Koichi Shimizu - Imprint
1. Evenfall
2. Moth
3. Imprint
4. Faded Sign
5. The Path
6. Cogwheels
7. Nocturnal Gravity
8. Distance of Decades
Sortie le : 13 mai 2024
On peut penser ce que l’on veut du très (sur ?)coté cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, juger ses films célébrés en festivals depuis une vingtaine d’années déjà d’une lenteur chichiteuse et d’une étrangeté factice à mille lieues de ses modèles Tsai Ming-liang et David Lynch, mais ce qui est certain c’est qu’une grande partie de sa singularité, heureusement pas toujours totalement ostentatoire, vient du background sonore de ses longs-métrages, oeuvre pour partie du musicien ambient nippon Koichi Shimizu.
Dès lors, on aurait presque envie de se demander pourquoi le compositeur et sound designer, dont on peut entendre les travaux dans "Syndromes And A Century", dans l’installation "Fever Room" ou encore dans le pénible mais adulé "Memoria" qui lui doit son fameux "bang" tant commenté, semble passer totalement inaperçu en ce qui concerne la sortie ces jours-ci, 9 ans après le précédent Otolary, de son 2e album solo Imprint, au point qu’aucune chronique ne soit passée sous nos radars... mais ce serait un peu vite oublier que l’ambient, aujourd’hui, a probablement davantage d’auditeurs involontaires sur le grand ou le petit écran que de véritables aficionados sur disques, comme on ne cesse de le déplorer en ces pages.
Revenons donc à Imprint, où le musicien originaire de Yamanashi gagne pourtant en consistance et en puissance contrastée. Qu’il y mêle acoustique baroque à la lisière du classical ambient et percus à la tension sourde (Evenfall, Faded Sign), déstructurations bruitistes au foisonnement organique et drones magnétiques (Moth évoquant pourquoi pas le grâce chaotique d’un papillon s’extrayant de son cocon, Cogwheels, Nocturnal Gravity), ou pulsations sismiques et stridences électroniques (Imprint, Distance of Decades), le Japonais s’y fait le vecteur du genre de vibrations mutantes en perpétuelle érosion qu’ont pu nous faire ressentir des sculpteurs de matière sonore du calibre de Valgeir Sigurðsson, Matthew Collings, Terminal Sound System, Roly Porter, Abul Mogard ou Dag Rosenqvist, voire plus récemment Aho Ssan chez nous - autant de pourvoyeurs de soundscapes à la fois massifs et fragiles, cinématographiques et abstraits, majestueux et tourmentés face auxquels Koichi Shimizu n’a absolument pas à rougir, c’est dire à quel point cet album, entre déluges texturés et hynotisme halluciné (The Path), s’impose d’emblée en l’espace de quelques écoutes comme un indispensable du genre cette année.
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