis que Yeah ! Oh Yeah ! chanté à deux avec Claudia Gonson, la percussionniste du groupe, s’avère être un superbe exercice spectorien aux paroles subtilement vachardes. Conscient des limites de sa voix de basse qui peut devenir quelque peu monotone sur la longueur, non sans parvenir pour autant à quelques fulgurances (la magnifique ballade I Don’t Believe In The Sun), Stephin Merritt a eu ainsi le bon goût de déléguer pour la première fois quelques parties vocales aux autres membres du groupe ainsi qu’à quelques invités extérieurs comme LD Beghtol (du groupe LD & The New Criticism) responsable de All My Little Words, dont les paroles à la simplicité touchante mettent en lumière les talents de parolier de Merritt, capable de virer à l’humour potache quelques minutes plus tard en chantant que « son coeur continue à courir comme un poulet à qui on a coupé la tête... » (A Chicken With Its Head Cut Off).
69 Love Songs se révèle ainsi d’une ressource inépuisable, subtil miroir du sentiment amoureux et des états d’âme qui en découlent, du plus euphorisant au plus désespéré. Encore aujourd’hui on n’a pas fini d’en faire le tour, d’en extraire des paroles qui renvoient à notre propre vécu mais aussi d’y dénicher toutes les petites influences revendiquées que Merritt s’est amusé à glisser ici ou là, de Jonathan Richman (I Think I Need A New Heart) à OMD (Let’s Pretend We’re Bunny Rabbit) en passant par Paul Simon (World Love) ou The Jesus And Mary Chain (When My Boy Walks Down The Street qui préfigure déjà les dérives bruitistes de Distorsion ). L’entreprise aurait pu se révéler une oeuvre grandiloquente, prête à rejoindre le rang des concept albums indigestes des années 70, il n’en sera rien. La faute à un esthétisme lo-fi qui réfute tout modèle de production et met en lumière par là-même la force des compositions de Stephin Merritt, lequel fait appel au passage à une variété d’instruments impressionnante, listée dans le livret qui accompagne l’album.
69 Love Songs n’est pas une oeuvre musicale comme les autres. Elle ne s’écoute pas d’une traite. On y revient toujours par intermittence, comme on se replonge dans des vieilles photos jaunies, avec l’espoir d’y retrouver un certain réconfort et des repères émotionnels perdus, tout simplement la marque des grands disques.
Aurélien
22. Tom Waits - Rain Dogs (US - 1985)
Deuxième d’une trilogie comprenant aussi Swordfishtrombones et Franks Wild Years, Rain Dogs poursuit la métamorphose du crooner Tom Waits en épouvantail burtonien, taulier d’une casse musicale où l’on broie les instruments, malaxe les genres et concasse les mélodies. C’est l’époque où Waits trouve sa voix, ce croassement culotté au bourbon et consciencieusement enfumé dans d’improbables gargotes à marins, charriant plus de gravier qu’un raz-de-marée dans un jardin japonais. Tout y passe : blues maléfique (Big Black Mariah), fête foraine branlante, polka de fin du monde, valse déglinguée, jazz gangster, funérailles New Orleans grand style, et toujours cette chienne de guitare en ribote... Ponctué de percussions fantomatiques (Clap Hands) et de piano dissonant, bricolé et rapetassé dans les coins (Jockey Full of Bourbon rythmé par des claquements d’origine incertaine), ce catalogue de clébards paumés vous prend par surprise avec ses ballades fulgurantes, ma préférence allant depuis toujours au désespoir sublime de Tango ’til They’re Sore. "Let me fall out of the window with confetti in my hair... Send me off to bed for evermore." Ça sonne comme un testament, c’est un acte de naissance.
Jediroller
Quelques mois après la sortie d’un EP fait maison, édité chez Heavenly Recordings, un jeune musicien multi-instrumentiste va faire son apparition dans le paysage musical anglais. Apprécié et soutenu par la presse de son pays mais également par la presse européenne, Here Be Monsters, premier album de Ed Harcourt, bénéficie de l’appui de deux noms pas vraiment des plus méconnus : les producteurs Gil Norton (Echo And The Bunnymen, Pixies, Counting Crows...) et Tim Holmes (moitié de Death In Vegas). C’est entourée d’une pléiade de musiciens de multiples horizons que la voix de Ed Harcourt jongle entre ballades, sonorités jazzy, en passant par les envolées cacophoniques de l’excellent Beneath The Heart Of Darkness, certainement l’un des titres les plus marquants, que ce soit par sa longueur ou sa diversité. Beaucoup de choses à raconter sur cet album, beaucoup trop pour en parler dans ce court article. Alors parlons de son auteur. Parlons du parcours de ce jeune musicien, aujourd’hui marié avec sa violoniste Gita Langley, dont le plus grand loisir consiste à aller donner de son talent dans de multiples projets musicaux, qu’il s’agisse de s’enfermer en studio avec le cowboy texan Josh Pearson (Lift To Experience), enregistrer et tourner avec le trompettiste Erik Truffaz, participer à une compilation de ballades pirates, prêter sa voix à de nombreux artistes tels que Nada Surf, Seafood, Ron Sexsmith, The Brian Jonestown Massacre, ou tout simplement accompagner les enregistrements des Langley Sisters (dont vous devinerez le lien avec notre ami Ed). Malgré toutes ces activités parallèles, l’auteur de From Every Sphere et The Beautiful Lie (lire notre chronique) n’en délaisse pas pour autant son travail solo, puisqu’il a été chargé de composer la musique de la suite du film Donnie Darko.
Infatigable, on vous dit !
Aubry
21. Grandaddy - The Sophtware Slump (US - 2000)
Certaines personnes ont pensé que Grandaddy aurait dû se séparer après The Sophtware Slump, un sommet qu’il était difficile d’atteindre de nouveau. Et pourtant, les sorties suivantes ( Sumday en premier lieu) n’étaient pas loin de s’approcher des mêmes hauteurs même s’il est vrai que leurs ascensions toujours aussi agréables étaient peut-être moins surprenantes. Mais si l’on appréciait toujours autant de retrouver la compagnie de ces incroyables barbus californiens, aujourd’hui le groupe a préféré arrêter l’aventure et la déception est encore présente. Il vaut mieux ne pas penser à ce qu’il en aurait été si le groupe, las du manque de reconnaissance, avait décidé de tout envoyer balader à la suite de ce deuxième album racontant l’histoire émouvante de Jed the Humanoid qui reste encore dans de nombreuses mémoires, comme l’atteste cette position dans ce classement. Mieux vaut ne pas imaginer.
Revenons un peu à The Sophtware Slump. Naviguant entre pop et folk-rock, la bande de Modesto a composé sur celui-ci des chansons atemporelles, faites de bric et de broc, avec des guitares au son lo-fi, des claviers vintage, des bidouillages électroniques à la fois modernes et désuets. Inventives, attachantes et généreuses, les mélodies du groupe confirment tout le talent de Grandaddy révélé trois ans plus tôt par Under The Western Freeway. A travers ses douces rêveries mélancoliques (He’s Simple, He’s Dumb, He’s The Pilot) et ses ballades bucoliques plus enlevées (le single The Crystal Lake, cf. la vidéo ci-dessous), cet album pose en guise de fil directeur cette question sur la place importante de la technologie dans une société qui craignait le bug de l’an 2000, une question essentielle et peut-être un peu naïve. Mais au delà de cette thématique qui l’a souvent rapproché du OK Computer de Radiohead, ce concept album se montre véritablement touchant, tout en justesse et en retenue, avec des comptines improbables et formidables chantées sincèrement par Jason Lytle avec un timbre de voix toujours aussi proche de Neil Young que l’on espère entendre de nouveau et bientôt.
Darko
Deux albums à peine distribués de ce côté de l’Atlantique, le groupe de Louisville, Kentucky n’a pas atteint jusqu’ici le succès qui l’attendra à la sortie de son troisième album : It Still Moves. Sûrement fortement aidé par un fanatisme avoué de Dave Grohl et (par conséquent ?) celui du très renommé magazine anglais NME, l’album aura au moins eu le mérite de faire connaître le nom de My Morning Jacket en Europe.
Premier album du groupe après sa signature chez ATO Records, il se démarque assez nettement de ses deux prédécesseurs. En effet, la bande de Jim James a dégainé (entre autres) Flying V, Les Paul et Pedal Steels pour 13 titres bien plus entraînants, à l’image de Mahgeetah, 5 minutes 56, et pourtant l’un des titres les plus courts de l’album. Le groupe n’a pas pour autant délaissé ses guitares acoustiques et mélodies influencées par la folk et la country très chère à son état d’origine, comme le soulignent Dancefloors, I Will Sing You Songs ou la très planante Golden, et ses grandes montées vocales. Le titre qui aura fait parler du groupe restera certainement One Big Holiday, chanson interminable où les guitaristes Jim James et Johnny Quaid se passent la main sur la rythmique des infatigables Patrick Hallahan et Two Tone Tommy (sosie du même Dave Grohl, soit dit en passant).
S’en suivront une série de concerts bien remplis dans leur pays natal, des tournées dans le monde, une apparition dans le film Elizabethtown de Cameron Crowe, mais aussi le départ de Johnny Quaid et Danny Cash, respectivement guitariste et claviériste de la formation.
L’arrivée de Carl Broemel et Bo Koster au sein du groupe marquera ensuite un nouveau changement musical pour My Morning Jacket, donnant naissance au terrifiant Z ...
Aubry
Un dossier en 10 épisodes : part. 1 - part. 2 - part. 3 - part. 4 - part. 5 - part. 6 - part. 7 - part. 8 - part. 9 - part. 10
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