Far Caspian - Between Days EP
Elle est là l’obsession du moment. Avec quelques mois de retard, le premier EP de Far Caspian trouve enfin sa place dans nos colonnes. Et il est grand temps puisque le nouveau single délivré par le combo de Leeds, bien que très acceptable, laisse craindre une ouverture vers des sonorités eighties qui ne leur conviennent pas aussi bien.
1. Between Days
2. Blue
3. The Place
4. Let’s Go Outside
5. Finding My Way Home
Car Between Days allie spontanéité et exigence pour offrir un contenu extrêmement rafraîchissant. Avec le recul, les Anglais le considèrent comme le reflet d’une époque où l’on se sent perdu tout en se complaisant dans cette inaction. Certes, cet EP traduit un flegmatisme certain, les guitares pleines de réverbération évoquant clairement un attrait pour un shoegaze peu brutal bien que les fûts ne soient jamais totalement préservés.
Mais l’époque veut que, contrairement au début des années 90, le consensus est de mise. Toutefois ici, celui-ci n’est pas mou et si les instrumentations sont assez rêveuses sans être tout à fait vaporeuses, les voix sont plus claires que chez leurs aînés. En conséquence, certains refuseront de voir en Far Caspian les héritiers de My Bloody Valentine pour les classer dans la catégorie des formations jouant une dream-pop qui ne fait jamais l’économie de guitares savoureuses.
A vrai dire, c’est chez certains contemporains de Far Caspian que l’on trouve le lien de parenté le plus évident, et il faudrait alors se diriger vers l’autre bout du globe pour retrouver les Californiens de Froth. Comme eux, les Britanniques ne font rien d’autre que ce qu’ils veulent et s’affranchissent de règles tout en restant dans un registre vaporeux qu’ils semblent affectionner.
Le principal tour de force de Far Caspian sur cet EP réside dans sa capacité à toujours rattraper l’auditeur à l’aide d’un bon riff au moment où ce dernier pensait qu’il allait décrocher. Le discret break aux deux tiers de The Place en est le reflet. Au cours des cinq morceaux, l’ennui ne point jamais, et ce sont même les sommets du courant qui sont atteints sur le classique instantané qu’est Blue où des boucles de guitares bien senties sont soutenues par un jeu de batterie efficace tandis que la voix de Joel Johnston ne se contente pas d’accompagner l’ensemble avec son onirisme évident, mais fait la différence à l’aide de quelques "oh" difficilement descriptibles qui relancent de plus belle la dynamique du morceau.
Qu’importe la suite que le trio décidera de donner à sa carrière, nul ne pourra leur retirer ce chef-d’oeuvre, disque de mouvement pas tout à fait poli dont la spontanéité fait la force principale. Et il sera savouré à sa juste valeur.
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