Weather for Vultures - s/t

1. 1010 intro
2. backstory
3. foxtrot lonesome
4. serenade
5. jericho
6. worship
7. oh well
8. kite’s interlude
9. so nostalgic
10. weathervane
11. signs of damage
12. chev
13. slow jam II
14. ferrari (feat. Bishop I)
15. hunter’s maze

2023 - Autoproduction

Sortie le : 10 octobre 2023

Les deux pieds dans le ca(ni)veau du rap underground

On avait laissé pWrecks, fidèle complice ricain de notre Noventa national, sur un remarquable Apricot Preserves en 2021, parfait spécimen de rap lo-fi du caveau, bien froid et hanté, à la Jakprogresso qui figurait d’ailleurs parmi les producteurs du disque. Deux ans plus tard, on atterrit : cela fait déjà plus d’une année et une poignée de sorties que le MC de Seattle a troqué son pseudo historique contre un autre, celui de Vulture Lung, et même plus d’un puisque qu’on le retrouve souvent lui-même au mixage/mastering et/ou aux beats sous le nom de CLUNҰ. Une schizophrénie peut-être encore à l’oeuvre avec l’album éponyme de Weather for Vultures qui nous occupe ici puisque la production en serait confiée à un certain Weather for Kites, inconnu des internets : sachant par ailleurs que pWrecks se fit appeler un temps Storms With Windows, on peut tout imaginer...

Quoiqu’il en soit, le titre ne ment pas et les vautours sont de sortie, on est encore ici dans un boom-bap funeste et désincarné au rap neurasthénique (slow jam II), sur des instrus crépitants et tristounets (backstory, weathervane) voire carrément dark et caverneux (foxtrot lonesome), une trademark qui parvient néanmoins à surprendre en s’attaquant ouvertement à la trap, présentement désossée, ralentie et réduite à son plus simple appareil rythmique (serenade, so nostalgic) ou confrontée à un spleen mélodique qui lui était jusqu’ici étranger (jericho, worship), lequel a davantage à voir quelque part avec une certaine scène britannique, celle des Cult of the Damned et autre Jam Baxter (cf. les vénéneux oh well et signs of damage). Et lorsqu’un piano gondolé entre dans la danse (chev, hunter’s maze), on n’est pas loin non plus de la clique à 7rinth ou Ishiban Hashface et de leur insondable mélancolie, si rare dans le hip-hop d’aujourd’hui, ou même de celle d’un Pruven sur le mystique et tintinnabulant ferrari.

En bref, c’est beau, ça sent les 90s du caniveau (pourquoi pas celui des premiers Sixtoo par exemple) autant qu’un underground de plus en plus marginalisé ces dernières années par le mainstream décérébré que l’on connaît et ses codes plus formatés que jamais, c’est dire si l’écoute de ce disque prend vite les allures d’un acte de résistance autant que de bon goût - en dépit de sa pochette assez informe - que l’on ne peut qu’encourager chez tout amateur de musiques plombées qui se respecte.


( RabbitInYourHeadlights )


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