Comme avec les précédents albums solo de Beans, en particulier ceux sortis sur l’excellent label clermontois Hello.L.A. ces dernières années (on parlait ici de l’immense Ace Balthazar, là de Venga), ZWAARD ne manquera pas de diviser les amateurs de hip-hop même le plus jusqu’auboutiste et radical, probablement plus encore tant les productions de Vladislav Delay, dans la continuité de ses derniers opus à la fois maximalistes, véloces et régressifs en tant que Ripatti (Speed Demon par exemple), déploient pour les courants de conscience en flux tendu du rappeur américain des écrins post-techno épileptiques jusqu’au mal de tête, un peu comme du Thavius Beck sous... speed (comme s’il n’était déjà pas suffisamment agité lui-même), mélant kicks et claps en cascades, synthés distordus, percussions d’objets (on retrouve même la fameuse balle de ping-pong sur ZWAARD 3), loops de voix pitchées et autres joyeusetés azimutées.

Un degré d’abstraction encore supérieur au hip-hop du turfu de ses Antipop Consortium en leur temps, dont le line-up reparaît d’ailleurs sur un ZWAARD_OVER plus downtempo et particulièrement dystopique (on en profite pour conseiller, dans une veine tout aussi avant-gardiste et barrée mais plus décontractée, la nouvelle Error tape du compère M.Sayyid sortie presque en même temps le mois dernier). Car l’album se calme tout de même un peu ici et là, à l’image de ce ZWAARD 12 mi-percussif mi-planant et presque rétrofuturiste avec ses sonorités à la croisée des Pet Shop Boys circa 1990 et d’un soundtrack hong-kongais des années 80, de quoi faire passer la pilule de cette énergie presque épuisante et plus si affinités, car pour nous, en dépit d’une petite faute de goût (cf. la trance datée de ZWAARD 13), l’album finira très probablement tout en haut des sorties rap de ce cru 2024.