Flexa Lyndo - Slow Club
Avec un nom comme le leur, on a vite fait de comprendre leur belgitude profonde... et comme on adore nos amis d’outre-quiévrain, ici au Mag, notre sang n’a fait qu’un tour !
1. Slow Club
2. Grand Jumble Army
3. Cleo
4. Lo
5. Bang on the Motorcade
6. Love the Bomb
7. Beyond the Satellites
8. Get down to work
9. Bad Film Outtake
10. The things you wanna have (but you don’t have it)
11. Europe Slump
12. Lo (Live in Namur)
13. Cleo (Live in Namur)
14. Love Forever Knows (Live in Namur)
Pour couper court à toutes questions : Non, il ne sera pas question dans cet article de comparaison avec dEUS. Voilà, c’est dit. Bien que les deux groupes jouent très exactement sur le même terrain, c’est à dire : l’insaississable rock belge et ce phrasé si special qui fait qu’on trouve toujours une ressemblance entre Mintzkov, dEUS, Soulwax, Sharko, Ghinzu et autres groupes à noms improbables.
Ici, sur ce troisième album d’une efficacité à couper le souffle (Inutile de tourner autour du pot, oui, c’est une grande réussite), le groupe tente de marier avec le plus grand bonheur quelques influences qu’on sent bien venir du label Morr par exemple (les petits synthés au son cristallin qu’on retrouve tout du long derrière les mélodies et en particulier sur Bang on the Motorcade, le "faux départ", le chant candide, la guitare simpliste et les élucubrations electronica de Beyond the Satellites qui n’en finit pas de monter entre percussions synthétiques et boucles de guitares interminables...) et le choc frontal à base d’empilages de nappes sonores qui ne sont pas sans rappeler parfois... ha non, on a dit qu’on n’en parlerait pas (Beyond the Satellites, encore). On n’est pas loin de la magnificence qu’on avait déjà croisée chez les américains de Via Satellite, dans cette sorte de digne descendant d’une pop qui aurait appris la sobriété comme effet ultime (Get down to work) et plus redoutable que tous les gros trucs de production, et qui en même temps aurait puisé chez Soulwax et autres sorciers de l’électronique quelques trucs rudement modernes et surprenants (la guitare hachée dans Love the Bomb et ses choeurs enchanteurs...)
Dès l’entrée en matière, façon présentation de spectacle avec maître de cérémonie, l’ambiance est en place : On aura bien droit à ces éclairs de mélodies simples mais monstrueusement efficaces, à ces montées en puissance que directement, après un début simple, Grand Jumble Army nous assène. Et il y a aussi les petits bijoux comme Cleo, qu’on retiendra sans souci et qu’on fredonnera toute la journée... Les morceaux, d’une apparente simplicité bien trompeuse, se développent pernicieusement dans une luxuriance de nappes de guiatres acoustiques, électriques, de synthés, de petites notes lumineuses, de boucles, de passages au développement calculé et progressif (The Things you Wanna Have... digne d’un Ghinzu en pleine forme)... le genre de détails qui résiste merveilleusement bien aux écoutes répétitives. On terminera le voyage sur le piano et la guitare de Europe Slump, aux accents de King Creosote belge, planant allègrement entre beauté étherée et mélancolie jusqu’à l’entrée en matière de cette guitare, si... oh, et puis écoutez-le, vous verrez bien !
L’album se clôt sur un petit cadeau fort sympathique en la matière de trois titres enregistrés au Théâtre Royal de Namur, prouvant si besoin était que le groupe est aussi à l’aise sur scène que sur disque, et qu’il ne s’agit pas là d’un patient travail de rats de studio, mais bel et bien d’une dynamique reproductible en live...
Mais alors, d’où sort cette nouvelle sensation belge ?
(Photo : Laurent Poma)
Flexa Lyndo, apprend on, est un trio originaire de Namur qui existe depuis 1999 et s’est focalisé pour ce nouvel album sur un line-up comprenant, outre les trois membres fondateurs (loic b.o., Gaël et Gaëtan L.), Marie V (de Smog88, qui enrichit le disque de ses choeurs charmants...), Olivier S de Sweek et Sam* de Carte Postale. On y croise également Rodolphe Coster, Nya (un collaborateur d’Erik Truffaz), Gilles Martin (producteur de dEUS, Dominique A et Girls in Hawaii, tiens, comme par hasard)... enfin, bref, du beau monde et beaucoup de pistes à creuser...
Que dire de plus de ce Slow Club, si ce n’est que ce mélange détonnant de sonorités electro "à l’allemande" (entendez par là façon Ulrich Schnauss, Manual, Isan, Ms. John Soda...) cachées derrière un emballage pop à guitares acérées et voix douce ne pourra qu’enchanter vos nuits d’hiver qui s’annoncent bien longues ?
Ben, rien. On ne dira rien de plus. Sauf que l’on tient là un des meilleurs albums pop du moment. Capable sans rougir de rivaliser avec ses pairs plus célèbres. Vous savez, ceux dont on ne peut pas dire le nom ici et qui nous avaient déjà estomaqués avec une révolution de poche monstrueuse. Hé bien, ils n’ont qu’à bien se tenir.
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