Top albums - janvier 2021
Isolés, frappés par surprise par l’hiver et toujours privés de concerts, quelle meilleure occasion pour réchauffer nos palpitants en communiant à distance autour d’une poignée d’albums oubliés des grands médias ? Et ça tombe bien, comme à l’accoutumée cette première sélection collégiale de l’année est riche en disques n’ayant pas su s’adjuger les faveurs des influenceurs de la sphère musicale, plutôt bon signe en ces temps de consommation prémâchée.
Nos albums de janvier
1. Eddie Palmer - Dreams About Terrors and Travels
Ça n’est pas la première fois que le New-Yorkais Eddie Palmer, qui nous avait déjà régalés il y a quelques années avec le sampling aux atmosphères pétries de mystère du projet Studio Noir qui portait bien son nom, s’échappe de The Fucked Up Beat, Cloudwarmer ou autre Vietnam II pour nous proposer un disque en solo. Cette fois néanmoins, on comprend dès la lecture du titre que l’on a affaire à une prolongation de certains travaux plus ambient et mélancoliques des premiers, privilégiant piano, arpeggiators, instruments digitaux et samples orchestraux tout en conservant juste ce qu’il faut de la dimension sombrement hypnotique d’un Fucked Up Beat revenu d’entre les morts l’an dernier (Cigarettes With Lana Del Rey, We Own North London, We Won The Audi Cup), une belle place dans notre bilan de novembre à la clé, de la paranoïa qu’évoquent souvent ses titres de morceaux à l’humour cathartique souvent en décalage avec la teneur de leur contenu (cf. l’intrigant et tristounet A Fast and Easy Way To Die On Zoom) et surtout cet aspect, hors du temps, de rêve d’un avenir effacé de la chronologie, entre rétrofuturisme (What If God Was A Cyberpunk) et introspection (Hipster Rock). Disque hypnagogique par excellence, Dreams About Terrors and Travels ne ressemble pourtant tout à fait qu’à lui-même, évoquant autant la pureté du spleen de la grande époque de Joe Hisaishi (I Didn’t Think It Would Work And It Didn’t) qu’une ambient nébuleuse, impressionniste et toute en sensations (An Illustrated Guide To Noam Chomsky) ou même par moments les boucles cristallines et un brin surannées de Studio Noir (Maybe You Should Talk To Someone), s’imposant rapidement comme une sorte d’album-somme, parfaite porte d’entrée sur l’univers de l’un des musiciens les plus créatifs, touchants et passionnants de ces 10 dernières années.
(Rabbit)
2. Hus Kingpin - Portishus
Moitié de Tha Connection, Hus Kingpin a depuis fait un sacré bout de chemin que ce soit en solo ou en tant qu’invité sur les disques des autres. Sans doute pourra-t-il bénéficier d’une reconnaissance accrue après ce Portishus et peu importe s’il aura fallu pour cela effectuer un clin d’oeil appuyé aux Bristoliens de Portishead dont il sample notamment - avec malice et efficacité - le Undenied sur un titre nommé... Beth Gibbons. Ce tour de passe-passe permettra probablement à l’Américain basé sur la côte Est de n’être plus seulement écouté par des fans de hip-hop. Clairement, nous ne pourrons pas le lui reprocher tant ce mélangeur établissant ses productions à partir de samples issus de registres variés ne pourrait être réduit à un public limité. Portishus brasse large, avec élégance, puissance et justesse, pour se présenter comme l’un des disques de hip-hop les plus aboutis du moment, sans se préoccuper de quelconques frontières. Addictif et décapant.
(Elnorton)
3. James Yorkston and The Second Hand Orchestra - The Wide, Wide River
Après une triplette d’albums réussis, entre folk et musique indienne traditionnelle, en compagnie de Suhail Yusuf Khan et Jon Thorne (dont le premier, Everything Sacred, avait fait l’objet d’une chronique dans nos pages il y a quelques années), l’Écossais James Yorkston s’est encanaillé avec l’ensemble folk baroque suédois The Second Hand Orchestra, enregistrant ce nouvel opus dans la plus grande spontanéité. En résultent 8 titres dont le dynamisme le dispute à la mélancolie, qui évoquent le flower power 60s tout en prenant la suite du superbe I Was a Cat from a Book d’il y a quelques années (The Wide, Wide River, et surtout There Is No Upside), parsemés de petits classiques instantanés d’un autre temps à l’image du bien-nommé A Very Old-Fashioned Blues.
(Rabbit)
4. The Body - I’ve Seen All I Need To See
I’ve Seen All I Need To See ... le titre sonne comme un manifeste et la volonté, non pas de revenir en arrière, mais de boucler la boucle. Exit le doom baroque et les randonnées en terres électroniques, The Body refait surface dans la crasse sombre des drones éreintants et des distorsions à l’extrême excès, qui crachent fort, très fort, même à faible volume. Se complaindre du mal-être, se complaire dans la douleur... il n’y a entre les deux qu’un pas que le duo semble s’amuser à franchir. Des quelques vers introductifs empruntés à l’auteur Douglas Dunn (au début d’un A Lament à la saccade perturbante), aux déluges permanents de masse sombre cathartique, c’est un véritable travail d’archéologie du bruit où guitares et batteries mutent en bruits blancs permanents. On croirait les moines de Sunn O))) invités à refaire la messe des chefs-d’œuvre d’où tout est parti (l’éponyme de 2004 et surtout le merveilleux All The Waters Of The Earth Turn To Blood), s’il n’y avait pas les cris si particuliers reconnaissables entre mille de Chip King pour nous rappeler où l’on se trouve vraiment... dans un état bien étourdi.
(Riton)
4. Tenshun & Bonzo - Hypnagogic Drauma
La paire révélée par le label IHAA dont ils s’affranchissent désormais échappe décidément rarement à nos bilans. Avec Hypnagogic Drauma, la "formule" reste en apparence inchangée : deux faces, un titre d’une vingtaine de minutes pour l’Américain Tenshun qui ouvre le bal et pareil de l’autre côté du miroir pour son compère ukrainien. Déluges de drums triturés et distordus comme au temps des raves underground 90s ou du Richard D James de Come to Daddy, Hypnagogic voit le premier trouver l’équilibre parfait entre son passif harsh-noiseux aux effets psyché-saturés et son intérêt relativement récent pour un beatmaking épileptique et déstructuré, le tout en mode 100% névrotique et mâtiné de quelques samples inquiétants, histoire de faire le lien avec le cauchemar éveillé qui va suivre. Car Bonzo, fidèle à lui-même, continue de véhiculer sur Drauma son obsession cathartique pour un cinéma bis horrifique et flippant, ses drums downtempo lourds et menaçants vrillés de drones ténébreux sous-tendant une utilisation des samples comme matière première pour façonner des atmosphères hantées dont la tension va crescendo et nous happe pour ne plus nous lâcher. L’un comme l’autre signent ici deux de leurs meilleurs titres sans jamais flirter avec la redite, gageure pour une œuvre aussi cohérente qui n’en finit plus de nous captiver.
(Rabbit)
6. Cyrod Iceberg - Portraits
Ce nouveau disque de Cyrod Iceberg est relativement déroutant en ce sens que, malgré un rythme de publication extrêmement soutenu, le Français parvient à se réinventer en permanence, y compris au sein du même disque. Portraits en constitue une nouvelle preuve puisque, entre post-rock électrique, psychédélisme et même un trip-hop rappelant Earthling, ce patchwork musical - la pochette en guise de clin d’oeil - maintient néanmoins quelques dénominateurs communs comme cette exigence ironique ou l’immédiateté non dénuée d’ambition des mélodies.
Hypnotique, Portraits est aussi génial que paradoxal et ce mélange d’évidence et d’étrangeté saura assurément emporter l’auditeur bien informé.
(Elnorton)
7. FOUDRE ! - Future Sabbath
On vous en parlait ici, FOUDRE ! en concert c’est une expérience à part (entière), à laquelle les sillons n’avaient jusqu’ici pas réussi à vraiment rendre justice en dépit de la science du son avérée de ses membres (Frédéric D. Oberland d’Oiseaux-Tempête, Paul Régimbeau aka Mondkopf, Romain Barbot et Grégory Buffier de Saåad et ponctuellement - mais pas ici - Christine Ott aux ondes Martenot). Avec ses longs crescendos détaillés faits de synthés analo, d’impros modulaires, de percussions mystiques, d’éclats de saxo et de mellotron, le successeur du trop frontal KAMI 神 prend le temps de développer des atmosphères qui sans avoir l’air d’y toucher finissent par mener tout naturellement à la transe sur le diptyque Black Swan Theory aux arpeggiators kosmische et beats techno. C’est ainsi de la subtile progression que la puissance naît finalement de la somme des éléments pour faire de cette méditation ésotérique sur le futur et la fatalité le meilleur album à ce jour du combo parisien.
(Rabbit)
8. Echoplain - Polaroid Malibu
Après un premier EP sec et abrasif dont on retrouve ici un titre remixé (On Her Side, qui gagne joliment en dynamique), et quelques lives impitoyables pour les tympans fragiles, le trio emmené par Emmanuel Boeuf distille enfin son noise rock marqué par le meilleur du post-hardcore 90s et par la grande époque bruyante et véhémente du Chicago d’Albini et consorts sur la durée d’un album. En compagnie de Clément Matheron, son ancien bassiste de feu Sons of Frida, et de Stéphane Vion (La Diagonale du Fou, Velocross) à la batterie, le Parisien laisse poindre quelques beaux éclats mélodiques (Hole.dare.neck, On my own) au milieu des guitares cinglantes et hachurées, de la basse tendue et des fûts martelés qui de concert suintent la frustration, l’anxiété et l’urgence de retourner se brûler les ailes à la chaleur des amplis, scandant ses brûlots sans fioriture à la croisée du spoken work, du chant et du cri sous des gerbes d’électricité aussi dissonantes que grisantes.
(Rabbit)
9. Tommy Guerrero - Sunshine Radio
Après un Road to Knowhere inspiré par l’éthio-jazz, l’afrobeat et la funk des origines, l’ex skateur qui avait officié un temps en tant que guitariste, aux côtés de Money Mark et Shawn Lee, au sein du trio Lord Newborn & The Magic Skulls livre peut-être avec Sunshine Radio son album le plus "ligne claire" et easy listening, les influences hip-hop de l’excellent No Man’s Land s’effaçant au profit d’un jazz-funk délicatement psyché et mâtiné de vibrations surf et latines, dans la lignée d’un Lifeboats and Follies ou de Perpetual en moins méditatif. Un album qui comme son nom l’indique fleure bon le retour du printemps dans la Californie des 70s fantasmée par le musicien, tout d’élégance et d’épure lumineuse, qui se fout bien d’attirer le chaland et tire justement une grande partie de son charme de cette désarmante humilité.
(Rabbit)
Les meilleurs EPs du mois
1. Grosso Gadgetto & Pink Room feat. Oddateee - WOKE
En ce moment, le Villeurbannais Grosso Gadgetto ne nous laisse jamais bien longtemps sans nouvelles. Acoquiné de nouveau, après le dronesque Eternal Cycle, avec la Lyonnaise Pink Room adepte du synthé modulaire dont on avait également apprécié l’an passé le magnétique Black Hole ainsi qu’un Transition dystopique à souhait au côté de Scorched Earth Policy Lab (dont le nouvel opus Quasar est à retrouver plus bas parmi les choix perso de la rédaction pour ce mois de janvier), c’est à un hip-hop aux beats narcotiques et aux nappes sombres et dissonantes que s’attaque cette fois le duo, avec le concours du rappeur américain Oddateee sur trois titres, flirtant naturellement avec la grande époque du noise rap de Dälek (le MC new-yorkais ayant transité par leur crew et label Deadverse), en particulier sur le sommet Timeline, et avec un contenu politiquement chargé qui référence notamment les mouvements de protestation sociale aux États-Unis. Impressionnant.
(Rabbit)
2. La Fausse Patte x Infahmuz - Demo
Partageant désormais son activité musicale entre rap et instrumentaux, La Fausse Patte avait laissé en 2020 à l’ami Branque Sinatra aka Pierre Samxao le soin de mettre en son le coolissime Le Tarot sur lequel il donnait de la voix en mode nonchalant et blasé, avec un ton assez unique que l’on retrouve sur cette Demo, première trace discographique d’une collaboration avec le producteur Infahmuz. Une petite dizaine de titres entre beats au cordeau et sampling cinématographique du côté obscur aux accents baroques et menaçants y servent d’écrin à un flow toutefois moins décontracté, qui parvient à coups d’allitérations, assonances et rimes déstabilisantes et dans un savant maniement des mots à faire passer les névroses du Bisontin, déjà aussi à l’aise dans l’exercice du storytelling allégorique que dans celui du séquençage au scalpel.
(Rabbit)
3. Leonis - Leonis x Jonwayne
N’ayons pas peur des mots, Leonis est un génie (trop) méconnu. Deux ans après avoir réinventé le I’ll Sleep When You’re Dead de El-P en créant une nouvelle instrumentation pour chacun des titres en soutien du flow du rappeur, le voici qui récidive avec un EP répétant la même démarche en compilant, cette fois, quatre morceaux partagés en 2016 par le rappeur américain Jonwayne. Chacun d’entre eux étant publié avec des versions a capella, Leonis a pu bénéficier d’une matière première intéressante pour transcender des productions initialement minimalistes en d’évidentes et puissantes missives (Jump Shot et Winks) ou des titres mélancoliques néanmoins métamorphosés (That’s Ok et Wonka). Brillant travail qui va au-delà de l’exercice de style pour proposer un contenu profond et hypnagogique.
(Elnorton)
Les bonus des rédacteurs
Le choix de Rabbit : Scorched Earth Policy Lab - QUASAR
Si je n’en ai volontairement gardé qu’un seul pour mon classement dans le but d’y caser le plus possible de mes coups de cœur d’un premier mois de l’année qui n’en a pas manqué, l’excellent Espace,Matière,Lumière aurait tout autant mérité d’être mentionné ici. Sur ces deux dernières sorties en date, le Lyonnais Thierry Arnal dont on ne présente plus aux lecteurs assidus d’IRM les multiples projets (SEPL donc, mais aussi Amantra, Hast, Fragment. ou 2W, entre autres) impressionne tout particulièrement par la paradoxale clarté d’un drone post-apocalyptique pourtant massif et lancinant, un équilibre idéal entre vibrations organiques, râles de machines malades et vortex de fréquences abyssales qui prend sur QUASAR des atours à la fois plus minimalistes et plus tranchants, culminant sur un QUASAR_02 aux grouillements carnassiers. Un tour de force en terme de production, mais toujours au service de ces atmosphères aussi malaisantes qu’accaparantes dont Scorched Earth Policy Lab a le secret.
Le choix de Elnorton : Sleaford Mods - Spare Ribs
Si nous aurons sans doute du mal à partager l’enthousiasme de la presse à l’égard de ce Spare Ribs parfois décrit comme le chef-d’œuvre de la discographie des Sleaford Mods, il n’empêche que ce dernier vient confirmer la tendance selon laquelle, depuis l’arrivée d’Andrew Fearn en 2013, le duo alterne le très bon et le médiocre avec une régularité académique. Ainsi, deux ans après un Eton Alive mi-figue mi-raisin, les Britanniques renouent avec l’inspiration, comme ils l’avaient fait en 2017 avec English Tapas. Il est encore question de nourriture sur le titre de cet album abouti, qui aligne les tubes avec une facilité déconcertante. Nudge It, Shortcummings ou le duo avec Billy Nomates intitulé Mork N Mindy figurent déjà parmi les plus grandes réussites de Sleaford Mods. Ceci étant, avec six albums, quelques EPs et une compilation de raretés en huit ans, les Sleaford Mods 2.0 ne peuvent échapper à la redite, d’autant plus que la recette qu’ils déclinent - certes avec justesse et délectation - atteint forcément ses limites malgré l’enthousiasme de Jason Williamson. Un bon album, qui aurait pu sembler encore plus percutant si le duo n’avait pas été aussi prolifique ces dernières années.
Les tops des rédacteurs
Elnorton :
1. The Notwist - Vertigo Days
2. Eddie Palmer - Dreams About Terrors and Travels
3. Hus Kingpin - Portishus
4. Sleaford Mods - Spare Ribs
5. Cyrod Iceberg - Portraits
6. James Yorkston and The Second Hand Orchestra - The Wide, Wide River
Rabbit :
1. Tenshun & Bonzo - Hypnagogic Drauma
2. The Body - I’ve Seen All I Need To See
3. Eddie Palmer - Dreams About Terrors and Travels
4. Scorched Earth Policy Lab - QUASAR
5. Cyrod Iceberg - Portraits
6. FOUDRE ! - Future Sabbath
7. James Yorkston and The Second Hand Orchestra - The Wide, Wide River
8. Echoplain - Polaroid Malibu
9. Tommy Guerrero - Sunshine Radio
10. Hus Kingpin - Portishus
Riton :
1. The Body - I’ve Seen All I Need To See
2. Tenshun & Bonzo - Hypnagogic Drauma
3. Mason Lindahl - Kissing Rosy in the Rain
4. Hus Kingpin - Portishus
5. Eddie Palmer - Dreams About Terrors and Travels
6. Echoplain - Polaroid Malibu
7. FOUDRE ! - Future Sabbath
8. Madlib feat. Kieran Hebden - Sound Ancestors
9. Tommy Guerrero - Sunshine Radio
10. James Yorkston and The Second Hand Orchestra - The Wide, Wide River
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Leonis sur IRM
Scorched Earth Policy Lab (SEPL) sur IRM - Bandcamp
Sleaford Mods sur IRM
- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- 2 Tones - No answer from Retrograd
- Spice Programmers - U.S.S.R.
- Lynn Avery & Cole Pulice - Phantasy & Reality
- CID - Central Organ for the Interests of All Dissidents - Opium EP
- Darko the Super & steel tipped dove - Darko Cheats Death
- Leaf Dog - When Sleeping Giants Wake
- Stefano Guzzetti - Marching people EP
- Leaf Dog - Anything is Possible
- youbet - Way To Be
- 2024 à la loupe : 24 EPs (+ bonus)
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- Novembre 2024 - les albums de la rédaction
- 2024 à la loupe : 24 labels
- Leaf Dog - When Sleeping Giants Wake