Sans frontière, l’écurie Cœur Sur Toi ne semble avoir que le bon goût comme boussole. En atteste son avant-dernière sortie, le premier EP de ZLEW, nouveau venu dans la galaxie marseillaise.

Et c’est peu dire que l’irruption du projet du musicien parisien est remarquée. Est-ce étonnant, lorsque l’on sait qu’il n’en a gardé que le meilleur ? Poncés trois ans durant sur les scènes hexagonales, les six titres qui composent Night Ball résultent d’une sélection quasi darwinienne au sein d’un corpus pourtant fourni. L’ensemble dessine une fresque nocturne qui, malgré sa brièveté, prend des allures d’odyssée de poche aux ambiances electro. 

Magnifiquement produit, Night Ball déroule une première partie instrumentale au cours de laquelle ZLEW cultive les paradoxes. Les basses hostiles de Crash se fondent dans la mélancolie de ses claviers tandis que des synthétiseurs poledouriens s’oxydent au contact de distorsions noisy sur l’ouverture Night liepvre. Le cœur de l’album ménage une belle place aux vocaux qui apparaissent sur trois titres et viennent vernir la carlingue chromée de cet hybride musical croisant avec lenteur sur les routes de la nuit. Let me out braconne en terres disco bruitistes et l’élégiaque From afar clôt l’album sur une aube cotonneuse où la nostalgie des lendemains de fêtes percute le souvenir des excès de la nuit.

Surtout, il y a le point culminant de Night Ball , son climax, ce Path au cours duquel la fête semble battre son plein. Rythmique martiale, voix new wave et mélodie envoûtante, ce titre est un tube imparable qui enrobe de crédibilité underground une partition vouée à enflammer autant les stades que les dancefloors. Contrepoints idéaux aux envolées lyriques, les accords menaçants et les notes de piano mélancoliques rappellent que la nuit est le royaume de l’insaisissable et du mélange des genres. Mené dans un lent crescendo qui culmine avec l’irruption de la voix, Path célèbre l’alliance de Justice et de Jemek Jemowit, de CSS et Nine Inch Nails. Références que l’EP tout entier pourrait reprendre à son compte et auxquelles il serait pertinent d’adjoindre les noms de PVA et Working Men’s Club. 

De l’aveu même de son auteur, Night Ball achève un premier cycle. ZLEW a entamé sa mue et travaille déjà sur la suite. Celle-ci promet d’être plus organique, encore davantage portée sur le format live. D’ici là, on peut toujours réécouter Night Ball en boucle. En digital ou en cassette, et à un prix si accessible que l’on pourrait le qualifier de militant.