Un an tout juste après l’excellent EP Leo dont on vous parlait par ici (en #10), l’ex Lab Waste et pape du hip-hop versant glitch dopé à l’electronica épileptique est de retour en long format, et pas n’importe lequel : la première partie d’une série, sur laquelle on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’elle est sans titre, et a priori dédiée aux compositions instrumentales du New-Yorkais d’adoption.

Exit le flow donc mais pas la propension hymnique de l’EP ou de Technol O.G., que le beatmaker originaire de Minneapolis (qu’il quitta pour devenir pilier de la scène expérimentale californienne au tournant des années 90/2000) démultiplie d’emblée ici sur Produce à coups de beats profonds, de samples vocaux malmenés et de bribes de mélodie orientale. Pour autant, Untitled vol. 1 renoue aussi avec une autre facette du rappeur/producteur qui commençait à nous manquer, l’abstract crépusculaire et downtempo du fabuleux Decomposition de 2004 (Tense Tracker), dont les atmosphères cinématographiques lorgnent volontiers sur un certain trip-hop de qualité, celui des Earthling et autre Red Snapper des débuts (Mighty Strokes of War).

Tantôt minimaliste et fiévreuse (LA County Chop), lascive et syncopée (Eyaah Eyaah), ailleurs polyrythmique et cristalline dans la mouvance de l’IDM des grandes heures du label Warp (Between The Fights), qu’il citait sur Dialogue par le biais de synthés évoquant Boards of Canada, ou réminiscente du hip-hop old school qui l’a probablement nourrie (Get Dumb), la musique de Thavius Beck apparaît ici plus irréductible que jamais, et n’a rien perdu de son urgence et de sa vitalité. Un coup d’envoi aux allures de coup de maître.