Après l’électro/soul/rock de The Antidote , qui avait quelque peu surpris à défaut d’emballer, ce sixième album des frères Godfrey et deuxième sans Skye Edwards (ce qui relève toujours de la même gageure) constitue néanmoins une sorte de retour aux sources pour Morcheeba.

Pop down-tempo easy-listening et mélancolique nourrie au hip-hop, à la folk, à la "world music" et au groove de la musique noire des années 70, la recette est bien celle des premiers albums du duo anglais (originaire de Bristol et aujourd’hui basé à Londres), mais sans le timbre unique de Skye pour la transcender on est bien loin de Who Can You Trust ? et Big Calm , voire même de Charango .

La chanteuse de The Andidote , Daisy Martey, a entre-temps été débarquée au profit de multiples featurings, recontrés pour la plupart via myspace et qui ont tous participé à l’écriture des morceaux chantés : la londonienne Judy Tzuke, dans un registre proche de Skye Edwards, parvient à sauver les meubles (notamment sur le premier single Enjoy The Ride), tandis que Manda, qui paradoxalement s’en sort avec les honneurs lorsqu’elle chante en anglais (notamment sur le charmant Gained The World), trébuche sur son français maternel trop lissé et fait tomber Au Dela dans la FM, la limite étant aujourd’hui plus mince que jamais pour Morcheeba. Thomas Dybdhal, quant à lui, assure de sa voix de crooner pop sur les morceaux les plus folky de l’album. Enfin, Cool Calm Pete vient rappeler sur l’excellent One Love Karma que les auteurs de The Sea ont été parmi les premiers à faire écouter du hip-hop aux bobos, ce qui entre nous n’a pas la moindre importance mais il fallait tout de même le souligner.

Les frères Godfrey, toutefois, ne seront jamais meilleur ici que sur les instrumentaux, métissages de folk, d’électro et de hip-hop aux accents parfois psychédéliques, comme sur Hemphasis ou encore sur le sombre The Ledge Beyond The Edge final, lequel rappelerait presque avec son couplet hip-hop lourd de menace le UNKLE de la grande époque de Psyence Fiction .

Album un peu fourre-tout, pas désagréable sans être transcendant, Dive Deep ménage donc tout de même quelques beaux moments. Pour du Morcheeba diminué d’une voix d’exception, on n’en demandait pas davantage.