Monument de tension pré-apocalyptique et de mélancolie de fin de monde avec ses incursions ambient ou même trip-hop (Against The Grain) aériennes et anxieuses, End Titles... Stories For Film, toujours dominé par un rock à la fois synthétique et organique, atmosphérique et lyrique, lorgnant sur le post-punk et la new-wave, se pose en faux petit frère de War Stories. Petit en apparence car y figure la reprise vocale d’un instrumental de l’album précédent, au demeurant tout aussi réussie que l’originale (Chemical, interprété ici par Josh Homme des Queens Of The Stone Age déjà présent sur les deux opus précédents d’UNKLE), un certains nombre de morceaux composés pour le documentaire de 2007 Odyssey in Rome sur le tournage du film d’Abel Ferrara, Mary (le cinéaste new-yorkais officie d’ailleurs au chant sur le folky Open Up Your Eyes) et trois autres déjà présents sur la compilation de remixes et de raretés More Stories, paru en janvier dernier uniquement en Australie et au Japon. Mais grand en vérité, ne serait-ce que par sa construction emboîtée dont les transitions éthérées et autres instrumentaux orchestraux particulièrement cinématiques viennent rappeler qu’UNKLE fut l’auteur il y a tout juste dix ans de l’un des concepts albums narratifs les plus brillants et passionnants de l’histoire de la musique, l’inépuisable Psyence Fiction. .

Et prouver s’il était besoin après les excellents Never, Never, Land et War Stories que le visionnaire James Lavelle, patron du label Mo’Wax qui vit les débuts de l’abstract et tête pensante de cette formation à géométrie variable (à part lui le seul membre officiel est désormais le nouveau venu Pablo Clements du groupe The Psychonauts suite à la défection de Richard File en début d’année, parti s’occuper de son nouveau groupe We Fell To Earth), entouré ici encore d’un casting de choix à la musique et surtout au chant (Amber Webber et Stephen McBean de Black Mountain sur le superbe Clouds, Josh Homme donc et son copain producteur Chris Goss, l’habitué Gavin Clark du trio anglais Clayhill, Joel Cadbury de South déjà croisé à deux reprises sur Never, Never, Land, James Petralli du trio garage-rock ricain White Denim ou encore l’anglaise Melinda Gareh le temps du court intermède Even Balance) parvient toujours aussi bien sans l’aide de son ancien poulain DJ Shadow à mettre en musique de façon certes plus classique mais de plus en plus aboutie au fil des années ses visions pessimistes, inquiètes et paradoxalement humanistes d’un futur qui n’a jamais semblé aussi actuel. L’album idéal en somme pour ceux qui trouvaient jusqu’ici cet été 2008 un peu trop léger.