Place aux images, même si cette nouvelle rubrique IRM n’est pas exactement vouée à se passer de mots. Elle nous donnera en effet l’occasion de nous pencher régulièrement sur des albums laissés de côté faut de temps ou des singles annonciateurs ou non de sorties attendues.
Animée par Nick Uff, auteur du fameux clip de Portishead The Rip, on doit aux Marquises la vidéo la plus gargantuesque et intrigante de ce début d’année, à la mesure d’un single qui ne choisit pas entre techno tribale, new wave enténébrée et textures rétro-futuristes, introduction de choix pour le très attendu La Battue à paraître en avril chez Les Disques Normal :
Un soupçon de futurisme dans la continuité de son projet Malibu Ken avec Tobacco, une verve plus centrale jamais dans un écrin minimaliste à souhait et atmosphérique juste ce qu’il faut, les magnifiques portraits de personnages sur le vif croqués par le rappeur lui-même... Aesop Rock est de retour chez Rhymesayers et si l’album à venir est du même acabit ça risque d’être du bonheur :
Le duo anglais chouchou d’IRM, mis en avant dans nos bilans 2019 en attendant leur premier concert parisien le 9 avril sous la bannière Sulfure en compagnie de Will Samson, est adepte des vidéos homemade respirant la sincérité et le talent. En associant au romantisme crève-cœur du merveilleux All of a Sudden l’expressivité tourmentée de Mariuca (aka Mariuk), Northwest fait d’un simple close-up en plan fixe un moment de grâce piloérectile qui nous donne encore plus envie d’aller découvrir la chanteuse sur scène :
Les gros plans se font encore plus près des visages et sans fard chez 2kilos &More avec ces bouches qui scandent au diapason du spoken word de Black Sifichi. Seul morceau vocal du dernier chef-d’œuvre percussif et magnétique de notre groupe français préféré (on en reparlera), Decibels devrait se faire une petite place dans la tracklist que le groupe au complet interprétera le 9 avril prochain au Vent Se Lève à l’occasion d’un autre concert Sulfure :
Il y a un petit quelque chose de Tanya Donelly chez la jeune Nashvilloise. Avec ce son très 90s flirtant avec le shoegaze et son esthétique de jeu vidéo cheap aux superpositions douteuses et aux références décalées (les couteaux dans la salle de bain en clin d’œil à la scène de la douche de Psychose ?), son Bloodstream extrait de Color Theory à paraître en fin de semaine véhicule un charme certain :
On reste dans le minimaliste avec ce clip synesthétique réalisé par Orouni pour le morceau d’intro de son dernier album Partitions, qui fait la part belle à Emma Broughton au chant et Nicolas Worms aux claviers, un délicieux pianotage de pads colorés et d’harmonies au spleen délicat :
Toujours aussi Tindersticks dans l’esprit avec son clair-obscur aux arrangements feutrés, le Ghostpoet nouveau annonce un I Grow Tired But Dare Not Fall Asleep à la hauteur du Dark Days + Canapés qui l’avait précédé, introduit par un étrange pas de deux en salon entre l’ancien rappeur londonien et son doppelgänger goudronneux :
Chez Watine, l’horizon est restreint par le quotidien mais s’ouvre grâce au rêve et à l’imagination. Ce deuxième clip extrait de l’album À l’Oblique de son projet Phôs avec le mystérieux Intratextures à la musique, plus proche que jamais sur ce titre d’un post-rock au spoken word évocateur, en est l’incarnation poétique en stop motion :
L’un des quelques titres vraiment réussis du dernier Squarepusher, alliant rythmique épileptique, atmosphère délétère et rêverie futuriste, Terminal Slam est avant tout en vidéo un petit bijou de glitch urbain filmé en plein Tokyo et phagocyté par les monstrueuses déformations d’une technologie numérique omniprésente :
Aussi court que saisissant avec sa production bourdonnante à la Dälek, le dernier morceau de l’EP de YN est une véritable tuerie en version longue sur scène, à découvrir qui sait en avril au Printemps de Bourges puisque le duo lillois révélé au Sulfure Festival a brillamment été sélectionné parmi les Inouïs cette année - le "public Skyrock" du festival berrichon va en avoir pour le semestre à s’en remettre :
Encore un peu de rap pour la forme avec le clip enneigé de Boxguts et de son producteur Will Taubin, illustration très DIY comme les affectionne les New-Yorkais de l’asiatisant Ghost World, extrait de l’une des toutes meilleures sorties hip-hop de ce début d’année :
On termine sur l’ambient électrique du Bruxellois Svær et son clip stroboscopique aussi radioactif que la centrale de Fukushima un soir d’orage. C’est beau comme du Lawrence English (qui mastérise d’ailleurs l’album paru ce mois-ci sur le tout nouveau label belge Bonambi) mais on le déconseille tout de même fortement aux épileptiques :