Voilà près de 10 ans que le groupe californien Pinback revient à intervalle régulier (soit tout les trois ans environ) pour distiller sa pop mélodique singulière, reconnaissable entre mille. Quatrième album du groupe, Autumn Of The Seraphs ne déroge pas à la règle et creuse inlassablement le même sillon que ses prédécesseurs. Pinback est un des rares groupes actuels à pouvoir se targuer d’avoir une patte unique, caractérisée par cette pop essentiellement rythmique, aux harmonies vocales élaborées et à la production minimaliste qui les rapproche dans l’esprit d’un groupe comme les Young Marble Giants mais des Young Marble Giants qui auraient troqué la grisaille de Cardiff pour le soleil des plages californiennes, la raideur du post-punk pour la souplesse mélodique de la pop.

Rob Crow et Zach Smith, compositeurs du groupe, sont avant tout deux formidables instrumentistes, capables de tisser des trames mélodiques complexes au service de chansons à tiroirs faisant toutes office de perles d’inventivité. Passé le surprenant premier titre From Nothing To Nowhere qui semble durcir le ton et accélérer le propos, on retrouve les mêmes recettes qui font l’originalité de la musique du groupe : ces lignes de basses accrocheuses, ces guitares rythmiques saccadées, tout juste troublées ici ou là par quelques lignes de piano évanescent (How We Breathe, Walters) ou un gimmick électro (le sublime Good To Sea). L’intro lourde de Off By 50, morceau qui clôture l’album, met en lumière une autre source d’inspiration moins évidente de Pinback, plus proche du métal duquel le groupe se réapproprie la lourdeur rythmique. Voilà tout le paradoxe d’un groupe fascinant capable de plaire autant aux fans d’emo que de rock indé.